Tête-à-tête Kabila – Tshisekedi : Utopie pour la paix

L’Avenir n°5326 du vendredi 13 Juillet 2012

Tête-à-tête Kabila – Tshisekedi : Utopie pour la paix

Le président du MPCR, l’honorable Jean-Claude Vuemba Luzamba a tenu un point de presse hier, au siège de ce parti politique de l’opposition dite radicale, dans la commune de Ngiri-Ngiri. En sa qualité de Coordonnateur a.i des Forces acquises au changement (FAC), il a lancé un appel à la nation congolaise en rapport avec la situation de guerre qui prévaut dans la partie Est de la Rdc. Coup de chapeau à ceux qui l’entendent de cette oreille ! Toutes les forces vives de la nation disent se l’approprier et disposées à la braver. Au nom de la paix, il est louable que toutes les parties mettent la main à la pâte. La société civile avec son mémo au patron de la Monusco Roger Meece, les jeunes de Kivu qui veulent prendre les armes, les évêques qui haussent le ton après leur 49ème Assemblée épiscopale, c’est peut – être la voix des femmes qui ne se fait pas encore entendre dans cette guerre de l’Est aux manœuvres de M23 et les tireurs de ficelles proches et lointains,…coup de chapeau à ceux qui comprennent.

Quand les politiciens s’en mêlent

« Très chers Compatriotes, un voile assombrit de nouveau le ciel congolais. Notre pays est endeuillé. C’est la raison pour laquelle je m’adresse à vous ce jour pour éveiller la conscience collective de la Nation congolaise afin que nous puissions nous tenir prêts comme un seul homme pour défendre notre chère Patrie la République Démocratique du Congo », a commencé l’élu de Kasangulu. Il a en outre salué la mémoire des vaillants combattants qui tombent sur le champ de bataille pour la défense de l’indépendance, de l’intégrité territoriale de notre pays et de la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationale, observant même une minute de silence en hommage à tous ces concitoyens victimes de cette guerre injuste qui endeuille non seulement le Nord et le Sud-Kivu, mais le Congo tout entier.

Des observations véridiques

Cinq observations et trois propositions ont constitué la charpente de cette communication. D’abord, la population de notre pays, pendant la période coloniale et juste à la veille de notre indépendance, a toujours exercé en toute conscience sa solidarité active vis-à-vis de ses frères et voisins africains. Cette solidarité s’est souvent exprimée en termes de l’hospitalité congolaise. Pour ne prendre que deux cas, pendant la période coloniale, la population congolaise ne cessait d’accueillir ses frères angolais persécutés par la sauvage colonisation portugaise jusqu’à l’acquisition de leur indépendance en 1975. Cette marque de l’hospitalité congolaise continue jusqu’à ce jour. Par ailleurs, à la veille de notre indépendance, entre 1958 et 1959, par rapport à ceux qui avaient fui vers le Nord du Rwanda pour trouver refuge en Ouganda, la population congolaise a eu à accueillir sur son territoire ses frères rwandais, victimes d’une tragédie qui sévissait dans leur pays. Le peuple congolais les avait accueillis en frères et vivait avec eux en toute coexistence pacifique.

En plus de cette cohabitation, notre pays avait ouvert très largement les portes de l’intégration à ces frères africains qui se trouvaient sur notre territoire en qualité de réfugiés. La deuxième observation, un rappel au peuple congolais et à la Communauté Internationale a reposé sur deux faits suivants : « Notre pays, comme nul ne l’ignore, partage ses frontières avec neuf pays. Mais pourquoi, c’est toujours à partir d’un pays voisin et frère, le Rwanda que notre chère Patrie, la RDC, a toujours été agressée ? », S’est – il demandé. Et d’ajouter que « cette question inspire à revenir sur une proposition faite, en son temps, par le lider maximo Etienne Tshisekedi : ‘’je demande à mon frère Laurent Désiré Kabila de nous dire si nous leur devons une facture en rapport à leur effort de guerre pour le départ du Président Mobutu’’ ». Une autre observation de Jean – Claude Vuemba affirme que celui qui préside aujourd’hui à la destinée de la République de Rwanda, le Président Paul KAGAME, est le descendant des réfugiés rwandais qui avaient fui le macabre massacre qui a eu lieu au Rwanda entre 1958 — 1959. L’avant-dernière observation explique à tous les peuples épris de paix que toutes ces responsabilités assumées par l’Etat congolais et son peuple ne font que rentrer dans le cadre de l’exercice de ses droits, ses devoirs et ses obligations d’un Etat africain souverain. Ces responsabilités accomplies en toute liberté et fraternité n’étaient pas un signe de faiblesse et de naïveté.

