Elections 2011 - Vuemba : « un danger guette l'Opposition" Kinshasa, le 19/07/2010 »

La Prospérité n°1931 du lundi 19 juillet 2010

Elections 2011
Vuemba : « un danger guette l'Opposition" Kinshasa, le 19/07/2010 »

Jean-Claude Vuemba, Président National du Mouvement du Peuple Congolais pour la République(MPCR), Député National de l’Opposition politique, a délié sa langue. Elu de Kasangulu, connu pour sa légendaire verve oratoire et tout son franc-parler, l’homme s’est livré à un exercice de questions et réponses face aux enjeux de l’heure. Laconiquement, le Président du MPCR plaide pour l’union de toute l’Opposition congolaise autour d’un programme, pour la conquête du pouvoir lors des échéances électorales de 2011. Pour Jean-Claude Vuemba, seul, aucun Parti politique de l’Opposition ne peut gagner les élections. Ce qui laisse dire, indubitablement, que l’apport de tous à l’Opposition est indispensable. « En 2011, je serai actif pour que l’Opposition puisse réellement gagner les élections face au pouvoir corrompu qui nous gouverne à ce jour », a-t-il laissé entendre ce week-end, à La Prospérité, Quotidien de Mont Fleuri, à Ngaliema, dans un entretien à bâtons rompus. "Tous les leaders de l'Opposition devraient prendre conscience du danger, si rien n’est fait pour présenter un programme alternatif commun à la population congolaise», conclut-il. La Prospérité : Bonjour Honorable Vuemba. Est-ce que le Pays se porte bien après les festivités du Cinquantenaire ? Jean-Claude Vuemba : Après le Cinquantenaire, rien n’a changé au Congo. La souffrance de la population ne cesse de s’accroître. Ce qui est grave, ce qu’après avoir fermé les morgues pendant trois jours, il y a maintenant une course effrénée des personnes qui vont inhumer leurs morts. C’est vraiment une honte, parce que le pouvoir n’a pas voulu que ses invités puissent compter le nombre de corbillards qui amènent nos frères et sœurs à leur dernière demeure. Nous pouvons tout simplement dire que cet argent dépensé pour deux coupes de champagne et quelques toasts de caviar aurait dû servir à autre chose que de faire de la Bamboula. La Pros : Cette même fête a coïncidé avec l’annulation d’une partie substantielle de la dette extérieure de la RDC. Pensez-vous que l’un des objectifs de votre législature est atteint ? JCV : J’ai toujours dit que je suis républicain. Quand il y a une avancée pour mon pays, fût- elle minime, je le reconnais. Le Point d’Achèvement est un bon résultat pour le Congo mais, ce n’est pas une panacée pour qu’on s’agite. L’indépendance Cha- cha, la Zaïrianisation, la Conférence Nationale Souveraine, les accords de Sun City, l’élection de 2006 devaient nous amener un plus. Mais hélas ! Nous n’avons plus rien vu venir parce que la gabegie est entrée dans les consciences des congolais. Avant toute chose, nous voulons savoir réellement le montant que l’Etat congolais a remboursé par rapport à l’Initiative PPTE et si la dette est de combien ? C’est à partir de ce moment là, que nous pouvons discuter de cela. Nous risquerons d’être surpris désagréablement en sachant que tout était bien fini, avant que nous ne puissions atteindre le Point d’Achèvement. La Pros : L’atteinte du Point d’Achèvement suscite beaucoup d’espoirs à la nation. Si vous étiez au gouvernement, quelles mesures urgentes prendriez-vous pour capitaliser cet acquis ? JCV : Le problème n’est pas de susciter. Je viens de vous citer les 5 ou 7 précédents de l’histoire. Commençons tout d’abord, avec le non remboursement de la dette, à partir du mois de juillet, à s’occuper du barème de Mbudi. Que les militaires, les policiers, les fonctionnaires, les agents de renseignement, DGM et bien d’autres puissent déjà atteindre l’avancée significative du premier palier de Mbudi. Cela parce que les Secrétaire