LE "NON" de KAMERHE AU PARLEMENT

Congo-Kinshasa: Troupes rwandaises en rdc - le non de Kamerhe applaudi par le parti de Kabila.
 
Kinshasa — Cadres du Comité Exécutif et parlementaires nationaux du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ont tenu, hier, une réunion marathon qui s'est terminée tard dans la soirée au siège du parti en vue de passer en revue la situation de l'heure. Particulièrement celle liée à la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais.
A cet effet, deux aspects du problème ont été analysés. D'abord, les participants à la rencontre ont voulu connaître la raison de la présence d'une armée étrangère au Congo. Ensuite, ont été évoquées deux questions capitales : qui a signé un tel accord du côté congolais et combien de temps ces troupes resteront sur le sol congolais et pour quelle mission précise ?
Comme il fallait s'y attendre, plusieurs participants, rappelant l'histoire récente de nos relations avec le Rwanda, n'ont pas caché leur amertume quant à cette présence. Des réactions de colère ont été par moment observées.
En somme, on a assisté à deux points de vue tranchés. Le premier, celui du secrétaire général du PPRD, Evariste Boshab, selon lequel « quelles que soient les faiblesses » de la décision, celle-ci ayant été prise au plus sommet de l'Etat, doit être appuyée. Il a donc profité de la réunion pour demander à tous les cadres et militants du PPRD de la soutenir. Par ailleurs, Evariste Boshab a fustigé l'attitude de certains membres du parti qui ont publiquement attaqué la décision, au risque de fragiliser les institutions. Mais déterminé à calmer le jeu, il a demandé aux membres de la famille politique présidentielle d'être tranquilles, tout en leur promettant la mise en place prochaine d'une commission chargée de s'enquérir de toute la situation et d'en faire rapport le moment venu.
Inquiétudes
                                             
                                        Evariste Boshab                                                    Vital Kamerhe
                      secrétaire général du PPRD                       Président de l'Assemblée nationale
 
En face d'Evariste Boshab, la deuxième position a été puissamment exprimée par Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, visiblement anxieux des implications qui entourent la présence des militaires rwandais sur le sol congolais. Puisant dans l'histoire, ce dernier a rappelé l'impressionnante série d'erreurs qui ont été commises par le passé dans le traitement de cette question. Vital Kamerhe a fait part de sa surprise d'entendre que les troupes de l'armée rwandaise se trouvaient déjà sur le sol congolais. Une situation qui contrarie les recommandations de l'Assemblée Nationale. D'où l'invitation qu'il a lancée à ses camarades pour ne pas mentir au chef de l'Etat ou chercher à provoquer des tensions inutiles au sein du parti. « Ce serait une mauvaise façon de servir le président de la République » a-t-il lancé.
 
Relevant la déception, la désolation et la colère de certains camarades du parti face à la présence des troupes rwandaises dans notre pays, l'ancien secrétaire général du PPRD a mis en exergue les faiblesses de cette décision. D'abord, selon lui, les soldats rwandais sont déployés là où il n'y a pas de rebelles FDLR (Kabunga, Rutshuru, etc.). Ensuite, il a dénoncé l'absence des mesures d'encadrement et d'évaluation de cette opération pour éviter que le corps expéditionnaire rwandais se comporte comme dans un pays conquis et cherche par plusieurs artifices et faux-fuyants à durer. Enfin, il a relevé, face à tous ces déficits, qu'il y a risque d'assister à des débordements du genre du massacre des populations locales de la Province Orientale, par les rebelles ougandais de la LRA (Armée de résistance du seigneur) durant leur débandade.
En somme, le président de l'Assemblée nationale a souhaité que la question soit ramenée dans les Institutions légitimes pour en débattre, sinon « on risque de faire croire que la RDC est dirigé par les gouvernements parallèles ».
Kamerhe très applaudi
Soulignons que la réunion du parti a cherché à entendre le président de l'Assemblée nationale sur les propos tenus par lui hier matin sur les antennes de la radio des Nations unies, Okapi, propos que d'aucuns sont allés jusqu'à qualifier de dissidence ou de désobéissance au chef de l'Etat.
 
Après avoir fait auditionné l'enregistrement à l'auditoire, Kamerhe a démontré que l'information répercutée par le ministre de la Communication et Médias faisait plutôt état de l'envoi par le Rwanda des officiers de renseignement, et non des troupes militaires pour combattre ou traquer qui que ce soit. « C'était une surprise pour moi de suivre cela à travers les médias périphériques », a-t-il enchaîné sous les applaudissements de ses collègues présents à la réunion. Il a par la suite mis les points sur les i en invitant tous et chacun à toujours faire la différence entre le statut de leaders avec les fonctions officielles dans les institutions. Chose qu'il faudra intérioriser pour éviter à l'avenir que de telles situations se répètent. Notamment celle consistant à penser du mal des autres en leur imputant des sentiments qu'ils n'ont pas.
Pas de consensus au PPRD
En tout état de cause, les observateurs avertis ont fait le terrible constat de l'absence d'un consensus sur cette question sensible, même au sein du parti présidentiel. Raison pour laquelle ces observateurs conseillent, si une décision, sur une matière sensible, suscite beaucoup de réprobations, d'en examiner les faiblesses, d'écouter la population et d'aller dans le sens de l'intérêt général en apportant d'éventuels correctifs.
 
Dans le même ordre d'idées, plusieurs analystes ont dénoncé les faiblesses de la communisation du gouvernement face à l'obligation d'informer correctement le peuple et de lui fournir des éléments concrets d'une analyse objective. Selon des informations qui restent à vérifier en effet, on croit savoir que les Fdlr se disent frustrés et payés en monnaie de singe après avoir, en son temps, aidé le régime congolais à faire face à sa propre rébellion. Ils se sentent par conséquent abandonnés et trahis. Par ailleurs, des sources non officielles laissaient entendre mercredi que certains officiels burundais étaient tentés d'ouvrir des couloirs pour permettre aux Fdlr de s'échapper, ce qui risque de faire monter la tension dans la région au moment où, ici et là, on entend des messages de soutien en faveur des rebelles rwandais. Signe que la situation pourrait échapper à tout contrôle sur le terrain et se retourner contre les populations, mais aussi et surtout que les inquiétudes formulées par Vital Kamerhe sont loin de constituer une simple vue de l'esprit.
 
Source; Le Phare
 
Madimbadier




26/01/2009
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