L’opposition se déchire, SESANGA contre MUAMBA
L’opposition se déchire, SESANGA contre MUAMBA
Sesanga et Muamba s’affrontent désormais au bazooka
Honorable Jean Claude VUEMBA LUZAMBA, Président National du MPCR et Me Christian TATY NIMY, Directeur du Bureau Politique
Photo Gabin MUKE S "RT KAVKA"
Jean Claude
VUEMBA LUZAMBA : «La politique de Jean-Pierre Bemba a toujours été de
ne laisser aucune de ses décisions souffrir de la moindre contestation de qui
que ce soit, ni au sein du MLC, ni nulle part. Tout ce que François Muamba
fait, c’est Jean-Pierre Bemba qui le lui demande. Nous savons tous le respect
que François voue à Jean-Pierre et l’extrême prudence qu’il témoigne dans la
gestion du MLC. Dans cette affaire, il ne viendrait à personne l’idée que
François Muamba ait agi tout seul», analyse Jean-Claude Vuemba Luzamba, Député
de Kasangulu, président du MPCR.
«Le président
Boshab sait que le poste de la PAJ appartient au MLC qui peut à loisir et à
tout moment en disposer...», poursuit Vuemba Luzamba.
MISE EN LIGNE LE 5 FÉVRIER 2010 | LE SOFT
INTERNATIONAL N°1028 IIÈME ÉD. DATÉE DU 5 FÉVRIER 2010.
Il y a déjà longtemps qu’ils étaient des faux amis et se suspectaient
mutuellement. L’un comme l’autre a toujours trouvé encombrante la présence de
l’autre au sein du MLC et de l’entourage de Jean-Pierre Bemba Gombo et a
cherché à la combattre. Jusqu’ici, les deux faux amis se livraient une guerre
souterraine qui a éclaté depuis le dévoilement de L’Envol, le parti en
puissance de Delly Sesanga.
C’était la «faute» que pieusement François Mwamba Tshishimbi attendait.
Dans une lettre au président de la Chambre basse notifiée à Sesanga mardi 2
février, Muamba réclame le remplacement de celui-ci à la tête de l’emblématique
Commission PAJ. Si Sesanga a fait porter l’affaire à la plénière de jeudi 4
février par un Député partisan, il a expérimenté la thèse selon laquelle la
meilleure défense c’est l’attaque. Mais stratège, Muamba n’a voulu le suivre
sur cette aire de jeu fort glissante. Fort de son bon droit? L’affaire va être
traitée à la Conférence des présidents.
En fait, les deux hommes ne s’étaient jamais aimés. Il y a fort longtemps
qu’ils se détestaient cordialement.
Originaires tous deux du Grand Kasaï - l’un, François Muamba Tshishimbi du
Kasaï Oriental, l’autre Delly Sesanga Hipungu Dja Kasenga du Kasaï Occidental
-, on aurait pu s’imaginer qu’ils étaient capables de transcender leurs rivalités
au nom de la grande famille kasaïenne.
Ce qui les oppose est trop fort pour que l’instinct de tueur qui habite
tout homme politique n’émerge pas pour déborder les fausses amabilités
publiques.
Le MLC est à l’image de nombre de partis ou groupements politiques de R-dC - et
au fond c’est partout ainsi au monde - c’est-à-dire, un conglomérat de
personnalités sans âme qui se suspectent, s’épient et n’hésitent pas à tuer
l’autre pour sauvegarder son territoire outragé.
Ils sont au moins sept. Muamba, Sesanga, Babala, Kanku, Busa, Bombole,
Luhaka. Tapis dans trois clans qui se combattent sinon publiquement du moins à
fleurets mouchetés.
1. Le clan des Kasaïens qui sur papier gèrent ou apparaissent au grand
public: François Muamba Tshishimbi et Delly Sesanga Hipungu Dja Kasenga. Chacun
brandit un beau parcours universitaire. Ichec (Bruxelles) pour le premier, soit
l’école que fréquenta Jean-Pierre Bemba Gombo. Panthéon-Sorbonne (Paris) pour
le second. Et chacun sait causer en public… Ce n’est pas le dernier des
mérites.
