DECLARATION POLITIQUE N°09/2009

 

 

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

MOUVEMENT DU PEUPLE CONGOLAIS POUR LA REPUBLIQUE

Paix - Justice – Solidarité – Développement

N°AR/AGRE/0148/MIN/INT N°OR/CEI/089

Ne jamais trahir ses convictions quel que soit le sacrifice suprême

 

DECLARATION POLITIQUE N°09/2009

 

A l'issue de sa réunion mensuelle de Décembre 2009, le Bureau Politique du MPCR publie le point de vue de ce Parti Politique cher à l'Honorable Jean Claude VUEMBA LUZAMBA en rapport avec le discours du Chef de l'Etat sur l'état de la nation.

 

I.           De la situation sécuritaire du pays :

 

I.1. le Bureau Politique constate avec indignation le satisfecit du Chef de l'Etat à ce sujet, lorsque l'on sait qu'une semaine seulement avant son discours, deux religieux (un abbé et une sœur) ont été abattus dans le Territoire de Kabare dans le Sud Kivu et que Walikale regorge des rébellions multiformes avec comme conséquences des assassinats, meurtres, viols, etc.  perpétrés au jour le jour par des hommes armés, poussant ainsi la population à fuir leurs terres et à vivre dans l'errance.

 

D'ailleurs, le Conseil des Ministres tenu à Bukavu le samedi 12 Décembre 2009 n'a-t-il pas, selon le Porte Parole du Gouvernement, « pris l'engagement de résoudre les problèmes relatifs à la situation sécuritaire préoccupante qui sévit dans l'Est du pays » ?

 

Le Bureau Politique du MPCR estime que, par simple respect pour nos concitoyens de l'Est du pays et par pure pudeur, le Chef de l'Etat devrait cesser d'endormir le peuple sur cette situation tragique.

 

I.2. Le Bureau Politique du MPCR rappelle au Chef de l'Etat que le drapeau angolais continue à flotter allégrement dans la localité de Savayina à Gombe Sud dans le Territoire de Mbanza Ngungu au Kongo Central, sans perturber le profond sommeil du Gouvernement de la République.

 

 

 

 

 

 

Et que dire des calamités auxquelles sont confrontées nos compatriotes de Dongo dans l'Equateur, sans oublier les habitants des villages Kongo et Tshiende dans le Territoire de Muanda au Kongo Central, arrêtés et molestés pour avoir protesté contre la pollution de leur environnement par la Société Perenco dont l'entêtement est dû à la passivité, frisant la complicité (pour ne pas dire autre chose en pleine « Tolérance Zéro ») des Autorités tant nationales que provinciales.

 

II.        Sur le plan économique et social :

 

II.1. Le Bureau Politique du MPCR affirme avec le Chef de l'Etat que la crise économique qui a secouée le monde en 2009 a démontré notamment « la fragilité de toute santé économique basée sur la spéculation au détriment de la production », cas de la République Démocratique du Congo qui, par déficit de management du Gouvernement actuel, n'a pas pu prendre les mesures adéquates afin d'atténuer les effets de ladite crise.

 

Dans ces conditions, l'espoir de voir le taux de croissance doubler d'ici l'année prochaine, comme l'a déclaré le Chef de l'Etat, et passé de 2,7% à fin Décembre 2009 (ce qui reste à vérifier !) à 5,4% en 2010 reste utopique et teinté de démagogie.

 

II.2. En ce qui concerne la visibilité des cinq chantiers, le Bureau Politique du MPCR fustige la mauvaise appréciation des priorités et le peu d'impact sur le vécu quotidien du citoyen congolais de ce programme.

 

Partout au monde, la mise sur pied d'une véritable politique des grands travaux a pour conséquence inévitable la résorption du chômage dans le pays. Malheureusement, aucun signal dans ce sens n'est observé en RDC, à croire que la main d'œuvre utilisée pour la réalisation des cinq chantiers serait importée d'ailleurs.

 

II.3. Le Bureau Politique du MPCR salue l'initiative du Chef de l'Etat relatif à l'assainissement du climat des affaires en RDC.

 

Tout en regrettant le temps inutilement perdu dans ce domaine, le Bureau Politique du MPCR estime que le Gouvernement gagnerait en efficacité s'il s'évertuait à commencer par payer de manière équitable la dette intérieure afin de rassurer les opérateurs économiques, au lieu de se limiter au paiement d'un groupe de copains et des membres de familles.