En définitive, il a reconnu que la République démocratique du Congo n’avait et ne fait que prêcher l’amour et l’amitié entre les peuples. Cela est une évidence, car la Rdc n’a jamais agressé personne. Enfin, la cinquième observation rappelle au Gouvernement congolais que la paix est une nécessité pour la région des Grands Lacs, mais la stratégie politique de la recherche de la paix en n’importe quel prix est non seulement une dérive mais c’est une aberration.

Des propositions curieuses

De toutes ses observations, le Coordonnateur a.i des Forces acquises au changement (FAC) retient des propositions curieuses. De prime abord, il a lancé un appel solennel, compte tenu de la gravité et de l’urgence de la situation en présence, « au nom de la réconciliation et de la cohésion nationale, que tout soit mis en œuvre pour qu’autour de cette table de réconciliation nationale, le Président Joseph Kabila Kabange se retrouve avec le père de la démocratie congolaise, le lider maximo, le Patriarche Etienne Tshisekedi wa Mulumba ». C’est d’abord curieux d’entendre de la bouche de l’un des bras droits d’Etienne Tshisekedi que Kabila est Président ; Tshisekedi l’autoproclamé qualifié tout onéreusement de ‘’Père de la démocratie congolaise’’. Dans cette même logique, Jean – Claude Vuemba voudrait – il déclarer à la face du monde que son Etienne Tshisekedi, au nom de qui il était censé parler a déjà abdiqué au fauteuil qu’il revendiquait autrefois ? Soit. Mais, ce qu’il faut tout au moins louer c’est l’encouragement à une position unique qui serait le fruit de cette réconciliation : celle qui reprend la sauvegarde de l’indépendance de notre Patrie, l’intégrité de son territoire et l’expression de l’aspiration de l’ensemble des populations. « Parler d’une seule voix, telle sera la position que le peuple congolais aura à défendre à tout jamais devant Dieu et devant les peuples africains, ainsi que devant des Nations éprises de paix et de la sauvegarde de la sécurité internationale », a renchéri l’honorable Vuemba, souhaitant que les détails de cet accord soient conceptualisés par le gouvernement de la République et les forces de l’Opposition.

Des intrus du M23 à Kinshasa

Les observateurs avertis voient en cette main tendue de Tshisekedi, via Jean – Claude Vuemba, une machinerie. A moins que le sphinx ne se dédouane comme ce fut le cas dernièrement dans l’annonce de la cabale Tshisekedi – Ngbanda et Munene aux côtés des M23. A en croire ce document qui a circulé le mois dernier sur la toile, des intrus sous des casquettes de l’opposition seraient dans nos murs. Il faudra alors que Kinshasa ouvre l’œil et le bon. Tout appât n’est pas à prendre ; l’enfer est pavé de bonnes intentions. L’avenir nous en dira long. Cependant, les FAC demandent à l’Organisation des Nations Unies, ONU, de diligenter une commission d’enquête sur le sol congolais en vue de trouver toutes les sociétés multinationales, celles de droit congolais prestataires des services,

L’opposition prône le tabula rasa

Ce qu’il faut dénoncer dans cette démarche à première vue sans danger c’est qu’en se lançant sur une voie de négociations politiques, le gouvernement aura fait une passe en or à l’opposition qui, après avoir perdu les élections de l’année dernière, serait à la recherche d’un repositionnement. A cette allure donc, le cycle de l’année 2003 à Sun City est relancé. En outre, connaissant les stratégies des Limete et ses acolytes, il suffit que le pouvoir saisisse cette main tendue pour tourner ensuite au ridicule : des préalables seront posés en termes de libération de certains politiciens aux prises avec la justice, le reniement des institutions chèrement acquises au moyen des élections,…Il faudra certainement penser autrement.

L’Avenir

 



27/07/2012
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