Budget 2013 : les députés exigent le recadrage des priorités des dépenses
Budget 2013 : les députés exigent le recadrage des priorités des dépenses
Le débat général en cours à l’Assemblée nationale sur le projet de finances pour l’exercice 2013 s’appuie sur la nécessité de réduire les dépenses en les affectant à des secteurs prioritaires.
Devant le Premier ministre Augustin Matata Ponyo et les autres membres du gouvernement, les députés nationaux ont sévèrement critiqué le projet de budget 2013.
C’était au cours du débat général ouvert hier mardi 6 novembre au Palais du peuple. Dans son intervention, le député Henri-Thomas Lokondo Yoka s’étonne que le gouvernement qui a toujours déclaré fonctionner sur base caisse présente un budget en déséquilibre avec un gap de 104 milliards de Fc.
« Le gouvernement sait que c’est interdit par la loi du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques de l’Etat en son article 14 de présenter un budget en déséquilibre... Nous avons toujours considéré notre gouvernement comme un gouvernement de rigueur. La rigueur veut dire l’austérité. L’austérité en droit budgétaire veut dire la baisse des dépenses et éventuellement la hausse des recettes. Un budget qui se veut austère ne peut avoir plus de dépenses que de recettes », indique-t-il.
Aussi, le député Lokondo s’interroge sur la diminution des recettes du secteur minier. Chiffrées à un total de 392 millions de dollars pour l’année 2012, ces recettes du secteur minier ne contribueront qu’à la hauteur de 163 millions de dollars américains dans le projet de budget sous examen.
S’agissant des recettes extérieures, Henri-Thomas Lokondo demande au gouvernement de vérifier les calculs. « Comparativement à celles qui avaient été prévues en 2012, le gouvernement dit que les recettes extérieures représentent 26,3% des recettes totales du budget, soit un taux de régression de 21,9%. Or, les recettes extérieures de 2012 représentent 37,7% des recettes totales. Cela veut dire que le taux de régression ne peut pas être de 21,9% mais plutôt de 11,4% », fait-il remarquer.
Parmi les autres préoccupations soulevées, il
s’inquiète sur la paralysie depuis plus d’une session de l’assemblée
provinciale de l’Equateur. « Je demande au gouvernement de tout faire,
pour faire quitter la province de l’Equateur du statut de la province bananière
gérée par procuration par certaines architectes de la prédation au statut d’une
province normale faisant partie de la RDC », déclare par ailleurs le député
national Henri-Thomas Lokondo.
Intransigeance de l’Opposition
Comme lui, d’autres élus de la Majorité dont les députés Deo Indulu, Mashako Mamba, Kenda Jolie Jolie en appellent à la recevabilité de ce projet. « Parce que l’examen et le vote du budget c’est notre devoir, je crois qu’en toute responsabilité, nous devons recevoir ce projet de budget, et l’enrichir comme il se doit, au niveau de la commission ECOFIN pour le conformer à plus de réalisme », a conclu la député MSR Kenda Jolie Jolie.
De son côté, l’Opposition fait montre d’intransigeance.
« Dire oui à la loi de finances sous examen équivaut à renforcer les inégalités économiques et sociales au sein d’un même pays », indique le député Jean-Lucien Bussa. Ce dernier justifie sa conclusion en relevant entre autres ce qu’il qualifie de carence de vision stratégique sur le développement harmonieux de la RDC caractérisée par des allocations plus que disproportionnelles des crédits entre les provinces, et le manque de cohérence entre la politique budgétaire, le programme du gouvernement et le DSCRP.
« Il me paraît antinomique que le gouvernement évoque l’amélioration de cadre de vie pendant que ses prévisions budgétaires en faveur de cet axe prioritaire diminuent de près de 20 millions de dollars américains », souligne le député MLC Bussa. La question des recettes du plateau continental est évoquée par le député Jean-Claude Vuemba Luzamba.
« Pour accroître les recettes du plateau continental, nous attendons toujours les 600 millions de dollars américains de la zone d’intérêt commun que le gouvernement angolais de l’époque du ministre des Hydrocarbures, Lambert Mende. Le Premier ministre nous parle de 9 millions de barils réalisés en 2012 et peut-il nous dire combien il y en avait en 2011 », s’interroge l’élu de Kasangalu. Jean-Claude Vuemba plaide aussi pour la protection de l’écosystème à Muanda et les environs, et l’application de la politique de pollueur-payeur.
Dans le domaine des infrastructures, le député Kanku Bukasa wa Tshibuabua constate une gestion qu’il juge de « calamiteuse ». « Les chantiers sont improvisées et souvent inachevés sans se soucier des fonds publics. Les cas du boulevard Lumumba et des avenues de la Libération ex-24 Novembre en disent long », argumente-t-il. Et d’ajouter : « Je m’en voudrais de ne pas relever la disparité dans la répartition des projets entre provinces. Beaucoup trop pour les unes et pas grand-chose pour les autres. Le cas du Kasaï Occidental où nous n’avons ni route, ni pont sans oublié le territoire toujours oublié de Dibaya ».
Ce mercredi 7 novembre, le débat se poursuit et devra aboutir après la réplique du Premier ministre, sur la recevabilité ou non du projet de loi des finances 2013.