La fracture politique persiste au sein de l’opposition

GEOPOLIS n°162 du mercredi 28 au jeudi 29 Août 2013

Concertations, c’est pour ce 4 Septembre 2013 :

La fracture politique persiste au sein de l’opposition

Après la signature du projet du Règlement d’ordre intérieur et le dépôt des conclusions du groupe de contact, il ne restait qu’à fixer la date du début des concertations et ceci fut fait ce mardi matin au palais du peuple. La date du 4 Septembre est celle qui verra la cérémonie d’ouverture de ces concertations nationales. Et le président Joseph Kabila a personnellement fait le déplacement du palais du peuple pour non seulement rencontrer le présidium, mais aussi se rassurer du bon déroulement des préparatifs.

Dix jours pour conjuguer tous les efforts et réaliser les performances logistiques en mobilisant les moyens et en permettant à ceux qui sont à l’intérieur et à l’extérieur du pays de joindre la capitale. Dix jours, c’est assez peu pour que les différentes composantes se mettent d’accord sur les listes définitives et que les contradictions principales entre l’Opposition et la Majorité soient totalement absorbées et que les autres difficultés soient résolues.

A ce jour, deux camps se dessinent quant à la participation aux concertations. Il y a d’abord le camp de ceux qui estiment qu’ils doivent y participer. Ce sont tous les membres de la Majorité qui ne peuvent qu’appuyer les initiatives du Président Joseph Kabila. A ce groupe, s’ajoute celui des opposants qui ont pris part au groupe de contact. Il y a parmi eux des figures ou ténors comme José Makila, Azarias Ruberwa, Clément Kanku, Ingele Ifoto, Joseph Olengankoy, Lisanga Bonganga, Professeur Mampuya, Thomas Luhaka… et en face de ce groupe, des concertations et qui estiment que c’est un non événement. A ce groupe, d’autres partis refusent d’y aller notamment ceux dirigés par Franck Diongo, Jean Lucien Busa, Jean Claude Vuemba Luzamba, Martin Fayulu… pour ce groupe proche d’Etienne Tshisekedi, il n’est plus possible pour eux de venir aux concertations car elles ne reconnaissent pas la victoire du leader maximo aux élections de 2011. C’est tout simple et c’est définitif, comme quoi avec l’UDPS on sait au moins à quoi s’en tenir. Le deuxième groupe de ceux qui refusent de participer au sein de l’Opposition est le Parti cher à Vital Kamerhe, qui estime que les concertations si tant qu’elles sont convoquées pour régler la question sécuritaire de l’Est, dans l’état actuel de leur organisation, et en prenant l’option de ne plus accepter les groupes armées, elles perdent ainsi leur potentiel de faire revenir la paix, alors elles restent juste bonnes pour des positionnements, très peu pour l’UNC ? C’est la position de ce parti qui n’est pas partie prenante aux concertations et qui se positionne en véritable censeur de ceux qui vont y aller et qui sont ainsi obligés de réussir sinon Vital Kamerhe aurait raison. Cette posture du leader de l’UNC est assez peu comprise dans la classe politique qui ne comprend pas comment lui le champion des négociations peut ainsi écarter d’un revers de la main l’opportunité de faire avancer les choses. C’est ici le lieu de dire que l’UNC croit que la solution ne sera pas trouvée de cette manière sans impliquer, selon d’autres points de vue, c’est accréditer la thèse de la prime à la guerre, et cela est devenu inacceptable. C’est une véritable équation qui se pose aujourd’hui à ceux qui sont dans le camp du refus tout comme ceux qui sont dans le camp de l’acceptation au sein de l’Opposition. C’est à la roulette russe que joue aujourd’hui l’Opposition. Si les concertations aboutissent à une véritable envolée politique du pays, ceux qui ont refusé d’y participer auraient ainsi décidé de leur mort politique. Mais s’il y a quelque raison que cela ne marche plus, alors le pays aura perdu du temps et des moyens, et avec lui, une franche des politiques qui auraient investi en vain. C’est donc le 4 Septembre 2013 que Joseph Kabila, le Président de la République, est appelé à prononcer un discours pour lancer ces concertations. A la sortie de la salle des banquets, quelques leaders politiques se sont prononcés :

  1. Evariste Boshab

La date du 4 est une date raisonnable car le groupe de contact a balisé le chemin et s’agissant des absents, la porte reste ouverte, les membres du présidium n’ont jamais exclu qui que ce soit. Nous pensons que tous les congolais qui sont intéressés par le salut de leur pays, par sursaut d’orgueil finiront par venir. A la question de savoir quel indicateur, selon lui, sera la marque de la réussite des concertations, le secrétaire général du PPRD dira que les concertations vont se dérouler et une dynamique va certainement s’installer alors il ne peut oser donner les indicateurs même s’il en a. quant à la situation dans la Province Orientale avec l’occupation par des forces ougandaises, il affirme que son parti s’est prononcé en condamnant ces graves violations et que les concertations sont justement là pour pouvoir trouver des solutions générales à tous les problèmes qui empêchent aux populations de vaquer librement à leurs occupations. C’est un moment indiqué. Lorsqu’on dirige un parti politique, on doit être optimiste et ceci ne signifie pas qu’il n’y a pas de difficultés à surmonter, a-t-il conclu.

  1. José Makila

La date du 4 Septembre ne pose pas un problème en soi, le problème c’est le temps des participants qui sont certains à l’intérieur du pays et d’autres à l’extérieur. Le plus important est que tout le monde soit là, car nous avons décidé que ce forum soit réellement inclusif. En ce qui concerne le Congo, j’ai une seule question à poser à mes compatriotes qu’ils soient de la Majorité ou de l’Opposition : 6 millions des morts cela ne suffit-il pas pour qu’on puisse se parler et regarder dans la même direction ? On a besoin d’un signal fort pour réussir ces concertations et le premier signal est la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion. Le deuxième préalable est la répartition des tâches en fonction des thématiques et le respect du mode de décision qui a été retenu à savoir le consensus. Celui-ci est à obtenir au sein des concertations en se basant sur les composantes et non dans les salles par une forme d’unanimisme.

Je ne suis pas prophète de malheur et je suis optimiste pour le Congo.

  1. Bahati Lukwebo

Le premier gage de réussite est la volonté affichée à prendre part au dialogue. Aujourd’hui, la Majorité, l’Opposition et la Société Civile sont mobilisées pour arriver à un consensus national sur les questions qui menacent le pays. Le fait seulement que les gens se rencontrent cela brise la glace. J’ai noté que certains sont absents, j’ai l’espoir que ceux qui, aujourd’hui, ne sont pas encore là vont rejoindre les concertations pour que notre pays aille de l’avant et que l’on puisse ensemble regarder l’avenir. Les concertations dépendent de la manière dont l’Opposition va les intégrer dans son cursus politique au regard de ce qu’elle représente pour le pays.

Robert Tanzey



29/08/2013
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