Cinq questions à Jean Claude Vuemba (*)

Le Potentiel n°5312 du jeudi 25 Août 2011

Cinq questions à Jean Claude Vuemba (*)

1. Le Président de République a promulgué la loi fixant les circonscriptions électorales et déterminant les sièges pour députés nationaux et provinciaux. Etes-vous satisfait de la répartition des sièges?

Pas du tout. Et c'est une grosse déception de la manière dont cette loi a été votée à l'Assemblée nationale où la Majorité s'est contentée d'entériner le projet du gouvernement sans y apporter les amendements découlant même du simple bon sens.

En effet, la répartition des sièges ne peut pas se faire en tenant simplement compte des aspects techniques. Il s'agit là d'une matière éminemment politique. C'est pourquoi, j'avais proposé lors du débat à l'Assemblée nationale le 9 août 2011 de prendre en considération ces deux aspects afin de corriger certaines situations qui paraissent aux yeux de notre population comme étant de l'injustice. Comment comprendre que-certaines circonscriptions obtiennent un nombre élevé de sièges par rapport à celles qui disposent d'un nombre plus élevé d'enrôlés? C'est le cas par exemple de la circonscription de Songololo avec 109.911 enrôlés et Kasangulu avec 106.023 enrôlés au Kongo Central (Bas-Congo) par rapport à Kole dans le Kasaï Oriental avec 98.238 enrôlés, Sandoa au Katanga avec 99.351 enrôlés, Opala dans la province Oriental avec 100.371 enrôlés, etc.

Il est également curieux de constater que les simulations de la CENI prévoyaient deux sièges pour Songololo et Kasangulu tandis que le projet du gouvernement les a ramenés à un seul siège Et que dire de la circonscription électorale de Nyirangongo au Nord-Kivu qui a réalisé plus de 130% d'enrôlés comme s'il n'y a jamais eu des morts ni des déplacés dans ce coin de la République ?

2. La CENI vient de raccourcir la durée de la période de dépôt des candidatures à deux semaines au lieu d'un mois auparavant. Qu'en pensez-vous?

Une fois de plus nous nous retrouvons là en face des contradictions qui constituent hélas! la toile de fond de la vie politique dans notre pays. Car, quand bien même une modification quelconque devrait intervenir dans le timing initial, il aurait été de bon aloi que le révérend président Daniel Ngoy Mulunda et son Bureau prennent langue avec les acteurs politiques au lieu de publier des décisions unilatérales d'une telle importance, dans la mesure où le délai de dépôt des candidatures influe de manière considérable sur le processus électoral.

Par ailleurs, lorsque l'on considère l'étendue du territoire national, il sera par exemple impossible à notre collègue élu de Monkoto dans l'Equateur d'atteindre dans le délai imparti le centre de dépôt des candidatures. Et ce, du fait que la seule compagnie aérienne qui dessert cette province ne programme qu'un seul vol toutes les deux semaines sur Boende et un seul vol par semaine sur Mbandaka. Il serait bon que la CENI autorise les différents candidats à se faire inscrire dans n'importe quel lieu du pays, étant donné que le serveur central est relié à tous les centres de dépôt des candidatures.

3. L'Opposition va-t-elle signer le code de bonne conduite avant d'avoir eu satisfaction à ses préalables ?

Il est impossible d'imaginer pareil scénario car nous sommes une Opposition responsable. En effet, les préalables que nous avons soumis au Bureau de la CENI renferment en eux les préoccupations de toute la population congolaise et sont de nature à rassurer tous les acteurs du processus électoral, Opposition et Majorité, y compris de la confiance que mériterait la CENI. Nous avons noté avec satisfaction les déclarations du président de la CENI selon lesquelles il ne trouvait aucun inconvénient à l'accès de l'Opposition au serveur central : ce qui rencontre l'un de nos préalables. L'objectif fondamental de la grande famille de l'Opposition est que les élections consolident la démocratie chèrement acquise dans notre pays au prix du sang des millions de nos concitoyens et d'éviter qu'elles ne donnent naissance à une nouvelle crise politique dont personne ne pourrait maitriser les conséquences dramatiques pour notre population qui a déjà longuement souffert. Tant que le Bureau de la CENI ne rencontrera pas les préalables que nous avons soulevés, il nous sera difficile, voire impossible, d'adhérer à n'importe quel code de bonne conduite afin de ne pas mettre la charrue avant les bœufs.

4. Où en est l'Opposition à propos d'un programme commun de gouvernance et d'une candidature commune à la présidentielle ?

Tout d'abord nous sommes heureux de constater que toute la grande famille de l'Opposition a adhéré au schéma que le MPCR a lancé il y a de cela deux ans, lequel comprend trois étapes à savoir: l'identification, le programme commun et la charte de gestion des ambitions.

En effet, il est indispensable avant toute chose de savoir qui est réellement qui, d'où l'importance de l'identification. Par ailleurs, les pourparlers vont bon train entre les acteurs politiques en ce qui concerne la candidature commune et consensuelle de l'Opposition à l'élection présidentielle et, très bientôt, nous livrerons à notre peuple les conclusions de nos conciliabules. Tandis que nos experts sont très avancés dans la préparation du programme commun de Gouvernement d'alternance qui sera soumis à la sanction des leaders des Partis politiques de l'Opposition.

Enfin, la signature de la charte de gestion des ambitions nous permettra d'établir les principes généraux qui seront à la base de la répartition des postes en tenant compte non pas des individus mais des règles préétablis.

5. Que répondez-vous aux Partis qui affirment que leur candidat va remporter la présidentielle et obtenir la Majorité Parlementaire?

Rien ! J'estime que chacun a le droit de rêver et d'espérer, mais c'est le souverain primaire qui nous départagera tous. Cette attitude, au-delà de la rêverie et de l'espérance, peut également être comprise comme l'assurance d'une tricherie massive à tel point que le résultat des urnes soit connu à l'avance. C'est pourquoi, nous ne ménagerons aucun effort afin que les prochaines élections soient réellement démocratiques, libres, transparentes et apaisées. Car, ça sera l'occasion de sanctionner sévèrement la Majorité actuelle au pouvoir à cause de son incompétence notoire, laquelle a conduit le pays à son plus bas niveau et dont l'échec partout est reconnu même par bon nombre de ses membres.

Propos recueillis par Angelo Mobateli

 



25/08/2011
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