JOURNAL LE SOFT du 10 Octobre 2008
Photo RTKAVKA
10 octobre 2008
Le Soft : Vous revenez des vacances parlementaires,
quelle signification vous y donnez ?
Honorable Jean-Claude Vuemba : C’est la grande manifestation de
Le Soft : Quel constat dressez-vous de vos récentes
vacances ?
JCV :
Je dois vous dire la vérité… Dans le territoire de Kasangulu, ma
circonscription, la population a les mêmes préoccupations depuis toujours. Non
seulement la situation ne change pas, elle s’aggrave. Les gens vont jusqu’à
nous demander à quoi sert finalement notre présence à l’Assemblée Nationale et
si nous ne sommes pas seulement motivés par le pécule et les dividendes dont
les députés et les sénateurs bénéficient.
Le Soft : Vous avez passé combien de temps aux côtés
de vos électeurs ?
JCV :
Un mois, tout juste. En réalité, je suis tous les jours avec mes électeurs. Je
passe 250 jours sur les 365 de l’année dans mon territoire de Kasangulu. Même
pendant la session, j’y passe souvent le week-end. Je me rends partout : à
Luila, Kasangulu, Lukunga Mputu, N’Djili Brasserie… Mais c’est difficile de se
rendre pour le moment à Lukunga Mputu, parce que le pont de Dingi-Dingi s’est
effondré depuis le mois de juillet.
Le Soft : Quelle initiative avez-vous
prise ?
JCV :
J’en ai informé le ministre d’Etat chargé de l’Intérieur et de
Le Soft : Qu’est-ce qu’il vous a dit ?
JCV :
Il m’a promis qu’il allait dépêcher sur le lieu une équipe de l’Office des
routes.
Le Soft : Elle s’y est rendue ?
JCV :
Pas encore ! Pourtant, sans le pont, Dingi-Dingi est enclavé. De
Dingi-Dingi à Mayinda, sur une distance de 75 Km, la route est impraticable. A
Kisantu, le Président de
Le Soft : Revenons à votre circonscription qui est
Kasangulu…
JCV :
Encore faut-il pouvoir y accéder librement ! La police routière a
multiplié les barrages bien souvent à des fins inavouées. Sinon, il y a aussi
le dossier relatif aux résultats des examens d’Etat. Est-ce que vous pouvez
comprendre que le territoire de Kasangulu, qui est considéré depuis longtemps
comme une des pépinières dans la formation scolaire, fasse 15% de réussites aux
examens d’Etat ? J’y reviendrai.
Et puis, il y a
également la présence des militaires de
Le Soft : C’est une prison de haute sécurité, c’est
normal qu’elle soit gardée par des éléments armés…
JCV :
En tout cas, pas par
Le Soft : Quels sont les autres problèmes avérés de
Kasangulu ?
JCV :
La ville de Kinshasa voudrait installer une décharge publique dans le village
de Limbunu qui se trouve à Kasangulu ! Souvenez-vous que j’ai chassé
Autre
problème : environ 80% des habitants de Kasangulu n’ont pas accès à l’eau
potable et à l’électricité. Pourtant, nous avons deux barrages hydroélectriques
(Zongo et Nsanga). Par ailleurs, ce territoire n’a pas de morgue. L’ancien
gouverneur, feu César Tsasa di Tumba, avait posé la première pierre de la
construction d’une morgue à Kasangulu, mais le projet s’est arrêté là. On est
obligé de se rendre, soit à Kinshasa, soit à Kisantu. Il y a aussi les routes
qui sont en piteux état… Parmi les routes à moderniser par le gouvernorat,
celle qui va de Kasangulu à Songololo, le village natal de ma mère, et celle de
Vululu à Mawida. Et pour les travaux, on a remis dix brouettes, cinq pelles et
7 houes à la population. De qui se moque-t-on ? Un tracteur aurait suffi
pour baliser la route ! Chez eux, au Bas-Fleuve et dans les Cataractes,
ils ont envoyé plusieurs tracteurs.
