Exposé de M. Godefroy Stanislas TSHIMANGA, Coordonnateur Adjoint de la Commission chargée de l’étude de l’organisation du Premier Congrès de l’UDPS à la journée de méditation organisée par le MPCR à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de la RDC

CELEBRATION DU CINQUANTENAIRE DE L'INDEPENDANCE

Au siège du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, MPCR, samedi 03 juillet 2010.

Exposé de M. Godefroy Stanislas TSHIMANGA

Représentant du Coordonnateur Principal de la Commission chargée de l'étude de l'organisation du Premier Congrès de l'UDPS

1.   Au moment où nous célébrons la cinquantième année de l'accession de notre pays à l'indépendance, nous sommes convaincus de la nécessité de nous rappeler les objectifs fondamentaux poursuivis par les pères de notre indépendance quand ils ont engagé avec notre peuple la lutte pour la conquête de la souveraineté nationale et, par la suite, de constater ensemble le chemin parcouru dans la réalisation de ces objectifs depuis le 30 juin 1960 jusqu'au 30 juin 2010.

 

2.   Nous commençons par nous  interroger d'abord sur les conditions d'existence du congolais tout au long de la période coloniale. Ces conditions vont être abordées en termes de vie quotidienne du colonisé c'est-à-dire des libertés dont il jouissait et des conditions sociales et de travail.

 

3.   Pendant la colonisation, la force de travail des congolais était assignée à l'accroissement de la productivité des matières premières et de tout ce qui était indispensable au bon fonctionnement et à la compétitivité de l'économie de la métropole. Le Système économique en application pendant cette période était connu sous l'appellation de mercantilisme. Ce système contraignait essentiellement les Congolais d'une part à produire les matières premières dont la Belgique avait besoin pour son économie et d'autre part à servir de marché pour les produits manufacturés de la Belgique.

 

4.   Le décor ainsi planté, certaines conséquences logiques devaient en découler pou les Congolais car le colonisateur poursuivant des intérêts qui n'étaient pas ceux des colonisés devaient accaparer par la force brutale la main d'œuvre congolaise et imposer des dispositions restrictives à cet effet. Ces restrictions concernaient les libertés fondamentales du colonisé.

 

5.   La conséquence de cette politique a été non seulement d'une part d'imposer à la population congolaise colonisée des cadences infernales de travail pour assurer une productivité toujours plus importante mais aussi de prendre des dispositions strictes en termes de restrictions des libertés fondamentales pour préserver ce système d'exploitation de toute contestation. La mise en œuvre de cette politique a été soutenue par la création de la « Force publique », véritable machine de répression au service des intérêts belges au détriment des congolais.

 

6.   La nécessité pour la métropole de s'assurer le plus grand bénéfice avait pour corollaire un investissement aussi réduit que possible en faveur du colonisé et une restriction drastique de libertés fondamentales notamment celles d'association, d'opinion et d'expression. Le colonisé était privé de sécurité sociale ou plutôt celle-ci était réduite à sa plus simple expression, juste pour assurer la bonne condition physique et l'aptitude du nègre congolais au travail. Les droits syndicaux étaient inexistants et l'affiliation à un syndicat libre inimaginable.

 

7.   L'organisation sociale du système colonial affectait les indigènes au service de la colonie et ils étaient traités comme des êtres inférieurs dénués de toute humanité. Les bénéfices de la croissance économique résultant de leur force de travail étaient inégalement repartis de sorte qu'ils n'engendraient aucune amélioration de leurs conditions de vie en ne profitant qu'à la métropole.

 

8.   L'être humain s'épanouit et se trouve en mesure de réaliser ses objectifs dans une société dont les valeurs fondamentales sont l'égalité, fondement de toute expression démocratique, qui établit que les êtres humains naissent égaux en dignité et en droits, la liberté des citoyens qui fait que ces derniers sont en mesure d'offrir le meilleur d'eux-mêmes et d'aller au bout de leurs talents, la solidarité qui humanise la collectivité dans un esprit de respect de tous ses membres. Valeurs fondamentales de la social-démocratie au cœur du projet de société de l'UDPS.

 

9.   Dès lors, il n'est pas surprenant que les objectifs des leaders politiques congolais de l'époque, pères de notre indépendance, se résument principalement à la revendication de l'émergence d'un Etat de droit c'est-à-dire d'un Etat respectueux des droits humains, soucieux de l'intérêt général du pays et pour cette cause pratiquant assidument la bonne gouvernance.

 

10.               Qu'en est-il aujourd'hui de ces objectifs cinquante ans après ? « C'est l'amertume, même pas un dixième n'a été réalisé ! » comme l'a dit le Président National de l'UDPS, Monsieur Etienne TSHISEKEDI wa MULUMBA, au cours de l'interview qu'il a accordée à la Voix de l'Amérique au micro du journaliste Ferdinand Ferrela le mardi 29 juin dernier.

