Présidentielle décembre 2012

AfricaNews n°598 du lundi 06 au mardi 07 Juin 2011

DECOR PLANTE POUR LES PROLONGATIONS

Présidentielle décembre 2012

Au départ candidat Premier ministre, Etienne Tshisekedi s’est rebiffé, Kiakwama demeure preneur, Kengo s’inscrit en faux contre un gouvernement d’union nationale et propose un CIAT bis pour encadrer la prolongation quand Vuemba s’oppose à une quelconque transition avant les élections.

C’est presqu’acquis. La RCongo s’achemine inexorablement vers le renvoi de la date de la tenue des élections. Réunion sur réunion les acteurs politiques sont devant une évidence: les élections apaisées ne peuvent s’organiser selon le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante CENl- qui prévoit la présidentielle synchronisée avec les législatives nationales au 28 novembre 2011. En dépit des assurances données par le pasteur Ngoy Mulunda, président de la CENI, et à cause du retard mis dans l’examen de la Loi électorale, pus personne ne croit, à tort ou à raison, à son agenda Reste la question de la légitimité des institutions actuelles Vraisemblablement, les observateurs craignent une crise de légitimité consécutive au vide juridique Toutes les institutions seront fin mandat. Si la Constitution ne l’autorise pas expressément, les us et coutumes constitutionnels veulent que les institutions encore en place continuent à exercer jusqu’à l’installation de nouvelles institutions. Les tenants de la thèse de la prolongation s’appuient désormais sur cet argument et sont en passe de l’emporter. Le tout a commencé avec cette réunion tenue en mars 2011 en Afrique du Sud à l’initiative d’IGD qui a réuni les acteurs politiques de la RD-Congo, bouclant ainsi la série des réunions secrètes tenues par les acteurs de la communauté Internationale sur la question RD congolaise. S’en est suivi le ballon d’essai d’international Crisis Group -ICG- qui a oublié les résultats de ses réflexions dans un document insinuant l’impossibilité d’organiser les élections apaisées dans le délai légal. La Suisse s’en est mêlée. Son ambassadeur accrédité à Kinshasa a réuni l’essentiel de l’opposition pour débattre de la question. Aux discussions organisées par la représentation helvétique, les convives ont répondu à une question claire après avoir reconnu à l’unanimité que les conditions ne sont pas réunies pour répondre à rendez-vous de novembre 2011. La communauté internationale, qui ne croit pas au calendrier de Ngoy Mulunda, ne laissera pas à Kabila le privilège de désigner un Premier ministre à l’expiration de cette législature. La question : qui sera Premier ministre pour gérer la transition entre la fin de la mandature 2006-2011 et l’organisation du premier scrutin projetée vers décembre 2012? Les acteurs présents : Tshisekedi, Kengo, Kiakwama auraient répondu différemment. L’Afrique du Sud, par le biais de l’ONG Institute for global dialogue, a repris le flambeau avec l’organisation d’autres concertations jeudi 2 juin 2011 à l’Hôtel Memling de Kinshasa. Même constat. L’Union européenne, à travers son délégué dépêché à Kinshasa, est entrée en scène. Presque même auditoire, même constat, même proposition, même question et des réponses différentes de la part des acteurs.

Léon Kengo Wa Dondo aurait exigé la mise en place d’une structure d’encadrement du processus de transition placée sous l’égide de la communauté internationale, lors d’une réception organisée dernièrement par l’ambassadeur suisse en l’honneur des acteurs politiques de l’opposition. La structure aura entre autres missions de s’assurer de l’exécution de la feuille de route à définir de commun accord entre les acteurs politiques RD-congo lais pour la gestion de la transition qui débute vraisemblablement à l’expiration du mandat des actuels animateurs des institutions politiques du pays jusqu’à l’organisation des élections projetée fin 2012.

