« Nous avons été infiltrés par des officines du pouvoir, nous demandons pardon au peuple »

LE SOFT INTERNATIONAL N°1048 DU LUNDI 31 MAI 2010

« Nous avons été infiltrés par des officines du pouvoir, nous demandons pardon au peuple »

Président-député MPCR, Jean Claude VUEMBA LUZAMBA estime que l'opposition a été infiltrée par des officines du pouvoir lors du dépôt de la motion de censure contre le gouvernement Muzito Fumunsi. Il demande pardon au Peuple de R-dC. Interview ci-après.

Pour comprendre ce qui s'est réellement passé, il faut considérer trois éléments, à savoir le fond, la forme et l'environnement. En ce qui concerne le fond, les griefs que nous avons retenus contre le gouvernement de la République sont tout à fait fondés et qu'ils reflètent les préoccupations des Congolais. Du point de vue de la forme, nous avons constaté que le groupe de signataires de la motion avait été infiltré par des officines et autres services de renseignement du pouvoir afin de commettre des irrégularités et des faux en écriture, piégeant ainsi l'Opposition politique dans le but de rejeter la motion une fois soumise au débat. Nous avons donc préféré la retirer afin de lui accorder toutes les chances d'être réintroduite. En ce qui concerne l'environnement, les actes de vandalisme commis par les militants du PALU ont créé un climat d'insécurité ne permettant pas le débat en toute sérénité.

Quels enseignements tirez-vous de cette plénière (rendez-vous) manquée ?

Nous pensons que l'Institution législative de notre pays ainsi que ses animateurs n'ont pas bénéficié du simple respect qui leur est dû de la part des Pouvoirs exécutif et judiciaire de la République. C'est comme si tout le monde peut impunément se permettre de ridiculiser les Députés nationaux, ce qui est inadmissible et intolérable en démocratie. Nous sommes également convaincus que le Bureau de l'Assemblée Nationale va de son côté tirer toutes les leçons de ces incidents malheureux et qu'à l'avenir, les dispositions utiles seront prises en vue de permettre aux Elus de la nation de remplir librement leurs obligations constitutionnelles. Cependant, en toute humilité, nous, Députés nationaux de l'opposition, signataires de la motion, demandons pardon au peuple congolais pour ce défaut de vigilance de notre part, ayant occasionné l'infiltration de notre groupe par les officines et services de renseignements du Pouvoir.

La nouvelle motion ne fait pas l'unanimité…

Au contraire, bon nombre de Parlementaires ont compris le bien-fondé de notre démarche et nous ont rejoints. De plus, le spectacle barbare et désolant que nous avons tous vécu a également convaincu ceux qui hésitaient et qui se sont finalement rendu compte que le PALU était un allié encombrant pour eux et difficile à gérer. D'ailleurs, il nous revient, des sources généralement bien informées, que la Majorité elle-même est entrain de collecter les signatures pour une motion de censure contre son Gouvernement.

Nous sommes certains que la prochaine motion aura beaucoup plus de chances d'aboutir.

Le coup attendu et manqué de mercredi 19 mai n'a-t-il pas signé l'arrêt de mort à toute motion.

Pas du tout ! Cette fois-ci sera la bonne. Car, à une année des prochaines échéances électorales, nombreux sont ceux qui se rendent compte qu'ils n'auront aucun discours à tenir devant la population et qu'il est donc temps de se ranger du côté de ceux qui défendent réellement les intérêts de la population. Même le PPRD, Parti phare de la coalition au Pouvoir, les critiques formulées contre le Gouvernement sont parfois beaucoup plus acerbes que les points de vue de l'Opposition, surtout lorsque l'on sait que dans toutes ses déclarations à l'Assemblée Nationale, le Premier Ministre ne cesse d'associer le Président de la République et la Majorité dans sa gestion quotidienne calamiteuse. Dieu merci, le rendez-vous électoral de 2011 pousse les uns et les autres à revenir à la raison.  

