Jean-Claude Vuemba Luzamba
(photo JFG/QuestionsCritiques)

Le monde entier est au courant : La RD Congo a les moyens de se tourner les pouces pendant trois jours.

Le nouveau pouvoir, en décrétant trois jours fériés aux frais de la princesse, nous a fait une crise de PALU à tous les étages du gouvernement !

Pendant que ce pays est entièrement à reconstruire, alors que nous avons tous contribué à le mettre en ruine - à différents niveaux bien sûr ! -, la machine de l'Etat n'a pas tourné pendant trois jours. Administrations, douanes, trésor public, régies financières, etc. : tous au chômage forcé, décrété par l'autorité suprême de l'Etat.

Patrice LUMUMBA et Laurent-Désiré KABILA doivent se retourner dans leurs tombes ! Quant à lui, le Cardinal ETSOU, tel que je l'ai connu, aurait sûrement refusé de voir tout le pays au chômage le jour de son enterrement et se serait contenté d'un jour de deuil national avec drapeau en berne et musique funèbre à la radio et à la télévision.

Le calendrier de mes activités de représentant du peuple m'ayant conduit à Matadi pour l'installation du bureau définitif du parlement provincial et l'élection des sénateurs et des gouverneurs, c'est donc ici que j'ai pu assister aux conséquences néfastes de ces trois jours chômés.

En effet, c'est par le port maritime de Matadi que transite la majeure partie des marchandises importées. C'est à Matadi que l'OFIDA (l'Office des Douanes et Accises) permet à l'Etat congolais de collecter 55% des recettes qui alimentent le trésor public… Et pendant ces trois jours de congés payés, aucune marchandise n'a franchit les portes de la douane. Donc, aucune recette n'a été perçue. A un moment, j'ai pensé être victime d'hallucinations. Le Président de la République n'avait-il pas, un mois auparavant, décrété la fin de la récréation ?

Il faut savoir que le Kongo Central perçoit chaque jour en recettes douanières environ 1 milliard cinq cents millions de francs congolais. Ce sont donc, en trois jours, pas moins de quatre milliards cinq cents millions de francs congolais que les Douanes Congolaises n'auront pas encaissés. Et pendant ce temps-là, la moitié des Congolais vit avec moins de 500 francs par jour.

A titre personnel, le décès du Cardinal Frédéric ETSOU m'a profondément attristé et le Catholique convaincu que je suis voudrais rendre hommage à ce Prélat qui a largement contribué à la pacification des esprits pendant la période trouble que nous avons connue. Mais je continue de penser que nous aurions pu faire l'économie d'une journée à ne rien faire.

Et que dire des 16 et 17 janvier, dédiés à nos héros nationaux, et fériés eux aussi ? Bien sûr, Patrice LUMUMBA mérite notre respect et notre recueillement. Mais je préviens d'ores et déjà les Autorités : bien d'autres Congolais pourraient être célébrés. Je cite parmi tant d'autres : Joseph KASA VUBU, Jason SENDWE, Jean BOLIKANGO, Edmond NZEZA NLANDU, Yvon KIPIOBI, Albert DELVAUX, Moïse TSHOMBE, Cyrille ADOULA, etc. Pourquoi pas aussi un jour chômé pour chacun ?

Et même feu le Maréchal MOBUTU, qui a régné sans partage dans ce pays, pourrait prétendre lui aussi à son jour chômé pour nous avoir sauvés à maintes reprises des rébellions. Encore un effort, et ce sont bientôt 365 héros qui nous permettront de chômer chaque jour de l'année !

Pour honorer tous les fils et les filles du pays, morts après avoir servi dignement le Congo et nos ancêtres, pour honorer tous les combattants de la liberté et de la résistance, je propose, en ma qualité de député national, un jour férié unique dédié à nos martyrs et la construction d'un seul monument aux morts pour tous, avec le nom de chacun gravé en lettres d'or. Je propose donc la date du 4 janvier, journée officielle des martyrs.

Prions tous ensemble pour que le Président de la République et le Gouvernement redescendent sur terre et qu'ils se décident enfin à commencer la reconstruction du pays !