Le Soft : A propos de la décharge publique, il nous
revient que les gouverneurs de Kinshasa et du Bas-Congo ont trouvé un
compromis ?
JCV : Ce
n’est pas vrai ! La population ne l’acceptera pas, croyez-moi ! Je
vous jure qu’on viendra nous tuer pour ça.
Le Soft : Depuis que vous êtes député national, quelles
actions avez-vous déjà menées en faveur de vos électeurs ?
JCV :
Nous avons réhabilité les écoles et le centre de santé de Luila. Nous avons
demandé et obtenu qu’une extension de l’ISTA soit installée à Kasangulu… Sans
parler des actions en faveur des associations que nous montons ou encadrons.
J’ai aussi organisé un colloque sur les échecs aux examens d’état et bien
d’autres actions en faveur des entreprises.
Le Soft : A votre avis, pourquoi la situation dans
l’arrière-pays est-elle pire qu’avant ?
JCV :
C’est simple, il y a la mauvaise gouvernance, tant au niveau de Kinshasa
(gouvernement central) qu’au niveau du Bas-Congo (gouvernement provincial). Il
y a une véritable incompétence dans la gestion de la population. Par exemple,
Kasangulu ne bénéficie même pas de 10.000 dollars par an du péage sur la route
nationale n°1. Où va tout cet argent ? D’ailleurs, je vais demander qu’un
audit soit diligenté à ce sujet auprès du ministère de l’Intérieur et
Décentralisation. Je reviens à l’enseignement. Les écoles et les internats de
Kasangulu sont majoritairement (60%) fréquentés par les élèves venant de
Kinshasa. Mais, les enseignants, eux, n’ont pas de prime, contrairement à ceux
de Kinshasa.
Le Soft : Mais la prime des enseignants est organisée
et gérée par les écoles elles-mêmes ?
JCV : Ce
n’est pas normal que les uns la touchent et les autres pas. Et c’est pour cela
que j’ai demandé à l’administrateur du territoire de recenser tous les élèves,
leurs origines et leurs adresses. Ainsi, on saura qui vient étudier à
Kasangulu. Faute de motivation, les enseignants désertent les écoles de
Kasangulu, pour aller voir ailleurs…
Le Soft : Où, par exemple ?
JCV :
Ils préfèrent partir à Kisantu, Mbanza-Ngungu ou carrément venir à Kinshasa…
Pourtant, le ministre de l’EPSP, Maker Mwangu, pour lequel j’ai beaucoup de
respect, m’a donné plus de 50 agréments d’écoles et a résolu le problème de
mécanisation pour plus de 50 enseignants de Kasangulu. Ce n’est pas suffisant,
nous devons aller plus loin. Et pour cela, les enseignants doivent avoir les
mêmes avantages que leurs collègues de Kinshasa.
Le Soft : Apparemment, vous en voulez à la ville de
Kinshasa et à ses dirigeants ?
JCV :
Non ! Ce sont les faits, les problèmes qui se posent. Par exemple, les
habitants de Kasangulu avaient une fâcheuse manie de fournir, à tout prix, à
Kinshasa les braises et le bois de chauffage, sans songer au reboisement.
Maintenant, Kasangulu commence à manquer d’arbres à même de protéger son
écosystème. Et comme si cela ne suffisait pas, des malins venus de Kinshasa
poussent la population à couper les bambous.
Le Soft : Pour quoi faire ?
JCV : C’est
pour la fabrication des allumettes, des brochettes, et des cure-dents.
Le Soft : A vous entendre parler, on dirait que vous
prônez l’irrédentisme identitaire ?
JCV :
Je suis partisan de la liberté. Je me suis toujours battu contre le fédéralisme
et j’ai demandé à la population congolaise de ne pas voter pour
Le Soft : C’est sérieux ?
JCV :
J’attends le nouvel administrateur du territoire pour que nous puissions tenir
les états généraux sur ce problème des concessions et des fermes de Kasangulu.