L'opposition ne s'entête-t-elle pas quand on sait qu'elle est battue par la majorité numérique ?

Certes, la Majorité numérique est dans le camp d'en face. Cependant, la maturité des Députés Nationaux, l'approche des élections générales ainsi que la confiscation de la démocratie démontrée par le PALU le 19 Mai, nous conforte dans notre conviction que l'heure de la recréation est terminée. Nous sommes convaincus que, cette fois-ci, il n'y aura pas de vote mécanique mais plutôt en âme et conscience.

Et si par impossible notre motion était rejetée, nous aurions eu le mérite de l'avoir introduite et défendue, permettant ainsi au peuple souverain de savoir pourquoi la misère l'accable.

Que gagnerait l'Opposition en exigeant et en obtenant la chute du Gouvernement Muzito II à quelques mois des échéances électorales ?

Il ne faut pas poser le problème en termes de victoire ou non de l'Opposition politique. Ce qui compte, c'est le peuple congolais. Qui n'attend que la satisfaction de ses besoins sociaux de base. Il gagnerait certainement de se voir débarrassé de ce Gouvernement incompétent qui ne lui apporte rien et qui reste insensible à leurs cris de désespoir. Nul n'ignore, en outre, qu'à ce jour, bon nombre d'anciens Ministres, ainsi que leurs Directeurs de Cabinet et Conseillers financiers ont quitté le pays par la pointe des pieds suite à leur megestion caractérisée, contournant de ce fait même le slogan « Tolérance Zéro ».

Le Porte Parole du Gouvernement, sur la Rtnc, qualifie l'Opposition de menteurs…

Les écritures saintes, au 42e verset du chapitre 6 de l'Evangile selon Saint Luc, nous apprenne la meilleure conduite à tenir par un homme responsable et de surcroit Ministre de la République et Porte Parole du Gouvernement.

L'Opposition congolaise ainsi que le peuple tout entier attendent jusqu'à ce jour la présentation au public d'un certain Udjani, Chef des rebelles Enyeles, qui aurait été livré aux Autorités et dont ce même Ministre avait annoncé à grand coup de publicité l'arrestation, allant même jusqu'à tromper la bonne foi du Président de l'Assemblée Nationale qui s'est vu contraint d'interrompre la Plénière afin de relayer l'ineptie de ce donneur des leçons.

Et que dire, de l'arrivée imminente de Kundabatware, arrêté au Rwanda et dont l'extradition était déjà acquise par les Autorités du pays…

L'Opposition n'est-elle pas divisée ?

L'Opposition en R-dC est plurielle. Cet état des choses requiert une gestion particulière étant donné que chaque Parti de l'Opposition a son idéologie propre. Ce qui nous regroupe, c'est la conviction commune que le peuple qui nous a mandatés ne se retrouve pas à travers le régime actuel.

Sur la désignation du Porte-parole de l'opposition comme sur cette motion de censure, le leadership MLC ne pose-t-il pas problème ?

Il était tout à fait normal que le MLC pilote ladite motion puisqu'il en était l'auteur.

Quant au Porte parole de l'Opposition, le point de vue du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, (MPCR), notre Parti Politique, est clair et constant. Pour nous, Jean Pierre Bemba Gombo qui représente 42% des suffrages des Congolais, est le candidat naturel à ce poste. En prison ou en liberté, un peu comme Nelson Mandela, c'est lui qui est le mieux placé pour occuper ce poste.

Cependant, nous tenons à rappeler que le Bureau Politique du MPCR avait décidé il y a de cela plus de 6 (six) mois de ne plus participer à aucune conciliabule à ce sujet. Curieusement, à quelques 15 (quinze) mois des échéances électorales générales, on constater que, comme par un coup de baguette magique, le Pouvoir tente de réactualiser ce dossier dans le seul but de diviser l'Opposition et de tirer les avantages découlant de la dissension qu'il aura créé parmi nous.   