 

Le Bureau Politique du MPCR est d'avis qu'il faille procéder à un correctif de l'arsenal juridique en la matière, comme l'a souhaité le Chef de l'Etat ; mais il se demande à quoi servirait la modification de la législation actuelle en vigueur en la matière, dès lors que les lois actuelles ne sont pas appliquées ? Il en veut pour preuve la non exécution de nombreux jugements coulés en force de chose jugée.

 

II.4. Le Bureau Politique du MPCR apprécie la volonté exprimée d'assainir le secteur de la Justice dans le cadre de l'opération « Tolérance Zéro ». Cependant, il relève de nombreux vices de fond et de forme qui ont accompagnés les dernières mesures prises quant à ce, lesquelles risquent de transformer ladite opération en « Tolérance Bravo ! ».

 

II.5. Du point de vue social, Le Bureau Politique du MPCR constate qu'aucune avancé n'a été stigmatisée sur ce point par le Chef de l'Etat et apprécie à sa juste valeur son honnêteté intellectuelle à ce sujet.

 

Cependant, le Chef de l'Etat s'est limité, comme il y a trois ans, lors de sa campagne électorale, à réciter un chapelet de bonnes intentions pour l'année 2010, allant jusqu'à affirmer qu'une enveloppe de un milliard quatre cent millions de dollars américains était prévue à cet effet, alors que le budget de la République pour l'année 2010 a été arrêté cinq milliards neuf cent millions de dollars américains.

 

II.6. Le Bureau Politique du MPCR souscrit à l'idée du Chef de l'Etat « d'initier des incubateurs d'excellence et de susciter l'esprit d'émulation » au sein de toutes les couches de la population congolaise.

Cependant, il attire l'attention du Chef de l'Etat sur la nécessité d'entourer cette initiative d'une bonne dose de rigueur afin de ne pas accoucher d'un mort né, étant attendu qu'un gardien sans garde ne peut rien offrir en termes de résultats.

 

III.     Des rapports entre Institutions de la République :

 

III.1. Le Bureau Politique du MPCR approuve le énième « carton jaune » infligé au Gouvernement par le Chef de l'Etat qui a fustigé l'immobilisme de l'exécutif national qui se traduit par « de conseils d'experts en conseil d'experts, ce qui souvent n'est qu'une excuse pour ne rien faire ».

 

Malheureusement, il constate néanmoins, qu'à chaque fois qu'une procédure tendant à renverser ce Gouvernement est initiée à l'Assemblée Nationale, des mots d'ordre sont donnés, dans une ferme de la périphérie de Kinshasa, pour que la majorité mécanique soutienne ce même Gouvernement.

 

Et si on considère que, c'est à ce même Gouvernement dont il avait dénoncé les dérapages il y a peu, que le Chef de l'Etat confie des nouvelles priorités à réaliser d'ici Mars 2010 au plus tard, il y a lieu de se demander de qui se moque-t-on ?

 

III.2. Le Bureau Politique du MPCR apprécie avec le Chef de l'Etat les efforts du Gouvernement Muzito qui ont conduit au point d'achèvement du programme Pays Pauvre Très Endetté, PPTE.

 

Cependant, il rappelle que cela ne constitue pas une panacée ; rappelons-nous : Indépendance tcha tcha, Révolution du 24 Novembre, Conférence Nationale Souveraine, Libération de Mai 1997, Sun City, Elections, … et maintenant point d'achèvement PPTE, tout cela ne doit pas distraire la population de ses réelles préoccupations par des discours propagandistes de bas niveaux.

Par contre, le Bureau Politique du MPCR réclame avec insistance que la Communauté Internationale puisse mettre rapidement sur pied un « plan Marshall » en faveur de notre pays.

 

III.3. Le Bureau Politique du MPCR a noté les félicitations du Chef de l'Etat à l'Institution Parlement pour sa production législative et le contrôle de l'Exécutif.

 

Cependant, il y a lieu de se demander : pour quelle finalité ? Lorsque l'on sait que les recommandations pertinentes de cette Institution ne sont jamais prises en compte par l'Exécutif, dont le Chef de l'Etat fait partie.

 

En effet, comment expliquer que jusqu'à ce jour, de nombreuses commissions d'enquête parlementaire, à l'exemple de la commission Ofida/CTC, commission sur la dette intérieure, et tant d'autres ont du mal à se déployer sur le terrain, alors que des commissions moins importantes, constituées beaucoup plus tard, ont été autorisées à remplir leurs missions ?