En même temps, je suis en contact avec une ONG finlandaise pour le reboisement
de plus d’un million d’arbres à Kasangulu.
Le Soft : Quel serait alors l’objectif de ces états
généraux sur l’environnement ?
JCV :
Je suggère, par exemple, que les concessions et les fermes qui sont abandonnées
soient reprises par l’Etat, de sorte que nos mères, nos femmes et nos enfants
puissent s’adonner à l’agriculture. Des gens occupent plus de 100 hectares,
mais n’en exploitent qu’un seul… Pourquoi ne pas céder une partie à la
population pour les travaux des champs ?
Le Soft : Sans doute que l’aspect touristique, qui
fait désormais défaut à Kasangulu, sera évoqué lors de ces assises ?
JCV : Ce
n’est pas du tout correct de dire que Kasangulu a perdu de son attrait
touristique. Je vous dirai qu’il y a des hôtels en construction. Certes, la
vitrine de Kasangulu a longtemps été l’hôtel « le Relais » du feu
baron Manoka. Il avait été pillé. Mais, je vous citerai mon village Matanda qui
est à la source des chutes de Zongo. C’est une source intarissable, du 1er
janvier au 31 décembre. Vous avez aussi la chute de Luzumu, mais il faut que la
route soit viable. Je viens d’y poser un pont, il y a 15 jours. Avec le retour
des pluies, je ne sais pas combien de temps il va résister. Par ailleurs, je
vous informe que des Congolais de France vont conduire une mission des
Brésiliens à Kasangulu. Il est question de voir comment y faire la culture du
tournesol. Vous savez que le tournesol amène beaucoup des choses. Bref, tout
cela n’aura de sens que quand les infrastructures routières seront mises en
place, en sachant que nous sommes exclus des Cinq chantiers de
Le Soft : Vous dites si bien «
Chantiers de
JCV :
Citez-moi un seul chantier qui est exécuté à Kasangulu ?
Le Soft : Avez-vous pendant la campagne électorale
fait des promesses à la population pour vous faire élire ?
JCV :
La population de Kasangulu m’a élu en sachant que le rôle d’un député national
est de sauvegarder et de préserver ses intérêts. Le député national n’a pas
d’argent pour jeter un pont, construire des écoles ou des hôpitaux… Le député
national fait plutôt pression sur le gouvernement pour qu’il s’assume :
construire des routes, des hôpitaux, des morgues, etc., pour sa population.
Personnellement, je n’ai jamais promis à la population de construire des routes
ou des édifices publics. Toutes les actions sociales que j’entreprends à
Kasangulu sont réalisées grâce à mes propres moyens. J’avais promis une école
supérieure, l’ISTA est là. J’avais promis une station de radio et de télévision
communautaire, KVK est là.
Le Soft : C’est votre propriété ?
JCV :
Non. C’est une chaîne qui appartient à une ONG. C’est elle qui a fait des démarches
auprès du ministre de
Le Soft : L’actualité dans le pays reste encore
dominée par la démission du Premier ministre, Antoine Gizenga Fundji. Quelle
réflexion préliminaire vous inspire-t-elle?
JCV :
Je suis un combattant de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme.
C’est pour vous dire que je respecte le Premier ministre, mais je trouve que sa
démission tardive n’est pas sincère.
Le Soft : Pourquoi dites-vous cela ?
JCV :
Le motif qu’il a évoqué, celui du poids de l’âge me renvoie à l’histoire de ce
pays. En 1960, le président Joseph Kasa-Vubu (Abako) limogeait le vice-Premier
ministre Antoine Gizenga (Psa), le même, pour incompétence. Et 47 ans après, ce
n’est pas le Président de
Le Soft : Vous voulez dire que Gizenga est parti sous
la pression populaire ?