Les élections auront-elles lieu en 2011 ?

Les élections doivent se tenir en 2011, sinon le pays sera ingouvernable et s'exposera à toutes sortes de désastres. A ce jour, aucun homme politique réfléchi de ce pays ne peut prendre cette responsabilité car aucun pyromane ne pourra éteindre le feu qu'il aura allumé.

Cependant, nous regrettons la persistance des mêmes erreurs commises en 2006. En effet, la révision actuelle du Fichier Electoral se déroule sans que le recensement, ne fut ce que scientifique. D'ailleurs, nous sommes informés que, dans le village de Vinda au bord du fleuve, dans le District de Boma au Kongo Central, des Angolais se font enrôler.

Nous aurions également souhaité que nos frères et sœurs de la Diaspora puissent eux aussi être inclus dans le processus électoral.

Allez-vous vous représenter en 2011 ?

Tel est le vœu de la population congolaise et des membres de notre Parti Politique. Je ne peux que m'y soumettre, étant donné que j'ai pris l'engagement de me mettre au service de mon peuple. Le MPCR alignera ses candidats à tous les échelons des scrutins de 2011 : de la présidentielle aux locales.

Que dites-vous du départ éventuel de la MONUC avant les élections ?

Il y a bien sûr un agenda caché… Nous avons besoin de la MONUC et surtout de sa logistique afin de permettre à notre pays de réaliser des élections acceptables par tous et éviter des nouvelles périodes de troubles. Beaucoup trop de sang congolais ont coulé ces dernières années du fait de l'inconscience de ses propres fils. Il est temps d'arrêter tout cela. C'est pourquoi, tout ce qui peut nous permettre de réaliser cet objectif doit être soutenu, telle que la présence de la MONUC lors des élections de 2011.

La MONUC ne doit-elle pas quitter le pays ?

Il est évident que la MONUC ne peut pas demeurer éternellement dans notre pays, au risque de nous amener à une occupation. Cependant, compte tenu du temps que la MONUC vient de passer au Congo, il sied de recadrer sa mission et ses objectifs. Nous sommes de ceux qui pensent qu'une MONUC tournée vers la reconstruction et le développement du pays serait plus intéressante que celle que nous connaissons actuellement. 

La date du 20 Mai rappelle aux Congolais la création du MPR, quelle signification donnez-vous encore à cette date ?

Le MPR a fortement marqué l'histoire et la vie politique de notre pays. Par simple honnêteté intellectuelle et pour permettre aux générations futures de s'approprier la vraie histoire du pays, cette date ne devrait pas passer inaperçue.

Hélas !  

Que dites-vous de l'héritage politique de Mobutu ? Vous réclamez-vous du Mobutisme ?

Je l'ai toujours affirmé et je le confirme solennellement ce jour que je me considère comme le dernier fils politique du Maréchal. Dans mon combat politique, j'ai toujours intégré cet héritage tout en veillant à lui dépouiller de tous ses aspects négatifs. Et vous conviendrez avec moi que dans la démarche d'un homme politique, ou de tout homme, il n'y a pas que du positif ou que du négatif ; les 2 cheminent ensemble.

Ma désolation réside dans le fait qu'à ce jour tous ceux qui étaient proches de Mobutu, que ce soit dans sa famille biologique ou sa famille politique, aucun ne s'est montré capable de pérenniser les aspects positifs de la pensée politique de ce Grand Homme d'Etat. Pis que ça, sa famille biologique, dont les enfants se retrouvent dans la coalition au Pouvoir, n'a pas été capable jusqu'à ce jour, par insouciance ou par inconscience, de rapatrier au pays les cendres de leur père.    

