BRUXELLES - Le président de la République
démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila a exercé en mars 2009 une forte
pression et versé des pots-de-vin pour évincer le président de l'Assemblée
nationale, selon un câble diplomatique obtenu par Wikileaks et publié lundi
dans un journal belge.
Le président de l'Assemblée, Vital Kamerhe,
longtemps proche de Joseph Kabila, avait démissionné le 25 mars 2009 après
avoir été mis sous pression par la majorité présidentielle pour avoir
critiqué l'entrée de troupes rwandaises dans l'est de la RDC lors d'une
opération conjointe avec l'armée congolaise.
L'ambassadeur américain à l'époque, William
Garvelink, explique, dans un câble envoyé à Washington trois semaines avant
cette démission, que la «présidence» de la république congolaise a versé «200
000 dollars à chaque membre du bureau de l'Assemblée» pour qu'ils
quittent leur fonction et entraînent ainsi le départ de M. Kamerhe.
Cela n'ayant pas immédiatement réussi,
«notre plus grande crainte concerne des rapports, corroborés par plusieurs
sources, indiquant que les hommes du président utilisent à présent
l'intimidation et des menaces physiques pour pousser M. Kamerhe à quitter
la scène», ajoutait l'ambassadeur américain dans un câble publié par le
quotidien De Standaard (http://standaard.be/extra/wikileaks/cablekabila).
«Nous considérons que M. Kamerhe a été intimidé
et que ses inquiétudes quant à sa sécurité peuvent être sincères»,
ajoutait-il.
M. Garvelink dressait par ailleurs un
portrait peu flatteur de l'ancien président de l'Assemblée. «Sa réputation
de leader modernisateur, démocrate et honnête ne correspond peut-être pas
tout à fait à la réalité», écrivait-il, en le décrivant notamment comme «menteur»
et «manipulateur» et en évoquant des accusations de corruption à son
encontre.
M. Kamerhe, 52 ans, est à présent candidat
déclaré à la présidentielle de novembre 2011 sous la bannière de son propre
parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC).
Il a critiqué la réforme de la Constitution
adoptée en début d'année, qui a fait de cette élection un scrutin à tour
unique, un changement dénoncé par les opposants à Joseph Kabila comme une manœuvre
pour assurer sa réélection.
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