JCV :
Nous disons que la population a eu raison de le faire partir. Quand Gizenga
fait allusion à son âge, mais de qui veut-il se moquer ? Il y a une année,
tout juste, nous lui avons dit à l’Assemblée nationale que son âge méritait la
retraite. Il a répondu qu « il était prêt à servir le Congo pour 5
ans ». D’ailleurs, dit-il, le roi Léopold II ne s’était jamais déplacé
pour diriger le Congo. Nous avions compris que c’était une façon de masquer son
immobilisme et se comparant à Léopold II, il en dit long sur sa gouvernance ! ! Et
lorsque l’on insinue que le Président de
Le Soft : Au PALU, par contre, on soutient que le
Premier ministre n’avait plus confiance en certains ministres et certains
collaborateurs du chef de l’Etat ?
JCV :
C’est un discours entre copains… Quand Godefroid Mayobo dénonce le détournement
de plus d’1 milliard de dollars, de 2006 à ce jour, de quoi payer 270.000
fonctionnaires pendant deux ans à raison de 200 dollars par mois, qui a été
interpellé ou convoqué devant la justice ? Ils se fichent pas mal du
peuple ! Souvenez-vous du procès Likopa ! Le PALU cherche à retrouver
la place qui était la sienne dans l’opposition. Mais après sa collaboration
avec les néo-barons congolais, il va avoir du mal à justifier sa gouvernance.
Certains ministres ne cessaient de critiquer en privé le Premier ministre pour
son immobilisme. Est-ce que vous pouvez comprendre qu’en près de deux ans au
pouvoir, Gizenga recevait très rarement ses ministres et jamais plus de deux ou
trois minutes… Qu’il n’a jamais fini les réunions du Conseil des ministres et
que c’est Godefroid Mayobo qui les poursuivait. C’est tout simplement pour vous
dire que le Congo n’a jamais été autant pillé, jamais été autant en insécurité
que sous le gouvernement de Gizenga. Elle est où, la sécurité qu’il nous a
promise à l’Est ? Aujourd’hui, je lui souhaite une très bonne retraite et
je me réjouis de son départ. Il savait que son passage au Parlement allait être
très dur et il a préféré démissionner avant de subir cette épreuve.
Le Soft : Le PALU prévient que si on lui arrachait la
primature, il quitterait les institutions. Ne craignez-vous un déséquilibre
dans le rapport des forces à l’Assemblée nationale ?
JCV : Le
PALU a 33 députés, cela va changer quoi ?
Le Soft : Est-ce que vous vous êtes réunis à
l’opposition pour arrêter une stratégie commune à la suite de la démission de
Gizenga ?
JCV :
Le problème n’est pas là. L’opposition qui s’organise doit d’abord construire
une plate-forme commune en vue de reconstruire le pays, et nous y travaillons.
Le Soft : Que
pensez-vous de la déclaration incendiaire du général rebelle Laurent
Nkunda-Batware-Mihigo sur son option militaire finale jusqu’à Kinshasa, la
capitale de
JCV : Ce qui passe à l’Est du Congo me glace dans le dos.
Car, je vois des milliers des Congolaises et des Congolais mourir et souffrir
atrocement pour des raisons inavouées et
aujourd’hui connues de tout le monde. Nous savons tous que le Président Joseph
Kabila l’avait déclaré : « Le Rwanda y est pour quelque chose
sur ce qui se passe à l’Est du pays. » Ca me rappelle deux ans en arrière
les propos prophétiques du Président Etienne Tshisekedi wa Mulumba,leader de
l’Udps,qui lui a valu une relégation à Kabeya Kamuanga dan son Grand Kasai
natal: « Je demande à mon frère Laurent Désiré Kabila d’exiger à ses
amis burundais,ougandais et rwandais leurs factures de guerre pour avoir aider
les Congolais à renverser le régime du
Maréchal Mobutu Sese Seko ». Il est plus que temps pour
Le Soft :
Etes-vous prêts à entrer dans un gouvernement d’ouverture, comme d’aucuns le
préconisent ?