Vous êtes dur quand vous vous exprimez sur des contrats conclus par certaines entreprises du portefeuille de l'Etat…

Ma démarche à ce sujet relève de mes attributions de Député National, lesquelles m'obligent à ne jamais transiger chaque fois que les intérêts du peuple congolais sont abusés. Je ne prendrai pour exemple que le contrat léonin RDC-Ofida/CTC.

En effet, en ce qui concerne ce contrat, suite à ma motion d'information, la Plénière de l'Assemblée Nationale avait adopté à l'unanimité la constitution d'une commission d'enquête parlementaire dont le Bureau de l'Assemblée Nationale a du mal à mettre en place  jusqu'à ce jour. Cette affaire, qui frise le délit d'initié, la prise illégale d'intérêt, l'association des malfaiteurs, l'escroquerie de l'Etat Congolais, et tant d'autres faits répréhensifs prévus et punis par le Code Pénal de notre pays, ne peut pas passer comme une simple lettre à la Poste, dès lors qu'il y a plus de cent millions de dollars usd engloutis dans les poches de quatre Ministres de la République et certains Hauts Fonctionnaires.

La pollution de l'environnement est un dossier qui vous tient à cœur. Il y a l'affaire PERENCO ou celle du riz avarié de Congo…

Concernant les déchets toxiques de Kasangulu, le Procureur Général de la République, par sa lettre n° 3059/D.023/17568/PGR/SEC/2009 du 15 Juillet 2009 a instruit le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de et à Inkisi d'ouvrir des investigations quant à ce.

Comme quoi, le combat que je mène n'est pas inutile !

Quant au riz avarié, ma satisfaction réside dans le fait que la population congolaise a été épargnée des graves problèmes de santé publique, étant donné que les 6.000 tonnes de riz avarié ont été refoulées.

Au sujet de la pollution environnementale dans le Territoire de Muanda du fait de la société Perenco, j'ai été obligé de saisir les Tribunaux Européens face au laxisme frisant la complicité de nos Autorités tant judiciaires que de l'Exécutif.

Tous ces combats que je mène constituent la base de ma vision politique, laquelle est fondée essentiellement sur la défense et la protection des intérêts des Congolais. 

Qu'en est-il de vos négociations avec Les Verts de France ?

Grâce aux contacts de mon collègue et allié, l'Honorable Ruffin Mpaka, Président National du Parti Politique « Les Verts du Congo » et Député National de Kimvula dans le Kongo Central, nous avons été reçus par « Les Verts de France » qui ont compris le bien fondé de notre démarche et ont apporté leur soutien total à notre combat. Ils ont été indignés d'apprendre qu'une entreprise d'origine française, à l'occurrence PERENCO, se soit comportée en R-dC comme dans une jungle. Nous comptons beaucoup sur leur appui afin de pousser cette entreprise à respecter les règles internationales en matière environnementale, particulièrement l'application du principe « Pollueur/Payeur » récemment confirmé lors du dernier sommet de Copenhague auquel notre pays était malheureusement absent, alors que le bassin du Congo constitue une réserve naturelle mondiale. 

Parlons du découpage territorial…

Le découpage territorial est une obligation constitutionnelle consacrée par l'article 2 de la Constitution qui énonce clairement que la R-dC est constituée de la Ville Province de Kinshasa et de 25 Provinces. Cet article de la Constitution est tellement clair et limpide, qu'il ne donne lieu à aucun débat.

Cependant, nous nous retrouvons actuellement devant une situation de fait dû à l'incompétence et au manque de volonté politique de la part du pouvoir Exécutif en vue de mettre en application cette disposition pertinente de la Constitution. Je suis de ceux qui pensent, qu'au stade actuel, que les Districts qui se sentent capables d'être érigés en Provinces devraient être autorisés à fonctionner.

Car, dans tout processus, aussi long et difficile soit-il, ce qui compte c'est le premier pas. Il faut donc commencer, et commencer tout de suite !

 Patience KIMVULA

TSHIMANGA DOLAY

 

 

 



04/06/2010
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