2. Le clan des Equatoriens qui estiment que le MLC c’est avant tout à eux
puisqu’il l’œuvre d’un fils de la province. Depuis l’exclusion de
l’ex-gouverneur José Makila Samamba, d’ordre de feu Bemba Père, c’est à deux
personnes que le MLC appartient naturellement: Adam Intole Bombole, le Patron
millionnaire bien nommé de la puissante Fédération de Kinshasa, fort d’un score
hors normes dans la Capitale alors acquise à JPBG et Jean-Lucien Bussa Tongba,
le candidat malheureux à l’élection du gouverneur de l’Equateur.
3. Troisième clan: celui des affidés. Il s’agit de personnalités soit d’autres
origines provinciales ou ethniques, soit des membres affiliés d’autres partis.
C’est un Kasaïen Clément Kanku-Bukasa Tshibuabua, un Député élu indépendant,
fils d’un ancien vétéran mobutiste, Tshibuabua Ashila Pashi. C’est Fidele Wandu
Babala et Constant Ndom Ndam Ombel. Tous deux du MLC. Tous deux originaires du
Bandundu-Kwilu. Rescapés après la purge qui frappa l’un des leurs, l’ancien
président de l’Assemblée nationale du régime 1+4, Olivier Kamitatu Etsu.
Fidele Wandu Babala avait d’autres attaches avec le Chef du MLC qui le
mettait ex æquo avec ceux qui avaient fait la guerre - les hommes de maquis.
Il est ancien de Bruxelles comme Jean-Pierre Bemba. C’est surtout lui qui
veilla sur ses intérêts (la compagnie cellulaire Comcell, la compagnie aérienne
Scibe Zaïre notamment) à Kinshasa quand Bemba guerroyait à l’Equateur.
Et il en paya le prix fort. Puisqu’il fit la prison et en sortit la légitimité
en plus…
À ceux qui disent «nous sommes les vétérans de la guerre», il répond:
«D’accord, mais je souhaiterais vous montrer mes fesses abîmées. Vous verrez
combien de coups de bâton j’ai reçus pour lui et quelle potion on m’a fait
boire en prison…»
SUR PAPIER, SESANGA EST DÉPOURVU D’ARGUMENT.
Face à Muamba, Sesanga part démuni. Politiquement. Il a rallié le MLC sur
le tard: tout avait alors été bouclé.
La guerre de l’Equateur, le dialogue inter-congolais de Sun City, le
partage du pouvoir, il ne connaît pas.
Il n’est ni un héros de la guerre (Basankusu, Kisangani, Grand Nord
kivutien), ni un ancien de Bruxelles, ni un ami d’enfance de Jean-Pierre Bemba
Gombo.
C’est un ancien de Paris revenu au pays via la rébellion du RCD-Goma et dans la
soute de Arthur Z’Ahidi Ngoma qu’il a adulé mais qu’il a abandonné quand
celui-ci a rompu avec fracas les amarres avec «les Rwandais du RCD-Goma»,
préférant sauver son poste «ministériel» - chef de Département de l’Economie et
Industrie dans la rébellion - avant de rejoindre Ernest Wamba Dia Wamba à
Kisangani et de regagner Paris pour rallier bien tardivement Jean-Pierre Bemba
Gombo.
C’est d’ailleurs ce parcours trop yo-yo qui le fait détester chez les
Bembistes.
Il n’empêche… JPBG l’a bien adopté à son arrivée à Gbadolité, lui dont le MLC
n’avait compté au départ que trois ou quatre personnes et qui s’était opposé à
un format de Dialogue inter-congolais plus ample ne pouvant aligner guère plus
de six hommes avant de se rebiffer après qu’il eût été rejoint par
d’ex-RCD-Goma en tête Lunda Bululu, Alexis Thambwe Mwamba, José Endundu
Bonongé.
À Gbado, Sesanga eut la promesse d’être nommé à Kinshasa directeur de
cabinet - en réalité pas grand’chose - du futur Vice-Président de la République
en charge de l’Economie et des Finances.