JCV : En
ce qui concerne l’ODR, mon groupe parlementaire, la réponse est non. On ne peut
pas aller dans un gouvernement d’union nationale sans programme commun. L’AMP
et le PALU et l’UDEMO doivent travailler
et achever leur mandat qui court jusqu’en 2011. Quant à nous, nous attendons
l’alternance. Nous ne pouvons pas entrer dans un gouvernement d’extrémistes qui
bradent les richesses du Congo en échange des miettes que laissent les pilleurs
étrangers.
Le Soft : Autre question d’actualité, c’est la
désignation du porte-parole de l’opposition. Ca fait polémique ?
JCV : Nous
sommes 140 députés à vouloir que le chairman du MLC Jean Pierre Bemba Gombo
soit le porte-parole de l’opposition. Mort ou vivant, en prison ou en liberté,
jusqu’en 2011.
Le Soft : Que gagnerez-vous que Bemba soit le leader
de l’opposition, alors qu’il risque de faire la prison, puisque poursuivi par
JCV : Nelson
Mandela est resté en prison pendant 27 ans, mais il était toujours le président
de l’ANC. Jean Pierre Bemba se trouve injustement à
Le Soft : Voulez-vous dire qu’Olivier Kamitatu est
aussi impliqué dans cette affaire ?
JCV : Le
porte-parole de
Le Soft : Mais les autres, se fondant sur les textes,
contestent le choix porté d’office sur Bemba ?
JCV : Le
président Gilbert Kiakwama, des Chrétiens-Démocrates, nous a envoyé une lettre
aux fins des discussions. Dans son groupe, la moitié des députés veulent un
autre candidat, alors que tous les 110 députés et sénateurs du MLC, tous les
députés et sénateurs de l’ODR ont déjà porté leur choix sur Jean Pierre Bemba.
De son côté, le RCD a mis sur la table un autre règlement intérieur. Gabriel
Mokia et Richard Ezuluwa ont aussi le leur…
Le Soft : Et donc le consensus est difficile à
trouver ?
JCV : Comme
nous ne nous entendons pas, c’est clair que nous n’allons jouer le jeu de la
démocratie interne.
Le Soft : C’est-à-dire ?
JCV :
Le vote.
Le Soft : Quand est-ce que ce vote
intervient ?
JCV : Nous
allons nous concerter dans quelques jours avec les autres amis qui ne sont pas
aux institutions. Et nous allons écrire officiellement aux Présidents de deux
Chambres…
Le Soft : Pensez-vous que Bemba sera
libéré ?
JCV : Jean Pierre Bemba sera parmi nous
avant 2011. Il va être libéré. Et, en 2011, il aura beaucoup des chances pour
devenir Président de
Le Soft : C’est un peu hâtif comme pronostic ?
JCV : S’il
y a eu 33 candidats, en 2006, il y en aura au moins 64, en 2011, dont 4 de
l’opposition et 60 de la majorité. C’est connu.
Le Soft : Il y a deux affaires politico-judiciaires
dans lesquelles vous êtes impliqué personnellement. Il s’agit de l’affaire du
riz souillé de Congo Futur et du procès des membres de BDK. Quels commentaires
faites-vous ?
JCV : Ne
faisons pas de l’amalgame dans l’affaire des adeptes de Bundu dia Kongo. Quand
des membres de BDK enfreignent la loi, faut-il y voir l’ombre de Ne Mwanda
Nsemi ? Si un catholique a des démêlés, doit-on interpeller Mgr Laurent Monsengwo ou
le pape Benoit XVI ? Le rapport de
Le Soft : Pourquoi soutenez-vous Ne Mwanda
Nsemi ?
JCV : Je
suis un combattant de la liberté, de la démocratie, de la résistance et des
droits de l’homme. Je ne suis pas un tricheur et la population sait que je
défends ce qui est bien et juste. Lisez notre rapport et vous serez surpris. Il
n’y a pas de complaisance. J’ai dénoncé certains comportements des membres de
BDK, qui, après le dépôt de notre rapport, pourra faire l’objet d’une saisine
de la justice.
Le Soft : Vous voulez dire qu’ils doivent être
poursuivis par la justice ?
