Partis politiques : halte à la distraction !

Le phare n°4107 du jeudi 23 Juin 2011

Partis politiques : halte à la distraction !

 

Si un esquimau débarquait à Kinshasa, dans n'importe quelle ville ou localité de l'arrière-pays, il aurait la nette impression que les élections ont été renvoyées aux calendes grecques. Et pour cause ? A travers toutes les chaînes des radios et télévisions tant locales que nationales, les acteurs politiques de l'opposition passent le plus clair de leur temps à proposer des missions de médiation entre tel ou tel leader, à faire dis conférences-débats de restitution d'un voyagé effectué à l'extérieur ou à l'intérieur du pays, à prendre la parole ou à présider un atelier de renforcement des capacités humaines, à participer à des cérémonies de signature de la charte d'une alliance électorale, à débattre chaudement et commenter un article de la Constitution violé par tel ou tel courant politique de la majorité présidentielle ou à rendre compte d'un déjeuner lui offert par un membre d'une mission diplomatique accréditée en RDC. Bref, les leaders de l'opposition donnent l'image des gens qui passent tout leur temps dans la distraction, offrant ainsi l'impression d'éviter d'affronter leurs bases électorales alors que l'on se trouve déjà en pleine exécution du calendrier électoral, notamment dans sa phase la plus délicate et décisive que sont les opérations d'enrôlement pour l'établissement des listes électorales. Celles-ci, faut-il le rappeler, permettront à la CENI de définir les circonscriptions électorales sur lesquelles se baseront les partis politiques pour obtenir le nombre des voix leur ouvrant le chemin de la conquête de la majorité au parlement et dans les assemblées provinciales.

L'exemple viendrait d'ailleurs !

Toute la journée d'hier, les médias américains ont commenté abondamment la visite éclair du président Barack OBAMA sur l'Ile de Porto Rico. Une visite qui aurait pu passer inaperçue dans la mesure où ce pays bénéficie d'un statut particulier de faire partie des Etats Unis d'Amérique mais. Tout en, jouissant du droit de vote, aucun ressortissant ne peut jamais briguer le mandat présidentiel. Barack OBAMA, selon les commentaires des confrères américains, est le deuxième président américain à effectuer une visite dans cette île après feu John KENNEDY en 1961. Cependant, a-t-on ajouté, les habitants de cette île sont tous d'exj5ression hispanique et viennent souvent renforcer le poids électoral d'autres américains parlant l'espagnol avec un taux de 16% de l'ensemble des populations des Bats Unis d'Amérique. Au lendemain des évènements douloureux consécutifs à l'accident survenu sur la plate-forme pétrolière de la société B.R au large des côtes de l'Etat du Nouveau Mexique, le président américain s'était exhibé devant tous les médias en compagnie de ses deux filles en train de nager dans les eaux auparavant polluées par les tonnes des produits pétroliers provenant des fuites des tuyaux de la dite plate-forme ayant causé d'énormes dégâts sur l'écosystème.

Deux ans avant les primaires, les Républicains sont déjà en campagne électorale et des candidats sillonnent villes, localités, voyagent â l'étranger et multiplient des meetings et conférences à travers le pays. Ils prennent position sur les questions pouvant intéresser leur pays et le monde entier. En RDC, c'est toujours le silence radio.

Il ne se passe pas un jour sans que Nicolas SARKOZY n'effectue une descente dans une ville ou localité de son pays pour tailler bavette avec des ouvriers dont l'usine menace de fermer pour diminution de rentabilité économique ou délocalisation par la maison mère. Le fait-il pour se dégourdir les jambes ? Eh bien non, il en profite pour se rapprocher davantage de l'électorat en prévision des échéances électorales en vue et il le fait depuis son accession à la magistrature suprême en 2007.

Bien avant le vent des primaires au sein du Parti Socialiste français pour désigner le candidat commun devant affronter celui de là Droite, les médias de l'Hexagone font régulièrement état des déplacements de tel ou tel candidat à la candidature. Hier, l'on a fait état du ralliement d'un ancien proche de Dominique STRAUSS Khan, aujourd'hui rattrapé par le scandale de tentative d'harcèlement sexuel à New York en faveur de Martine AUBRY. Dans tous les pays du monde, à l'approche des élections, les leaders passent l'essentiel de leur temps mobiliser leurs bases respectives.

Défis majeurs

En RDC, les leaders de l'opposition sont plus intéressés par l'élection présidentielle et semblent oublier que celle-ci se déroulera le même jour et au même moment que les législatives nationales. Certains se sont découvert les talents des médiateurs entre certains prétendants candidats à la présidentielle pour affronter l'actuel locataire du Palais de la Nation. Ont-ils bien examiné l'esprit et la lettre de la Constitution de la République qui en réalité accorde les pouvoirs réglementaires les plus étendus au gouvernement, au Parlement et aux Assemblées Provinciales ? Au cas où l'opposition gagnait l'éjection présidentielle tout en perdant le parlement et les assemblées provinciales au profit de l'actuelle majorité, c'est cette dernière qui aurait à gouverner réellement tandis que le chef de l'Etat issu de l'opposition passerait son temps à inaugurer les ponts et chaussées. Son seul pouvoir serait de Procéder à la dissolution du Parlement deux ans après son entrée en fonction, sans pour autant être sûr de voir ses amis l'emporter. L'on se trouverait dans la fâcheuse position de Jacques CHIRAC tout au début de son premier mandat à l'Elysée lorsqu'au mépris des sondages d'opinion, il avait pris le risque de dissoudre le Parlement, permettant ainsi aux. Socialistes dirigés par Lionel JOSPIN de se taper à peu des frais la majorité parlementaire.

Des défis à relever pour l'opposition qui compte conquérir le pouvoir, il y en a à gogo. Au moment où les partis de la majorité présidentielle profitent de la présence de leurs pions à la tête de la territoriale, des services de sécurité civile et militaire, des entreprises du Portefeuille de l'Etat, des médias publics, les opposants ou ceux qui se prévalent de cette qualité sont absents de la scène. Leur absence se fait sentir dans les campagnes de mobilisation pour les opérations d'enrôlement. Les médias locaux ont dénoncé les enrôlements des enfants mineurs dans le Katanga et le Maniema. Du côté de l'opposition, c'est le silence radio, à l'exception de l'UDPS et de l'Union pour la Nation Congolaise de Vital KAMERHE. Les professionnels des médias piaffent d'impatience pour la publication de l'ordonnance présidentielle de nomination des membres du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication. Pas un seul son du côté de l'opposition. Qui oublie que la tragédie ivoirienne tire son origine de la position controversée de la Cour Constitutionnelle, présidée par u proche de l'ancien président. Laurent GBAGBO. A Kinshasa, personne n'en parle. Que des milices proches de la majorité présidentielle s'adonnent' publiquement à des bagarres à armes blanches en plein centre des affaires de la deuxième ville du pays, causant des dégâts énormes en infrastructures et en hommes, l'opposition semble plongée dans un sommeil profond. C'est une affaire des Ongs de défense des droits de l'homme et de médias, entend-on dire. Le réveil risque d'être douloureux lorsque la Majorité Présidentielle va l'emporter. L'on va verser des larmes de crocodile en criant haut et fort que les élections n'ont pas été libres, transparentes et crédibles. A l'image de la fable « la cigale et la fourmi » écrite au 17ème siècle par La Fontaine.



                                                                                                                            F.M.



27/06/2011
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