À l’arrivée, JPBG lui préféra le Bandundois (Maï Ndombe) Barthélémy Botswali
Lengomo. Des initiés disent que c’est de là que date la rivalité entre les deux
hommes…
«Quand Botswali est nommé ministre et qu’il falsifie pour sa succession à
la Chambre basse le dossier de son 1er suppléant, c’est du pain béni pour
Sesanga.
On sait que d’autres avant Bostwali ont eu recours à cette astuce an faisant
avancer l’un ou l’autre suppléant qu’ils estimaient être le plus digne à la
succession. Sans dommages...».
Delly Sesanga Hipungu Dja Kasenga trône en effet pour le compte du MLC à la
tête de l’emblématique Commission PAJ (Commission Politique, Administrative et
Judiciaire).
Et c’est elle qui fit tomber la sentence: Barthélemy Botswali Lengomo,
ministre des Affaires humanitaires et sociales, était passible des cours et
tribunaux. Le débat fut long, trop long, pénible et humiliant pour le ministre
lors d’un perchoir hyper médiatisé.
Si Botswali Lengemo a pu sauver cette fois là sa tête au Gouvernement en
évitant d’être traîné devant la justice, c’est suite à un incroyable
retournement de situation, un consensus géopolitique réuni in extremis dans
l’hémicycle...
C’est cette présidence de la Commission PAJ que le MLC réclame aujourd’hui. Et
que le parti de Jean-Pierre Bemba Gombo veut confier à un autre Député: Faustin
Ilunga Kambala, ressortissant comme Sesanga du Kasaï Occidental.
Au double titre de Secrétaire général du MLC et de président du groupe
parlementaire MLC, François Mwamba Tshishimbi a écrit une lettre dans ce sens
au président de la Chambre basse gêné d’avoir à connaître de cette affaire.
Evariste Boshab Mabudj est tout comme Delly Sesanga Hipungu Dja Kasenga du
Kasaï Occidental. L’un des hommes clé du pouvoir, l’ancien Directeur de cabinet
du Président de la République aujourd’hui également secrétaire général du parti
présidentiel PPRD a toujours œuvré pour la promotion et la cohésion des siens.
Encore que le père biologique de Sesanga, est sénateur sur les bancs du PPRD.
Le père a toujours souhaité voir le fils le rejoindre... Sans succès à ce
jour.
«JE SUIS LOIN D’ÊTRE YVES KISOMBE».
Mercredi 3 février à 10 heures dès son entrée à son cabinet, le président
de l’Assemblée nationale reçoit Delly Sesanga pour lui faire part de la lettre
qu’il venait de recevoir du président du Groupe parlementaire MLC et par
ailleurs Secrétaire général du parti de Jean-Pierre Bemba Gombo qui le
remplaçait à la tête de la PAJ.
Vingt minutes plus tard, le président Boshab s’entretenait avec François
Mwamba Tshishimbi qui lui confirmait les termes de sa lettre.
Des témoins assurent que si les deux hommes se sont croisés dans le hall du
cabinet du président de l’Assemblée nationale, ils se sont donné la main sans
se regarder et sans rien dire l’un à l’autre.
Dans l’après-midi du même mercredi 3 février, alors que le président de
l’Assemblée nationale recevait la conférence des présidents (Groupes et
commissions parlementaires) à l’occasion d’une réunion avec le vice-premier
ministre belge Laurette Onkelix, Delly Sesanga n’a osé y prendre part. Il s’est
arrêté dans le couloir.
C’est vrai qu’un collègue qui ignorait les développements récents de
l’affaire l’en a dissuadé, arguant le fait que la réunion avait débuté déjà
fort longtemps...
Mercredi, Sesanga semblait dans une position inconfortable.
«Je ne suis pas Yves Kisombe», a-t-il néanmoins confié à un collègue sur ce
qui semblait être un baroud d’honneur.
L’un des porte-parole du MLC, le Député MLC Yves Kisombe Bisika Lisasi avait
emprunté la même voie que Delly Sesanga, mettant systématiquement à l’épreuve
le parti sur les listes desquels il était élu, prenant position contre son
parti.