JCV : Je
vais vous faire un aveu : pendant 15 jours, l’Honorable Ne Mwanda Nsemi a été très froid envers moi,
après avoir pris connaissance de ce rapport.
Le Soft : Qu’est-ce qu’il vous a
reproché ?
JCV : Il
a dit que je suis allé trop loin en incriminant des membres de BDK… Mais je
suis un légaliste et je sais ce que j’ai vu et entendu.
Le Soft : Donc, vous avez confirmé l’existence des
champs de chanvre et des centres d’entraînement, par exemple ?
JCV : J’ai
conduit la délégation parlementaire à Matadi, et le gouverneur du Bas- Congo nous
a proposé des membres de l ’ administration provinciale,entre autres des
fonctionnaires ,des soldats et des policiers. Au total, 12 personnes. Avec eux,
nous avons enquêté : pas de champ de chanvre. Nous sommes dans un pays où
tout peut se dire. Ici même, on avait jadis traité Etienne Tshisekedi wa
Mulumba de fou… Quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse de la
rage.
Le Soft : Mais vous n’allez pas nier le discours,
soi-disant haineux et xénophobe, du député Zacharie Badiengisa alias « Ne Muanda
Nsemi ? »
JCV : Je
ne peux pas accepter ce genre des propos. C’est un faux prétexte de dire que
certaines personnes ont été instrumentalisées. Le message de BDK est
clair : il est de bon ton que les entreprises, comme OCC, Ogefrem, SNEL,
REGIDESO, Ofida et Onatra, si elles veulent embaucher pour leurs services dans
le Bas-Congo, accordent la priorité (90%) aux résidents du Bas-Congo, aux
originaires comme aux non originaires sans discrimination. Retenez bien la
nuance ! S’il n’y a pas localement l’expertise recherchée, alors ces
entreprises peuvent recourir à une expertise extérieure, hors province. Ils ne
disent pas qu’il faut prendre un Mukongo, mais un résident dans le Bas-Congo.
D’ailleurs, on oublie que le Bas-Congo est la seule province qui ait dans son
assemblée provinciale des députés (deux) non originaires. L’un est du Bandundu
et l’autre du Katanga. Où se trouve la xénophobie ? Ma femme et mon
assistant parlementaire sont du Kasaï. C’est pour cela que je vous dis que cette
affaire a été politisée à outrance.
Le Soft : Et l’affaire du riz souillé. On dit qu’un
certain lobby vous utilise contre Congo Futur ?
JCV : Je
ne travaille que pour un seul lobby : la population ! La vérité est que les gens m’appellent
de partout pour me faire rapport ou pour me transmettre des documents
importants. Ce riz est venu de
Le Soft : A quoi
attribuez-vous le fait que les recommandations et les résolutions de
l’Assemblée nationale ne soient pas suivies d’effet ?
JCV : En premier lieu, au fait que la démocratie ne
fonctionne pas comme elle le devrait. Derrière l’immobilisme du gouvernement et
de la megestion de la chose publique, il y a les pratiques scandaleuses qui
bloquent tout. Si des Députés ne peuvent pas mettre leur nez dans les affaires
publiques, alors il n’y a pas de véritable démocratie. Voilà pourquoi la
corruption prospère ! Pour faire bouger les choses, il faudrait une
majorité des parlementaires pour réclamer de nouveaux pouvoirs à l’Assemblée
Nationale. Nous sommes les représentants élus du peuple et, à ce titre, nous
devrions être en première ligne de la démocratie, mais la route est longue vers
la liberté et l’autodétermination...
Heureusement,
quelques membres de la majorité avaient compris que Gizenga devait partir. J’ai
suivi d’ailleurs l’Honorable Tryphon Kin-kiey à Masimanimba, qui déclarait que,
cette fois-ci, l’Assemblée nationale allait désormais jouer son rôle. Ce n’est
pas parce que l’on fait partie de l’AMP que l’on doit laisser mourir le pays.