Généraux ont vu leurs salaires adaptés au premier palier de ce barème. Maintenant, il est temps pour que la population congolaise la plus démunie puisse en bénéficier. La Pros : Nous nous approchons des échéances électorales de 2011. L’Opposition est-elle prête ? Comment s’organise-t-elle ? A-t-elle déjà un Porte-parole ? JCV : Oui, nous sommes prêts depuis 2006. Tout simplement, parce que nous savions déjà à l’époque que ce pouvoir n’amènerait les congolais nulle ne part. Comme vous le savez, la précarité de la vie des congolais n’est plus à démontrer. La corruption bat son plein, le Congo est 182ème sur 184 pays truffés de corruption. Quant au poste de Porte-parole, au Mouvement du Peuple Congolais pour la République (MPCR), notre parti, nous avons décidé de ne plus être associés aux conciliabules du choix du Porte-parole de l’Opposition tout simplement pour avoir remarqué et constaté que les Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat n’ont aucune bonne volonté de réunir l’Opposition pour lui permettre d’élaborer un règlement d’ordre intérieur. La loi de la démocratie étant simple, il n’y a qu’à passer au vote pour sanctionner, étant donné qu’il y a 5 avant-projets de lois pour l’Opposition institutionnelle. Personne ne veut de ce vote. Curieusement, à une dizaine de mois des échéances électorales, les gens commencent à se précipiter par rapport à cette loi. Et ce, en sachant bien que cela va plus que diviser l’Opposition que susciter la cohésion au seuil de 2011. Pour cette raison, nous disons que nous sommes restés plus de 4 ans sans cela. Cela ne nous a pas fragilisés. Alors, nous devons le jeter dans les oubliettes afin que nous préparions 2011. Tout ce qui divise, doit être banni. Privilégions plutôt ce qui nous unis. La Pros : Ne pensez-vous pas que vous avez failli pendant les 4 ans, parce que vous n’avez pas été capables de parler le même langage ? JCV : Aucune Opposition au monde ne parle le même langage, parce que l’Opposition au Congo est multiforme. Il ne faudrait pas oublier qu’à l’intérieur de cette même opposition, il y a l’opposition extra-parlementaire qui ne reconnaît rien à l’opposition institutionnelle que nous sommes. C’est pour cela que nous nous sommes dit qu’il faudrait privilégier un programme commun de l’Opposition où tous les Partis politiques doivent envoyer leurs rédacteurs pour que nous puissions sortir un programme commun de gouvernement d’alternance pour 2011. Ce qui a été fait d’ailleurs en France en 1984. La Pros : Votre tentative d’organiser l’Opposition autour d’un programme commun n’a pas mis tous le monde d’accord ? L’Udps l’a rejetée ? JCV : Il n’y a pas eu tentative. Je dois dire la vérité. La rencontre de Ngiri-Ngiri était une réflexion basée sur le Cinquantenaire de l’indépendance. Ce n’est que le Président Christian Badibangi, en voyant sur cette tribune l’UDPS et le MLC, qui en a profité pour s’interroger. Parce que les deux Partis ne se reconnaissent pas. Pour le MLC, ils ont des Députés et Sénateurs et l’UDPS, quant à elle, se considère comme la fille aînée de l’Opposition. C’est comme cela que nous nous sommes dit : « Asseyons-nous autour d’une même table et commençons à concocter un programme commun d’alternance ». Nous avons tous pris acte, y compris Stanislas Tshimanga, le Coordonnateur adjoint du Congrès de l’UDPS et François Muamba du MLC. C’est sur cette note que nous avons promis de nous revoir. Subitement, les gens ont commencé à spéculer. Nous sommes des gens sains d’esprit, là où nous nous retrouvons, la réflexion doit être de mise. C’était une matinée politique du MPCR et non une rencontre de l’Opposition. La preuve en est que rien n’a été signé. Cela n’était rien d’autre qu’une réflexion pour la bonne marche de l’Opposition. J’ai entendu ce qu’a dit Albert