 

11.               Qu'en est-il aujourd'hui de ces objectifs cinquante ans après, du respect des droits humains ? L'assassinat ignoble du défenseur des droits humains, Floribert CHEBEYA, l'ami, le frère de nous tous qui souffrons des affres des différents régimes oppresseurs qui sévissent à la tête du pays et écument la nation ne fait que confirmer la triste réalité de ce désastre dans notre pays. Floribert CHEBEYA était de tous les dossiers qui concernaient les droits humains, avec une efficacité et un courage hors du commun. Et aussi avec impartialité car il a défendu non seulement les victimes de l'intolérance des régimes dictatoriaux mais aussi les bourreaux d'hier ayant perdu le pouvoir et ceux d'aujourd'hui tombés en disgrâce suite à des divergences politiques ou d'intérêts mercantiles et dont les droits sont violés.

 

12.               Comment ne pas se tourner vers le sommet de l'Etat pour établir des responsabilités de ce crime quand on sait que l'infortune CHEBEYA se rendait au quartier général de la Police sur convocation du plus haut gradé ? Que depuis son corps a été retrouvé sans vie et celui de son chauffeur a disparu ?

 

13.               Le meurtre visiblement prémédité de Floribert CHEBEYA, plaie encore et toujours saignante dans nos cœurs, doit comme le dit Monsieur Etienne TSHISEKEDI, « nous inspirer pour que nous puissions avoir l'énergie nécessaire pour nous réorganiser et continuer la lutte pour l'établissement d'un véritable Etat de droit. »

 

14.               Aujourd'hui, cinquante ans après, qu'en est-il des conditions sociales des congolais ? Les questions aussi préoccupantes que celles de l'éducation et de la santé, de l'emploi, de l'habitat et du logement ne sont jamais résolument abordées. Pendant que le régime célébrait « son » cinquantenaire de l'indépendance, les fonctionnaires de l'Etat, en grève et impayés, observaient dans l'indifférence ces agapes !

 

15.               La corruption gangrène l'ensemble de la société et les responsables se trouvent être les dirigeants eux-mêmes ! Les conséquences de l'absence absolue d'une bonne gouvernance sont qu'il n'y a pas la consolidation de la cohésion sociale ni l'intégration et le bien être de la population. Le peuple ne peut donc pas espérer une croissance économique moderne qui augmenterait en moyenne le revenu individuel pour tous et non simplement pour une petite minorité de privilégiés, véritables sangsues qui sucent son sang.

 

16.               Aujourd'hui, cinquante ans après, qu'en est il de l'organisation du pouvoir et des mécanismes de participation des citoyens à la gestion des affaires publiques ?

 

17.               Des prétendues élections ont été organisées en 2006, des institutions ont été mises en place, une majorité factice de « parlementaires » s'agite dans des hémicycles, se pavane devant les caméras de télévision et pérore à longueur de journées derrière de micros. Et rien ne marche : les signes vitaux de la nation sont toujours au rouge et le pays est toujours en panne ! Force est donc de nous rendre à l'évidence que les élections n'ont pas été « un pas en avant ». La réalité tragique est qu'il existe une nouvelle forme de mascarade politique qui consiste à organiser une mascarade électorale qui met en place des prétendues « institutions » dont les animateurs, certains en toute bonne foi mais pleins de naïveté, et rien ne marche parce qu'une mascarade ne peut se prolonger que par un échec ! Cet état des faits a d'ailleurs été dénoncé par le Président des Etats Unis d'Amérique, M. Barack OBAMA, dans un discours prononcé lors de sa visite à Accra au Ghana et doit interpeller tous les peuples africains engagés dans la lutte pour l'émergence des véritables Etats de droit et de démocratie sur le continent.

 

18.               Cette interpellation ne doit pas être un vœu pieu ni un slogan creux mais plutôt consister en des pressions réelles et concrètes exercées sur le régimes africains, dont le nôtre, réfractaires à la bonne gouvernance et à l'Etat de droit et de démocratie pour les contraindre à organiser pour commencer des élections réellement libres, transparentes et démocratiques.

 

19.               Le Président National de l'UDPS va bientôt rentrer au pays pour organiser le Premier Congrès de son Parti et nous préparer aux élections générales de 2011 avec l'ambition de conquérir le pouvoir et l'exercer pour le seul profit du souverain primaire, le peuple congolais !

 

20.               Les forces politiques du changement ont le devoir de se serrer les coudes pour qu'à l'occasion des élections de 2011 il soit mis un terme définitif au cycle des « démocrature » dans notre pays et qu'enfin place soit faite, grâce à tous nos efforts conjugués, à un véritable Etat de droit et de démocratie au Congo !

 

21.               Je vous remercie !

 

Fait à Kinshasa, le 03 Juillet 2010

Godefroy Stanislas TSHIMANGA,

Coordonateur Adjoint de la Commission

chargée d'organiser le Congrès de l'UDPS



05/07/2010
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