Ça chauffe avant l’heure, Combat de coqs entre bembistes et tshisekedistes

L’Avenir n°3916 mardi 20 Juillet 2010

Ça chauffe avant l’heure

Combat de coqs entre bembistes et tshisekedistes

 

Qui disait que les élections n’auront pas lieu ? Il faut être aveugle pour ne pas voir les préparatifs autour de soi. Le plus grand signe qui montre que l’on va vers la dernière ligne droite, c’est la toute première réunion du genre que le vice-ministre de l’Intérieur a eue avec les responsables de tous les partis politiques légaux en date du 15 juillet dernier. Cette rencontre entre le vice-ministre de l’Intérieur et les responsables des partis politiques agréés, a tourné autour des sujets qui traduisent le souci du gouvernement de voir fonctionner dans ce pays des partis politiques dignes de ce nom.

Le vice-ministre de l’Intérieur a tenu à rappeler aux responsables des partis politiques que les institutions en place seront obligées de passer le relai à d’autres institutions issues des élections de 2011. Il avait même fixé l’échéance en septembre 2011. Il exprimait ainsi la ferme volonté du Chef de l’Etat de respecter le calendrier électoral. Tous ceux qui ont un mandat électif doivent se préparer à le mettre en jeu aux prochaines élections que le Chef de l’Etat veut libres, démocratiques transparentes et dans le délai constitutionnel.

Des paroles aux actes

Pour dire qu’il ne s’agit pas d’un vœu pieux, le vice-ministre de l’Intérieur a annoncé à l’occasion, l’acquisition de 9.000 kits électoraux venus s’ajouter aux 8.000 qui existaient déjà. Conformément aux dispositions de la loi, (l’article 21 alinéas a et b de la loi n°004/002 du 15 Mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques), le vice-ministre a rappelé aux partis politiques l’obligation faite aux formations politiques de communiquer les noms, la profession et le domicile des agents qui sont chargés de l’administration centrale des partis politiques ainsi que le rapport financier de chacune des formations politiques concernées. Ce rapport, a précisé le vice-ministre, doit être déposé au plus tard le 31 mars de chaque année auprès du ministère ayant en charge les partis politiques. Pour le cas d’espèce, il s’agit du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité.

Le gouvernement serait-il sur la voie de mettre en application une disposition constitutionnelle sur le financement des partis politiques ? Le vice-ministre de l’Intérieur ne l’a pas dit. Cependant, le bon fonctionnement des partis politiques, leur organisation comme des personnalités morales, est un préalable à leur financement. Car, il faut éviter qu’en lieu et place de financer des organisations politiques, l’Etat finance des individus. La meilleure façon de se rendre compte de l’existence effective d’un parti politique, ce sont ces rapports. On constate également qu’il existe des partis politiques composés des membres d’une famille. On ne peut pas considérer cela comme une formation politique. Beaucoup d’autres n’ont pas de siège et donc n’organisent autre activité que les débats dans les médias.

Elections comme unité de mesure

Cette condition ne suffit toujours pas au regard du nombre des partis politiques enregistrés au ministère de l’Intérieur. On parle de plus de 300 partis politiques qui ont une existence juridique. Mais combien ont une existence politique réelle ? Certains observateurs sont d’avis que la meilleure évaluation de l’existence politique des partis politiques doit se faire en rapport avec leur participation aux élections, une activité essentielle pour les partis politiques. Sous d’autres cieux, le financement se fait sous forme de remboursement des frais engagés dans la campagne électorale. Bien entendu, l’Etat fixe le plafond. D’autres pays encore ne financent que des partis politiques qui, à l’issue d’un nombre déterminé des législatures, auront démontré une certaine constance sur le terrain. De toutes les façons, le financement des partis politiques n’est pas une affaire du seul pouvoir exécutif dans la mesure où, il tient aussi à la loi, donc au législatif. Pour revenir à la rencontre des partis politiques avec le vice-ministre de l’Intérieur, on constate que les choses bougent. Dans tous les secteurs on doit s’efforcer de fuir les à peu-près.