Moleka. Mais, il oublie que, quand j’étais à Bruxelles avec M. Etienne Tshisekedi, il ne m’a parlé que de Rémy Massamba, Coordonnateur du Premier Congrès de l’UDPS. Il ne m’a pas cité deux ou trois noms. C’est pour cela que le MPCR a invité Rémy Massamba, qui, à l’occasion, s’est fait représenté par son adjoint Stanislas Tshimanga. Vous n’avez qu’à voir des réactions qui ont fusé de partout. Tout le monde n’est pas de l’avis de ce qu’a lancé Albert Moleka. Est-ce que nous allons mettre toutes nos divisions sur la place publique ? Je vous dis qu’aucun Parti politique de l’Opposition ne peut seul gagner les élections. De grâce, n’essayons plus de prêter le flanc au pouvoir pour pérenniser la destinée de la population congolaise. La Pros : Vous donnez l’impression comme si les autres leaders ne veulent pas vous suivre, ni écouter ? JCV : Je ne leur demande pas de me suivre ou de m’écouter, mais je leur demande de comprendre le danger qui guette l’Opposition, et qu’ils comprennent que le programme commun d’alternance est ultra -nécessaire pour tout le monde. Sinon, dans une année, ils diront que j’ai raison. La Pros : Parlons des élections, Honorable. JCV : Pour ne pas tomber dans le risque de la déstabilisation institutionnelle comme ce fut le 24 avril 1990, il serait urgent que les élections puissent avoir lieu et surtout que Apollinaire Malumalu soit mis de côté parce que, nous ne comprenons pas. Trois mois après que nous ayons adopté la loi sur la CENI, que jusqu'à ce jour, elle ne soit pas promulguée. Nous nous étonnons de voir l’Abbé Président Malumalu et ses acolytes continuer à nous donner des leçons de moralité comme s’ils seront encore là, l’année prochaine. De grâce, que la CENI soit là et que nous puissions leur dire merci et surtout adieu de ce qu’ils ont pu faire pour la nation Congolaise. La Pros : Où en êtes-vous avec la problématique de la candidature unique au sein de l’Opposition ? JCV : Nous ne pouvons envisager une candidature unique tant que nous n’avons pas encore un programme commun d’alternance de l’Opposition. Vous savez, vous pouvez être cinq candidats, mais au moins, vous devez vous reconnaître. A l’heure actuelle, qui peut dire qu’il est le candidat de l’Opposition ? Or, le programme est un accord tacite pour s’entendre et derrière qui l’on serait pour gagner les élections. Tout le monde ne peut pas avoir un destin national. C’est comme si aujourd’hui, vous me posez la question de savoir si je serais candidat en 2011 ? Je dis non. Je suis candidat en tant que Député National de Kasangulu. La justesse, la sagesse et surtout le sens propre de soi-même relativisent beaucoup de choses. A chacun son niveau. La Pros : N’est-ce pas là une brèche qui montre qu’effectivement, vous allez aux élections en ordre dispersé ? JCV : Le problème, c’est d’avoir foi en l’Opposition. Ici, ce qui nous intéresse, c’est d’avoir un programme commun d’alternance de l’Opposition. Pour le reste, le leadership sortira de lui-même. La Pros : Vous n’avez pas en poche une candidature surprise à la présidentielle 2011 ? JCV : Peut-être la candidature de gens en qui je crois et qui représentent la nation congolaise tels que Etienne Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba, oui. Mais la candidature surprise de Jean-Claude Vuemba, non ! Vuemba, c’est un homme de parole. Peut-être en 2016. Seulement, en 2011, je serai actif pour que l’Opposition puisse réellement gagner les élections face au pouvoir corrompu qui nous gouverne à ce jour. La Pros : Jean-Pierre Bemba et Thomas Lubanga sont toujours à la Haye. Qu’en dites-vous ? JCV : En ce qui concerne le Sénateur prisonnier politique Jean-Pierre Bemba, c’est un coup politique. Nous savons d’où vient ce coup. Mais, soyons sérieux. On ne joue pas comme cela avec la vie d’un homme. Surtout, si