Kamerhe : le deal de la défaite
L'investiture du Président Etienne TSHISEKEDI comme candidat unique de l'Opposition à la présidentielle de 2011
L’Objectif n°137 du 01 au 07 Septembre 2011
Kamerhe : le deal de la défaite
Vital Kamerhe va-t-il finalement se rallier à Joseph Kabila après qu’il n’ait pas obtenu ce qu’il recherchait auprès de Tshisekedi, c'est-à-dire prendre la tête de l’Opposition et se présenter à la présidentielle au nom de celle-ci ou singer un accord de soutien au sphinx de Limete avec un contrat de Premier Ministre en poche ? Aujourd’hui, Kinshasa bruit des rumeurs selon lesquelles l’hypothèse reste envisageable. Seulement, Kamerhe sait à quel point cela jouera négativement sur sa carrière politique. Transfuge du PPRD, l’élu de Bukavu, très apprécié pourtant dans l’opinion pour son mandat positif au perchoir de l’Assemblée Nationale, a été bien accueilli dans l’Opposition telle qu’en témoigne la cérémonie de sortie officielle de son parti l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), cérémonie au cours de laquelle on a retrouvé des gros calibres de l’Opposition, venus lui apporter leur soutien, notamment Ne Muanda Nsemi (Bundu dia Mayala), Lisanga Bonganga, Lucien Busa (MLC), etc. cette arrivée tardive de Kamerhe sur le terrain de l’Opposition avait suscité énormément des suspicions dans l’opinion, laquelle lui prêtait l’intention de venir jouer le jeu de candidat Kabila.
L’ancien speaker de l’Assemblée Nationale s’en est défendu et a presque convaincu tout le monde. Tous. Sauf Etienne Tshisekedi. Aujourd’hui, pour partager le gâteau de la victoire que l’Opposition entend remporter en 2011 si elle parvenait à accorder ses violons, Kamerhe (comme Kengo qui s’est subitement trouvé une âme d’Opposant) exige de jouer carte sur table, de savoir ce qu’il pourra engranger une fois le rêve réalisé. Tshisekedi ne l’entend cependant pas de cette oreille. Il veut premièrement peser le poids politique de Kamerhe, ce qu’il va apporter dans l’union en termes de sièges à l’Assemblée Nationale. C’est ce qui va légitimer le poste de Premier Ministre qu’il réclame.
Premières élections
pour Tshisekedi
Des proches de Kamerhe objectent que ni Tshisekedi ni l’UDPS n’ont jamais affronté le suffrage universel et ignorent complètement, eux aussi, son poids électoral, ce qui est différent de l’engouement populaire. En plus, rien ne prouve, comme l’indiquent nombre d’analyste, que l’ancien Premier Ministre élu de la Conférence Nationale soit en mesure de transformer l’engouement populaire qu’il bénéficie lors de ses tournées en votes. Même si l’UNC participe à ses premières élections, le parti a un indice de poids : le raz-de-marée de Vital Kamerhe à Bukavu en 2006. Ainsi, à l’Etat-major de l’UNC, la tentation pour Kamerhe de se lancer dans la course contre Kabila et Tshisekedi est grande. Fort de l’appui du MLC de Jean Pierre Bemba et de l’UREC du Cancérologue Oscar Kashala (dont le nom ne se retrouve pas sur le répertoire des médecins aux Etats-Unis, selon des sources), Vital Kamerhe va être considéré dans la grande majorité de l’Opposition comme la taupe qui est venue embrouiller les stratégies de l’Opposition et, selon des analystes, exposé à un fiasco. A la Olengankoy. Cette analyse vaut également pour Kengo wa Dondo, dont une certaine opinion dit qu’il est le candidat des Occidentaux, sans base naturelle identifiable.
Retour chez son
mentor Kabila
Il reste donc à l’ancien Secrétaire Général du PPRD de se rallier à Joseph Kabila. Vu que le Président sortant a fait preuve de sérieux dans les accords (le PALU et l’UDEMO ont profité largement des fruits qu’ils n’ont pas cueillis, n’a-t-on cessé de déplorer au sein de la Majorité au pouvoir), et qu’en politique, c’est des intérêts qui comptent, Vital Kamerhe pourra accepter la main tendue de Kabila, si cela se concrétisait comme il court des rumeurs à Kinshasa selon lesquelles Kabila aurait rencontré secrètement Kamerhe dans le Bas-Congo en début de semaine. Ni les dates, ni les lieux n’ont été indiqués. Cette démarche, si elle s’avérait, va d’une part cautionner les thèses des détracteurs de Kamerhe et de l’autre, discréditer de plus en plus la Majorité qui, en cherchant à s’appuyer sur Kamerhe, aura proclamé son aveu de faiblesse face à la vague Tshisekedi, le candidat de l’Opposition. En effet, avec ou sans Kamerhe ou Kengo, Etienne Tshisekedi se dit sûr de remporter la prochaine présidentielle. Le dilemme est donc grand pour Kamerhe, pensent les analystes. La seule issue pour lui est de faire route avec Tshisekedi et d’espérer, battre le Président sortant, lequel n’organisera pas des élections pour les perdre.
Emmanuel Makila