Elections 2011 : Bemba-Tshisekedi, qui prendra le départ ?

L’Avenir du samedi 17 juillet 2010

Elections 2011 : Bemba-Tshisekedi, qui prendra le départ ?

L’opposition, en s’appuyant sur l’Udps et le Mlc pour faire son unité, se base sur des légendes oubliées. Car, rien de ce qui faisait la force de ces deux partis politiques hier n’est justifiable aujourd’hui.

Avec la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, la Rdc est entrée dans la deuxième moitié du mois de juin. Cela la rapproche " exorablement " vers la fin de l’année. L’année 2011 se pointe à l’horizon. Cette perspective augmente l’agitation dans les milieux politiques. Les préparatifs sont visibles notamment en recherchant, au niveau de l’opposition le bout par lequel il faudra prendre la majorité au pouvoir afin de la renverser.

Cette tâche, les hommes de bonne foi le reconnaissent, n’est pas aisée dans la mesure où le discours sur l’immobilisme du gouvernement peut tromper les oreilles, mais non les yeux des Congolais qui voient changer la face du pays. On pensait donc que l’opposition choisirait un discours adapté à la situation réelle du pays afin de se doter des stratégies qui pourraient payer. Cela suppose qu’il faille suffisamment de temps pour convaincre, sinon former des convictions réelles chez leurs militants. Malheureusement, non seulement les partis d’opposition dans leur grande majorité, pour ne pas dire tous, n’ont pas de militants et se contentent des sympathisants, mais aussi ils sont contraints à parer au plus pressé.

Dans ce cas, le seul discours disponible, c’est celui empreint d’un populisme béat. Malheureusement, ce populisme diabolisateur qui avait fait le bonheur de l’opposition des années 1990 à 1997, ne joue vraiment que si on avait en face un Mobutu et un Zaïre descendant aux enfers quotidiennement. C’est en vain que l’opposition tente de ramener la Rdc vingt ans en arrière afin de retrouver un discours qui puisse mobiliser.

Une union impossible de l’opposition

Cette opposition tente de se donner une chance en tentant une union impossible. Les observateurs de la scène politique congolaise sont unanimes pour reconnaître que la rencontre initiée dernièrement par JC Vuemba ne dépassera pas cette étape de retrouvailles de façade. Nous faisons le distinguo entre l’importance d’une démarche et sa faisabilité. Le premier faux pas dans cette tentative, c’est le fait de partir sur la nécessité de réunir deux partis politiques, l’Udps et le Mlc qui n’ont rien commun que l’ambition sans partage.

L’autre faux pas, c’est d’avoir accordé à ces deux partis politiques une importance qui ne repose que sur deux légendes oubliées. Pour mesurer aujourd’hui l’importance de l’Udps on n’a plus de repère. Est-ce Tshisekedi ? Pour quelle légitimité ? Hier, Tshisekedi était Tshisekedi à cause de sa lutte contre Mobutu. Le succès de Tshisekedi reposait sur le fait qu’il avait réussi à dégager toute responsabilité sur la descente aux enfers du pays en dépit de sa longévité au pouvoir aux côtés de Mobutu.

Quel bilan pour Tshisekedi ?

Peut-il utiliser cette arme contre Joseph Kabila ? Le " lider maximo " est obligé de perdre son latin en parlant de l’Etat de droit qui, selon lui, n’existe pas. Il ne peut pas, même à ce sujet, montrer patte blanche. Car, il ne peut pas dire qu’il y avait plus de droits hier, lorsqu’il était aux affaires qu’aujourd’hui. Quand Lumumba est assassiné, il est commissaire général adjoint en charge de la Justice faisant l’intérim de son titulaire Marcel Lihau. Il en est de même lorsque Guillaume Lubaya est traqué et est sauvagement tué, Mahamba, Anani, Kimba et Bamba sont pendus publiquement, on peut allonger la liste avec Pierre Mulele et autres Matanda et Kudiakubanza.