 

III.4. Concernant les relations entre les pouvoirs législatifs et exécutifs, particulièrement au niveau des provinces, le Chef de l'Etat a souhaité une modification de l'environnement juridique qui les caractérise, allant jusqu'à proposer une révision constitutionnelle à ce sujet ; le Bureau Politique du MPCR déclare ce qui suit :

 

a.   En son corps défendant et du fait de l'incompétence du Gouvernement actuel à gérer le pays, il devient nécessaire de retarder le découpage territorial ;

 

b.   La modification du mode de scrutin des Gouverneurs de Province, lesquels devront être élus directement par la population, permettra d'assurer un meilleur fonctionnement des Institutions Provinciales, dans le strict respect de la volonté du Souverain Primaire et ce, en vue de balayer la corruption et l'achat des consciences qui ont été constatés lors de la mise sur pied des gouvernements provinciaux notamment à Kinshasa, au Kongo Central, au Kasaï Occidental et dernièrement à l'Equateur ;

c.   Toute modification constitutionnelle quelconque devra être réalisée dans le strict respect des dispositions pertinentes de la Constitution actuellement en vigueur. 

 

IV.       Au sujet des élections locales :

 

Le Bureau Politique du MPCR  a appris avec stupéfaction que le Chef de l'Etat en a fixé l'organisation pour 2011.

Il rappelle que tous les mandats actuels issus des élections de 2006 s'achèvent également en 2011 !

Il y a lieu de se demander si le pays aura la capacité et les moyens nécessaires d'organiser au courant de la même année 2011 les élections à tous les échelons de la vie nationale ?

Que cache cette décision unilatérale ?

 

V.          Des questions environnementales :

 

Le Bureau Politique du MPCR souscrit à l'analyse du Chef de l'Etat sur le réchauffement climatique et les solutions à y apporter, lesquelles reflètent le point de vue de l'Union Africaine à ce sujet.

Cependant, il faudrait, dès à présent, envisager des mesures concrètes permettant à notre pays d'occuper réellement la place qui est la sienne dans ce domaine au lieu de se limiter à des discours académiques improductifs.

 

VI.       Des hommages à la diplomatie congolaise :

 

Le Bureau Politique du MPCR a noté la tenue à Kinshasa en 2009 de deux grandes rencontres des Chefs d'Etats et de Gouvernements de la SADC et de la CEEAC.

Toute fois, il est permis de se demander quel est l'impact réel de notre participation à ces organisations. Qu'en tire le peuple congolais ? Lorsqu'on se rappelle que des Congolais sont chassés comme des chiens de l'Angola, pays membre de la SADC, et de la République du Congo Brazzaville, pays membre de le CEEAC !

 

Comment comprendre le silence affiché par les pays membres de la SADC face à l'agression que notre pays a subi de la part du Rwanda, pays non membre de la SADC ?

 

Le Bureau Politique du MPCR se demande où est la SADC des peuples et la CEEAC de nos populations ?

 

Ces organisations ne sont-t-elles pas des simples « mutuelles » des Chefs d'Etats ayant pour objectif primordial de défendre leurs fauteuils ?

 

VII.    Des victoires à réaliser ensemble :  

 

Rappelant les performances affichées par nos équipes de football au Championnat d'Afrique des Nations et à la Coupe Africaine des Clubs Champions, le Chef de l'Etat a affirmé que « le Congo uni est capable de déplacer les montagnes ».

 

Le Bureau Politique du MPCR se demande s'il ne s'agit pas là d'un appel du pied ou d'un ballon d'essai du Chef de l'Etat pour la constitution d'un Gouvernement d'Union Nationale, regroupant toutes les forces vives du pays afin de palier aux échecs multiples et répétés de l'Exécutif actuel, et prolonger ainsi de manière rusée des mandats qui arrivent à expiration selon la Constitution ?

 

Si tel était le cas, il n'a qu'à s'exprimer clairement !

 

Toute fois, le MPCR souhaite vivement que tous les mandats étant arrivés à terme en 2011, que le peuple se prononce librement et renouvelle démocratiquement sa confiance en ceux qui la méritent.

 

 

Fait à Kinshasa, le 18 Décembre 2009

 

    Pour le Président National

Le Directeur du Bureau Politique                       

 

      Christian TATY NIMY      

 



18/12/2009
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