Cinq questions à Jean Claude VUEMBA LUZAMBA

Le Potentiel n°4944 du Lundi 7 juin 2010

Cinq questions à Jean Claude VUEMBA LUZAMBA

1. Sous quel signe placez-vous le Cinquantenaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo le 30 Juin 2010 ?

Le Bureau Politique du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, notre Parti, a levé l’option de passer cette fête dans la méditation. Car il estime, à juste titre d’ailleurs, que nous n’avons rien à fêter. C’est pourquoi, nous comptons organiser des conférences-débats, des journées politiques avec nos combattantes et combattants ainsi qu’avec toute la population congolaise, dans le but de tirer toutes les leçons de la vraie histoire de notre pays en vue de prémunir les générations futures des erreurs du passé.

Ces activités, qui vont se dérouler au siège de notre Parti, au n°63 de l’avenue Kasa-Vubu dans la commune de Ngiri-Ngiri, bénéficieront de la contribution de plusieurs leaders politiques ainsi que de la reproduction par des portraits des hommes et des femmes ayant marqué l’histoire et dont les effigies sont gravées à la Galerie André Lufwa, particulièrement conçue pour cette fin. Nous aurons, de ce fait, apporté notre pierre à l’édification du Congo de demain. 

2. Quelle évaluation faites-vous de la démocratie en RDC?

Je focaliserai ma réponse sur les événements les plus récents, lesquels nous renseignent sur l’état des lieux actuel de la démocratie en RDC. S’agissant du dépôt de la motion de censure contre le gouvernement Muzito II, j’observe la grosse déception de la population envers les acteurs de l’Opposition politique qui ont manqué de vigilance ayant occasionné et facilité l’infiltration du groupe des députés nationaux signataires de la motion par des faussaires émanant des officines du pouvoir et des services de renseignements, dans le but de discréditer l’action entreprise en faveur du peuple congolaise. Le retrait de ladite motion à la séance plénière du 19 Mai 2010 est consécutif aux fortes pressions politiques et morales exercées contre leurs signataires. Il y a eu aussi les manifestations sauvages des militants du PALU (ayant même obligé le Premier Ministre à présenter des excuses). La motion de censure, récupérée par l’Opposition politique du fait de n’avoir pas été soumise à débat, est toujours à l’ordre du jour et pourra à tout moment être réintroduite au cours de la session parlementaire de mars 2010, étant donné que le nombre des signatures requises à cette fin est actuellement atteint.

3. Les deux exemples que vous citez n’illustrent nullement une absence de libertés d’expression et d’opinion ?

Je vous en cite d’autres, notamment la tentative des « quatre mousquetaires » du centre Libéral et Patriotique (CLP) d’apporter un autre son de cloche au sein de la Majorité. Une tentative étouffées et réprimées sans aucune déférence envers leurs auteurs, malgré le fait que les initiateurs de cet exercice démocratique savaient bel et bien au départ que cela n’aboutiraient à rien ! Il y aussi l’arrestation du député national Martin Mukonkole. Nous ne comprenons pas la réaction apathique du Bureau de l’Assemblée Nationale, lequel se contente d’exprimer timidement sa protestation alors qu’il peut enclencher la procédure prévue à l’article 89 in fine du Règlement Intérieur qui lui donne le pouvoir de requérir la suspension de la détention ou de la poursuite d’un député national. Les actes d’intimidations se répètent de plus en plus à l’endroit des membres de l’Opposition politique, lesquels subissent même des menaces de mort. En effet, pas plus tard que le jeudi 03 juin dernier, au siège de notre Parti politique, nous avons été victimes de coups de balles tirés par des personnes non-identifiées. Nous avons fait procéder à un constat par la Police et avons porté plainte à ce sujet.

4. N’avez-vous pas le sentiment que vous exagérez tout même ?

Les assassinats odieux, dans des conditions non encore déterminées, mais rappelant les épisodes d’un roman policier, de M. Floribert Chebeya Bahizire, directeur exécutif de la Voix des Sans Voix, et de son chauffeur et activiste des droits de l’homme, M. Fidèle Bazana Edadi, nous démontrent à suffisance le degré d’insécurité qui caractérise le quotidien des Congolaises et Congolais. De l’avis de la majorité des observateurs et analystes politiques de bonne foi, la démocratie en RDC se trouve à la croisée des chemins : ou ça passe, ça casse ! Il est plus que temps que nous puissions revenir aux fondamentaux !

5. Comment envisagez-vous l’avenir ?

Avant toutes choses, le peuple congolais doit intérioriser le fait que c’est lui et lu seul qui est le mieux habilité à changer sa situation, en se dotant des dirigeants capables de répondre à la demande sociale ; ne répétons plus les erreurs de 2006. La classe politique congolaise doit désormais se déterminer non plus en fonction de leurs intérêts égoïstes, mais dans le but unique de satisfaire aux besoins de la population, quel que soit le modèle ou le schéma appliqué par les uns et les autres.

Propos recueillis par Angelo Mobateli

 



07/06/2010
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