La goutte d’eau qui fit déborder le vase furent ses déclarations en plein
débat sur Bundu Dia Kongo contre le gourou Ne Mwanda Nsemi. Yves Kisombe Bisika
Lisasi avait félicité le travail de la police dans la répression au Bas-Congo
des partisans de la secte Bundu Dia Kongo, congratula le travail «magnifique»
du ministre PPRD-AMP de l’Intérieur, le général Denis Kalume Numbi que
l’opposition unanime railla, et vota contre son parti.
La goutte d’eau qui fit déborder le vase au MLC dans le cas Sesanga, ce
n’est pas d’avoir relancé son Envol, une ONG qui existe depuis trois ans mais
d’avoir brouillé son propre parti politique.
Le 4 janvier, François Muamba avait annoncé une cérémonie d’échange des
vœux avec les cadres et militants du parti et avait associé des membres du
gotha politique kinois.
Un discours fleuve qu’il voulait présidentialiste à la Fidele Castro dont
la lecture prit pas moins trois heures suivie d’un brillant cocktail. Le MLC
finalement en position de combat. Toutes griffes dehors après plusieurs échecs
politiques endurés.
Muamba battait le rappel de l’opposition et fixait un cap: pour gagner
demain, cela ne peut se faire qu’autour d’un candidat unique à n’en point
douter issu du MLC.
Il donnait une date de rencontre pour lancer le grand combat qui, à ses
yeux, conduit inéluctablement vers la victoire finale. A la Présidentielle.
Le même jour, Sesanga lui a volé la vedette. Il ne s’est pas rendu aux vœux
de Muamba. Il a choisi le jour même de réactiver son Envol.
Le lendemain, il s’est envolé pour le Bandundu, à Nioki. Où il a organisé
la répétition générale de son Envol, sans doute en vue de prendre la
température.
Là un militant du MLC l’intercepte voulant savoir son objectif final. «Bien sûr
que nous sommes déjà dans la logique d’un parti», répond Sesanga... Le Congo a
de grandes oreilles. Muamba a tout entendu.
Le secrétaire général qui piaffait d’impatience n’en peut plus. Il est
outré par une rébellion interne qu’il supporte mal.
Il est allé rendre compte à l’exilé de La Haye. Il aurait menacé de rendre
le tablier si on ne l’en suivait pas...
En faisant porter l’affaire devant la plénière de la Chambre basse jeudi 4
février, Delly Sesanga n’a rien inventé: il a expérimenté la thèse selon
laquelle la meilleure défense c’est l’attaque. Mais il paraît déjà dans les
cordes. Il a choisi la position du faible.
Stratège, la direction du MLC a compris la manœuvre. Son aire de jeu est
loin d’être la plénière de l’Assemblée nationale... L’affaire ne fait que
commencer.
D. DADEI.
L’opposition s’entre-déchire, la bataille des ego
C’est une guerre ouverte entre neuf postulants. À quasiment un an de la
Présidentielle, dans l’opposition, le niveau d’affrontement et de haine entre
les Eléphants est monté de plusieurs crans.
Entre ces têtes couronnées (MLC-François Muamba Tshishimbi, CDC-Gilbert
Kiakwama Kia Kiziki, CDR-Roger Lumbala Tshitenga et Jean-Pierre Lisanga
Bonganga), les vieux adversaires de la guerre du perchoir de mars 2009, les
revanchards du Waterloo de Mbandaka, les jeunes ambitieux ou l’exilé de La
Haye, la guerre est donc ouvertement déclarée.
«Ce n’est plus du fleuret moucheté, c’est du bazooka», avoue Delly Sesanga
Hipungu Dja Kasenga avant de s’esclaffer de rire. Ce n’est pas qu’il vient de
dire une bêtise.
Si Sesanga et Muamba peuvent se croiser sans se gifler, c’est par miracle.
Ce mercredi 3 février, ils se sont serrés la main dans le couloir du président
de la Chambre basse, sans se voir.