Le Soft : Quel est le profil pour le prochain Premier
ministre ?
JCV : Il faudrait un homme de rupture avec les 47 années
de megestion, un homme fort qui ne laisserait pas faire le Président de
Le Soft : Et les nominations dans
la territoriale?
JCV : Le Chef de l’Etat peut le faire dans ses
prérogatives, certes. Mais le moment choisi est malsain. C’est dans les
habitudes politiciennes de vouloir verrouiller tous les districts, mairies et
territoires du Congo au profit d’un seul mouvement, l’AMP. I l est clair dans cette affaire que le
PPRD veut tout contrôler.
Le Soft : Est-ce un aveu d’échec
pour Gizenga ?
JCV : Bien sûr ! C’est un pays des copains et des
coquins. Ils vont se choisir un Premier ministre sur mesure afin de poursuivre
la politique inepte que ce pays connaît depuis trop longtemps…
Le Soft : Et l’affaire
Mvuama-Kamerhé ?
JCV : Il y a eu un huis clos. Le 2è vice-président a
demandé pardon au président Kamerhe, ainsi qu’à l’Assemblée nationale, parce
qu’il s’est rendu compte qu’effectivement, il n’y a rien eu de coupable entre
Kamerhe et sa femme. Comme cette affaire a été médiatisée, je pense que le 2è
vice-président pourrait dire dans la presse ce qu’il a dit lors du huis clos.
La plénière a décidé la mise en place d’une commission de 11 sages représentant
les 11 provinces pour la suite du dossier. Demander pardon, c’est bien, mais la
commission doit comprendre le mobile de l’acharnement du 2è vice-président sur
le président Kamerhe, qui a fait ce qu’il pouvait faire en faveur de l’épouse
d’un collaborateur en difficulté. D’ailleurs, le Premier ministre, lui-même, à
travers sa femme, avait été saisi de l’affaire. Les sages nous diront quelles
mesures vont être prises à propos de cette affaire.
Le Soft : Comme quoi, par
exemple ?
JCV : Ca peut être son maintien ou son départ du Bureau de
l’Assemblée nationale.
JCV : Ma position est simple : que la vérité soit
connue, parce qu’il y a d’autres pièces du dossier qui se sont volatilisées.
Par ailleurs, le problème de l’électricité doit être résolu au plus vite. Avec
toutes les ressources hydroélectriques du Congo, nous pourrions alimenter en
énergie la moitié de l’Afrique ! A titre personnel, je préconise une
étroite collaboration entre nos services publics et des sociétés étrangères qui
ont fait leurs preuves. Ici, nous avons quelques ingénieurs et techniciens très
compétents, mais c’est la structure d’ensemble qui ne marche pas. C’est pour
cela qu’en plus de capitaux étrangers, nous avons besoin de l’expertise
extérieure. Si Mag Energy peut répondre à certains des besoins de
Je
vais même vous dire que des programmes de bonne gouvernance des entreprises,
les autochtones comme les étrangères, devraient être systématiques et
transparents. Le gouvernement doit maintenant renégocier la plupart des
contrats miniers passés depuis 1996. Il y en a 63 à examiner.
Le Soft : Les Cinq chantiers se
précisent déjà ?
JCV : Je déplore la précipitation qui est à la base de
l’échec du Congo. Un projet est souvent la projection de l’avenir. Pour un
projet aussi important que les Cinq chantiers, on devrait d’abord commencer par
une étude de faisabilité. C’est-à-dire nous dire combien de temps les grands
travaux vont durer. Jusque-là, il n’y a aucun avant-projet scientifique sérieux
qui soit sorti. Pensez-vous que l’on peut faire un chemin de fer de Kinshasa à
Ilebo en une année ? Soyons sérieux dans la gestion des affaires de l’Etat…
Donc, la faisabilité des Cinq chantiers pourrait commencer, dans les normes,
après 2010.
Le Soft : Un dernier mot ?
JCV : Emmanuel
Bamba, l’un des pendus de