cette personne représente 47 % de la population congolaise. En ce qui concerne Thomas Lubanga, vous voyez que même les témoins ne savent plus que dire. Ils sont en train de discréditer la CPI. Où avez-vous vu des témoins qui ne veulent pas se présenter, s’ils sont réellement des témoins qui ont vécu des choses ? Pourquoi doivent-ils alors avoir peur ? De qui et pourquoi ? La CPI ne sera respectée que le jour où les témoins se présenteraient pour lancer les anathèmes qu’ils s’étaient dits dans le secret, dans leurs chambres d’Hôtel. Sinon, cela c’est un machin distillé pour les noirs et les nègres. La Pros : L’Opposition trouve son compte au sein de la plate-forme « Union pour la Nation ? » JCV : Moi je sais que, l’« Union pour la Nation » était une plate-forme électorale. S’ils l’ont redynamisée à travers leur Coordonnateur Clément Kanku pour devenir une plate-forme politique, il n’y a pas de problème, car il y a de la place pour tout le monde. Ce n’est pas que je ne trouve pas mon compte là dedans, mais je n’ai pas l’habitude de signer les accords politiques. J’en avais signé déjà un avec l’UDPS et cela me suffisait. La Pros : Un mot sur la détention de l’honorable Martin Munkokole ? JCV : C’est une insulte à la Constitution. Le texte stipule qu’en cas de flagrance, l’arrestation du Député s’impose. Cinq mois après avoir ouvert une enquête sur le véhicule volé, on vient récupérer l’Honorable Munkokole en parlant de la flagrance. C’est là où nous avons dit au Procureur Général de la République qu’il y a des dossiers sales qui trimballent sur son bureau. Les a-t-il déjà ouverts ? Je peux citer un exemple : OFIDA-CTC, un dossier de 175 millions de dollars que cinq Ministres et quelques hauts fonctionnaires se sont accaparés. Il n’y a aucune saisine. La Cour Suprême de Justice avait, dans son Ordonnance, placé l’Honorable Mukonkole en résidence surveillée mais, nous avons été surpris d’apprendre que la résidence surveillée devient l’Hôtel Invest. C’est pour cela, en voyant comment on bafoue la loi, que nous nous interrogeons sur ce qui va nous surprendre en 2011, après les élections. La Pros : Que vous inspirent les enquêtes sur l’assassinat de Chebeya ? JCV : À quelque chose malheur est bon. Le Cinquantenaire a été symbolisé par l’assassinat de Floribert Chebeya à l’Inspection Générale de la Police, l’endroit qui est censé protéger les congolais. Tout simplement pour dire qu’il y a un Dieu. Après avoir commis autant de choses répréhensibles, un jour ou l’autre, on finit par être démasqué. Le Héro national Chebeya est parti par ce qu’on appelle la dictature, la torture, la violence du pouvoir face aux hommes épris de la démocratie. C’est cela qui symbolise le Cinquantenaire de l’indépendance du Congo. Un activiste des droits de l’homme assassiné, tué à l’inspectorat Général de la Police. Les enquêtes, dans un pays où même la justice est malléable, vous vous attendez à quoi ? Chebeya ne savait pas conduire, comment sa voiture s’est retrouvée à Mitendi ? C’est parce qu’ils ne savaient pas que le chauffeur de Chebeya, dont nous réclamons le corps, était son beau-frère. Ainsi, la dernière piste de Chebeya, c’est l’Inspection Générale de la Police. La Pros : votre mot de la fin JCV : Les élections sont une arme essentielle à la démocratie. Ce que l’Opposition ne veut pas reproduire, ce qu’a fait le Président Kabila, en commençant par le quinquennat social, en le jetant aux oubliettes pour revenir aux 5 chantiers de la République. Voilà pourquoi il est extrêmement urgent et judicieux pour que l’Opposition puisse se rassembler autour d’un programme commun d’un gouvernement d’alternance pour 2011. Cela serait le salut pour la population congolaise.

La Pros.  

 

 



23/07/2010
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