Les témoins - des collègues Députés - ont compris: c’est désormais à la
lance-roquette qu’ils tentent de s’éliminer.
Si partout où il va, l’un passe son temps à dénigrer l’autre, l’autre -
loin d’être un enfant de chœur - fait de même.
«C’est un nul», lance celui-ci à propos de celui-là. L’Envol? «Et si c’est
un oiseau migrateur…»
LE PUBLIC A TOUJOURS ÉTÉ TRAÎTRE, FAUT-IL LE DIRE.
«Je suis le meilleur élu. J’ai une base. Politiquement, lui ne pèse pas
face à moi. J’ai fait le meilleur score. Lui, personne ne le connaît chez lui…»
Sans blague!
Puis, on fait étalage des foules que l’on draine derrière soi… «Tu as vu mon
film à la télé?»
On oublie que le public ne s’est jamais donné la mort pour un homme
politique. Le roi est mort, vive le roi… Les affaires continuent.
Si tout le monde pense que Delly Sesanga a été puni pour des actes qui
témoignent d’une absence avérée de loyauté vis-à-vis de son parti, l’adjoint de
François Muamba, le Député d’Idiofa Constant N’Dom Nda Ombel en charge des
Fédérations, soutient «un principe de rotation qui est contenu dans le
règlement intérieur du Groupe parlementaire MLC».
«Depuis le consensus trouvé du temps de Kamerhe (ndlr, alors président de
l’Assemblée nationale) qui avait voulu que pour faire triompher une sorte de
discours alternatif au sein de la Chambre basse et faire baisser la tension
politique, l’opposition devrait diriger des Commissions parlementaires sans
passer au vote de la plénière qui n’aurait pas rendu cela possible, le poste de
PAJ nous appartient».
«Et dès le départ, on avait instauré le principe de rotation interne.
Sesanga a signé ce principe… Soyons sérieux: un arrangement interne est une loi
pour nous. D’ailleurs, on avait voulu l’appliquer à François Muamba lui-même et
on avait voulu le remplacer par quelqu’un d’autre à la tête du Groupe. Mais on
a gelé cela. Mais c’est toujours à l’ordre du jour... Et on commence par
Sesanga. …»
Sans blague! N’empêche, «Sesanga reste militant MLC», poursuit N’Dom. «Son
départ de la PAJ n’est pas une sanction du tout. Et pourquoi? Par contre, il
cède la présidence de la Commission PAJ à quelqu’un d’autre, un Député de la
même province que lui, Faustin Kambala. Qu’est-ce qu’on n’aurait pas dit si on
avait ravi la PAJ pour la confier à quelqu’un d’une autre province?...»
C’est loin d’être l’avis de Sesanga. «Je ne céderai rien, c’est clair!», nous
explique-t-il mercredi en début d’après midi. «Ce n’est pas que j’y gagne
quelque chose financièrement. Mais j’ai besoin de cette tribune pour
m’exprimer. Tu me vois moi sans cette tribune?»
«Puis: «J’ai arraché cette tribune pour ma compétence. Ce n’est pas la
fonction qui fait l’homme, c’est l’homme qui fait la fonction», explique-t-il
avec raison.
Poursuivant: «Si cette PAJ a de la taille, c’est parce que j’y suis...»
Nouvelle erreur. Combien des gens ont cru à tort cela? Après moi c’est le
déluge. Pourtant, le monde continue et se construit. Sans eux.
«Dans tous les cas, cette affaire c’est une invention de François. Il n’a
pas eu le quitus de Jean-Pierre...»
Puis d’expliquer ce qu’un tabloïd du même jour venait de mettre en
couverture. JPBG a désavoué François Muamba dans sa tentative de mettre à
l’écart Delly Sesanga. Il en aurait si marre qu’il aurait désormais fait monter
en première ligne sa propre épouse, Texeira Liliane Bemba.
Il est vrai que cette femme pieuse dont une partie du sang est d’origine
brésilienne a adressé des vœux, dans une interview, au peuple r-dcongolais à
l’occasion du Nouvel An. Parlant longuement de son mari…
Elle en aurait été poussée par son mari de détenu de La Haye.