Opposition, tour le Babel

Pendant que le gouvernement fait ainsi bouger les choses, à l’opposition on ne sait pas par quel bout prendre l’actualité politique avec les élections qui pointent à l’horizon. Alors que l’on va vers une deuxième législature, l’opposition semble ne pas savoir sur quel socle bâtir son édifice. Si on tient compte de l’expérience de 2006 avec la création de l’Union pour la nation, le socle était la personne de JP Bemba. Le caractère passager de cette union, c’est que les hommes passent. Lorsqu’il n’y a pas d’idées à la base qui pourraient résister, l’union a disparait. C’est ce qui est arrivé à l’UN. Beaucoup étaient arrivés dans l’Union pour la nation (UN) pour se mettre autour d’un JP Bemba qui gagnerait les présidentielles. Lorsque ce dernier a perdu les élections, les rangs se sont rompus. Il avait suffi que JP Bemba se retrouve en prison à La Haye, emportant avec lui l’espoir d’un rebondissement, pour que les chances de résurrection de l’UN s’annulent. C’est dans ce cadre que JC Vuemba a tenté une démarche plus sage, celle de voir l’opposition s’unir autour de quelque chose de plus fort, les idées couchées en forme de programme concerté. La démarche apparaît alléchante, mais force est de constater qu’elle n’a pas de référence en Afrique. Chaque parti politique se veut le centre du monde. Ce qui se passe aujourd’hui dans les milieux de l’opposition politique congolaise n’est nullement un coup de théâtre. Ce qui nous étonnerait, ce serait une adhésion sans rechigner à la proposition de JC Vuemba.

Bembiste et tshisekedistes, combat des coqs

Le fossé est béants entre les partis politiques de l’opposition congolaise. Bembistes et tshisekedistes, sans souci des enjeux, se livrent à un vrai combat de coqs. Ce n’est pas encore le grand déchainement, mais les frottements sont là, perceptibles. Pour le tshisekedistes, il n’est pas question d’un programme commun qui volerait la vedette à Tshisekedi qui, pour beaucoup des udpsiens, mêmes les intellectuels, serait « un homme-programme ». La démarche pour les tenants de cette thèse majoritaire à l’Udps, consisterait à se mettre autour de Tshisekedi pour que tout aille pour le mieux. Quel sera le discours au cours de la campagne électorale ? Le même que sous Mobutu. Les politologues de l’Udps ignorent un sacro-saint principe selon lequel, « Il n’existe pas une légitimité gratuite ». En termes clairs, le peuple donne sa légitimité en échange de la satisfaction de certains besoins dont la demande est exprimée sous forme d’attentes. Ces attentes changent selon les époques. La légitimité supposée qu’avait Tshisekedi hier, était liée à la lutte contre le régime de la deuxième république. Il serait malhonnête de reconnaître que le leader de l’Udps bénéficierait encore de cette légitimité. Les sciences politiques enseignent qu’il n’y a pas de légitimité totale et éternelle. Par conséquent, Tshisekedi ne peut être éternellement l’homme qu’il faut. Ne pas le reconnaître, c’est refuser de regarder la hideuse réalité en face.

Les bembistes sont animés de mêmes intentions, pour ne pas dire de mêmes prétentions en faisant croire que sans Bemba, les choses iraient pour eux comme hier avec Bemba. L’érosion au sein même du parti, le Mlc ne semble pas leur servir d’indicateur sérieux. Ainsi donc, les bembistes ont tort de penser mettre sur la balance le nombre des députés réussi dans des circonstances qui ont largement changé. C’est ici que la démarche de JC Vuemba apparaît comme une manière pour l’opposition de se donner une nouvelle raison d’espérer. Une façon de dire, comme les chrétiens après la mort du Christ, que « Jésus est mort, mais il est ressuscité). Le ressuscité n’a pas le même corps, il est esprit. Le programme, les idées que conseille JC Vuemba, n’est-ce pas une façon d’avoir un Bemba et un Tshisekedi vivant sous une forme céleste ? Malheureusement, personne ne le croira. Un seul programme pour l’opposition est un rêve irréalisable.

Le bureau politique du Mpcr se démarque

JC Vuemba lui-même, au cours d’une émission, s’est mis en marge de la ligne qu’il trace. Il a déclaré soutenir Etienne Tshisekedi se mettant ainsi dans la logique ces irréductibles tshisekedistes qui croient en Etienne Tshisekedi comme en un homme-programme. Le bureau politique du Mpcr, son parti politique vient de démontrer que cette position de son leader JC Vemba n’est pas celle du parti. JC Vuemba avait utilisé son droit de soutenir qui il veut comme individu sans engager le parti. C’est toute la complexité de la démarche de réunir l’opposition autour des idées et autour des hommes.   La majorité actuellement au pouvoir est-elle en position de profiter de cette vraie tour de Babel au sein de l’opposition ? Enfin, cette opposition désorganisée, va-t-elle demain contester les élections auxquelles elle se se prépare mal ?

Joachim Diana G.

 

 



23/07/2010
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