Tshisekedi ne peut pas non plus fuir le bilan économique catastrophique du régime qui a été le sien. Avec Mobutu, ils ont mis le pays à genoux économiquement. De même dans le domaine de la recherche de la solution au problème congolais. Tshisekedi et Mobutu ont privilégié leurs querelles intestines pour ne jamais arriver à la solution en dépit des forums de réconciliation organisés à grand frais. En huit ans de transition, ils ne sont arrivés nulle part. Par contre, en trois ans, Kabila a réussi à mettre fin à la guerre et à pacifier le pays. Il a organisé en trois ans une transition qui a abouti aux élections. Il fallait cet effort pour que Tshisekedi parle aujourd’hui d’une Constitution à respecter. Sauf si l’actuelle majorité lui laisse le temps de vendre des illusions, il n’a pas de discours porteur d’espoir pour ce peuple. Le temps pour lui de faire quelque chose pour la Rdc est fini. Bien fini.

Udps, un vieux tissu en lambeau

L’unité de mesure de l’importance de l’Udps ne peut pas être le parti lui-même. A part le nom qui rappelle un vieux temps, c’est un amas de morceaux qu’on présente désormais comme parti politique. Est-ce sur cela que l’opposition veut construire son unité ? C’est fragile comme fondation. En ce qui concerne le Mlc, on peut en dire autant. Ce n’est pas le même parti qui a aligné un nombre de députés qui en font la deuxième formation politique du pays. Un simple calcul mental fait savoir que ce nombre des députés n’est pas le même lorsqu’on tient compte des défections déclarées et latentes. José Makila, Yves Kisombe, Bolenge, Delly Sesanga, … ce n’est qu’un échantillon de ceux qui ont pris leur courage en main pour dire haut ce qu’ils pensaient. Que dire de ceux qui attendent la dernière heure pour se prononcer ?

Là où la perte du Mlc est irréparable, sauf libération inattendue de JP Bemba, c’est l’absence de ce dernier. Le Mlc doit sa place à l’effet Bemba. Ce parti politique ne devra pas compter sur cet effet, non seulement à cause de l’absence de Bemba, mais aussi et surtout du fait qu’il s’agissait d’un effet passager. Il n’y a pas de gens acquis de façon inconditionnelle à cet effet Bemba qui ne reposait sur aucune idée force. JP Bemba avait tout simplement engagé un bras de fer sur fond d’un discours aussi populiste que mensonger. Il a été aidé en cela par une certaine léthargie et une certaine tiédeur dans le cas de Joseph Kabila. Si déjà le Mlc lui-même ne peut pas partir sur des bases aussi sableuses, toute l’opposition se construirait sur du sable mouvant en prenant le Mlc comme socle.

Bemba ou Tshisekedi ?

Pour revenir au concret, les deux partis politiques reposent sur des individus, Tshisekedi pour l’Udps et JP Bemba pour le Mlc. Ces deux personnalités sont absentes du pays pour des raisons qui ne dépendent ni de leur propre volonté ni de celle leurs partis politiques. On suppose que le Mlc ne commettra pas l’erreur de dire qu’il soit en prison ou non, JP Bemba est son seul candidat à la présidence de la République. Il faut que quelqu’un prenne le courage de dire qu’il faut mettre Bemba de côté. Mais il devra s’attendre à ce qu’il soit traité de traître. Si donc on insiste trop sur la présence de François Muamba à la rencontre de Ngiri-Ngiri pour " trouver un nouveau leadership de l’opposition ", on le livrerait au mépris des bembistes inconditionnels. De son côté, l’Udps va certainement présenter Etienne Tshisekedi à la présidentielle. Espérons que d’ici la date des élections, il retrouve sa pleine santé qu’exige une campagne électorale dans un pays aussi vaste qu’un sous-continent. Dans le cas contraire, on serait tenté de penser avec Jacques Matanda qu’il y a des gens qui veulent tuer Etienne Tshisekedi afin de se servir des ses restes comme " fumiers politiques ". Sans être un oracle, Tshisekedi et Bemba ne prendront pas le départ en 2011 pour des raisons judiciaires pour l’un et sanitaires pour l’autre.

Joachim Diana G.

 



17/07/2010
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