«Faut que tu occupes l’espace. Je n’ai confiance ni à l’un, ni à l’autre.
Ni à qui que ce soit...», aurait-il déclaré.
Quand Muamba suggère de réorganiser l’opposition sans se soucier de la
place de Jean-Pierre Bemba c’est prononcer le verdict du Chairman à la place de
la CPI... Dans le contexte r-dcongolais, c’est un jeu risqué.
Est-ce bien ce qu’a voulu faire Muamba? Se faire introniser porte-parole et
candidat de l’opposition à la Présidentielle?
Il reste qu’aucun initié ne voit François Muamba Tshishimbi aller si loin
contre Delly Sesanga sans avoir reçu quitus de Jean-Pierre Bemba.
«La politique de Jean-Pierre Bemba a toujours été de ne laisser aucune de
ses décisions souffrir de la moindre contestation de qui que ce soit, ni au
sein du MLC, ni nulle part. Tout ce que François Muamba fait, c’est Jean-Pierre
Bemba qui le lui demande. Nous savons tous le respect que François voue à
Jean-Pierre et l’extrême prudence qu’il témoigne dans la gestion du MLC. Dans
cette affaire, il ne viendrait à personne l’idée que François Muamba ait agi
tout seul», analyse Jean-Claude Vuemba Luzamba, Député de Kasangulu, président
du MPCR.
«Le président Boshab sait que le poste de la PAJ appartient au MLC qui peut
à loisir et à tout moment en disposer...», poursuit Vuemba Luzamba.
Constant N’Dom Nda Ombel ne dit pas le contraire. «Bien sûr, Jean-Pierre est
d’accord… Pensez-vous que nous aurions fait cela sans le consulter?»
Le problème est de savoir à qui Jean-Pierre Bemba parle. Si son homme de
confiance et celui qui a la ligne direct du Chairman reste toujours le Député
MLC de la Tshangu (Kinshasa) Fidele Wandu Babala qui fut la sentinelle de luxe
de ses affaires du temps du coup de feu à Basankusu, le Député Clément Kanku
Bukasa Tshibuabua ne monte pas moins dans l’estime de l’homme de La Haye.
Babala dit avoir reçu ordre de confier le regroupement Union de la Nation à
Kanku qui s’est aussitôt mis à la tâche. Cela fait un peu désordre mais quel
grand fauve mettrait ses œufs dans un même panier?
Si Jean-Pierre Bemba a promis le poste de directeur de cabinet à Sesanga,
c’est à l’arrivée à Botswali qu’il l’a remis. Si Sesanga a fini par être
directeur de cabinet, quand il part au ministère du Plan en remplacement de
Alexis Thambwe Mwamba, il emporte la caisse. Babala, un ancien du groupe des
Bruxellois Kanzi, qui l’a remplacé à la Vice-Primature n’a pas la caisse.
Aujourd’hui, bien qu’il soit le patron sur papier du MLC, François Muamba n’a
aucun contrôle du MLC. Il est souvent isolé.
Ceux qui croient que Muamba a agi seul se trompent lourdement.
Ce qui est rédhibitoire dans cette affaire, «c’est que Sesanga ait dépassé les
bornes en organisant ses vœux à L’Envol le jour même que son parti alors qu’il
avait toute latitude de les repousser», analyse Vuemba.
Aussi longtemps que le sort de Jean-Pierre Bemba ne sera pas connu- il
faudra attendre son procès qui s’ouvre en avril - la bataille des ego se
poursuivra.
Ce qu’il faudrait aux ténors de l’opposition pour qu’ils se remettent en ordre,
c’est une relaxation de Jean-Pierre Bemba Gombo, son retour au pays qui
signifierait aux yeux de ses partisans une victoire d’office à la
Présidentielle.
D’ici là, comme chacun veut être son remplaçant face au candidat Amp Joseph
Kabila Kabange en juillet 2012, l’affrontement risque de se perdurer...
ALUNGA MBUWA lesoftonline.net 05/02/2010