Le président du Sénat et autorité morale d’un nouveau parti porté dernièrement sur les fonts baptismaux et dirigé par Félix Vunduawe te Pemako, exprimait ainsi son refus en réponse à la sollicitation de l’ambassadeur suisse qui voulait obtenir de ses invités leur avis sur l’incertitude qui plane sur le processus électoral.

Kengo aurait préconisé qu’après le 6 décembre 2011, toutes les institutions demeurent en place pendant toute la durée de la transition. La structure d’encadrement à mettre en place aura à contribuer à la définition des objectifs”d’une transition d’au moins un an, accompagner les acteurs, notamment le pouvoir organisateur des élections, la CENI, dans l’accomplissement de sa mission, et assurer des conditions de sécurité pour avoir des scrutins transparents dans un climat apaisé. L’idée du speaker du Sénat aurait retenu l’attention des acteurs politiques présents à la concertation. La réunion à l’ambassade de la Confédération helvétique a mis autour de l’ambassadeur quelques têtes couronnées de l’opposition. On a noté la présence d’ Etienne Tshisekedi accompagné d’Albert Moleka et Martin Fayulu, de Gilbert Kiakwama, de Bertrand Ewanga, secrétaire général et représentant de l’UNC de Vital Kamerhe, Léon Kengo, Emery Okundji des FONUS de Joseph Olenghankoy. A l’ordre du jour, la réflexion sur les élections. La question posée par l’ambassadeur à ses hâtes était celle de savoir que devra-t-on faire s’il n’y pas élections dans le délai légal? La Suisse, visiblement mandatée par la communauté internationale convaincue que la CENT ne tiendra pas ses engagements d’organiser les élections selon le calendrier publié, a indiqué que celle-ci ne permettra pas à Kabila de nommer un Premier ministre après l’expiration de son mandat. Les opposants étaient dès lors placés devant leurs responsabilités. Et la question de l’ambassadeur tombe sans ambages: « Si demain il n ‘y a pas élections et Kabila veut désigner un Premier ministre issu de l’opposition, serez- vous candidats?» Kengo, Ewanga, Okundji ont tout de suite décliné l’offre. A la surprise générale, Tshisekedi a répondu par l’affirmative. Kiakwama aussi. Bertrand Ewanga a opposé un refus catégorique. Le parti de Kamerhe n’est pas preneur d’un poste de Premier ministre pour une quelconque transition mais est favorable à la formation d’un gouvernement de transition géré par des technocrates. Aux dernières nouvelles, AfricaNews apprend que Tshisekedi est revenu sur sa décision de briguer la primature pendant cette courte transition. Il aurait suggéré un gouvernement des secrétaires généraux pour mener cette transition.

D’aucuns au sein de l’opposition craignent cependant l’inféodation de ceux-ci au pouvoir en place quand certains évoquent la possibilité de voir la primature confiée au MLC compte tenu du nombre de ses représentants au Parlement. Toutefois, lorsque la question est posée à l’ambassadeur suisse de préciser la durée de cette transition, il aurait répondu que pour être franc, il faut penser à novembre ou décembre 2012.

Les candidats déjà dans la campagne sont donc appelés à tempérer les ardeurs au risque de s’essouffler.

Le jeu de l’exclusion

Curieux, au moment où la communauté internationale recherche un consensus pour une transition et des élections apaisées, elle-même se singularise dans l’exclusion. Certains acteurs parmi ceux qui s’opposent à la prolongation de la transition sont devenus gênants à ses yeux. Il s’agit de Jean-Claude Vuemba, Franck Diongo, Jean-Pierre Lisanga… Le tout est parti de la réunion organisée par IDG en mars en Afrique du Sud pour préparer la transition en RDCongo. Les organisateurs avaient commis l’imprudence d’inviter les extrémistes Vuemba et Diongo qui sont restés formels et rejoints dans leur position par Moïse Nyarugabu, Ewanga, Jacquemain Shabani, secrétaire général de l’UDPS: « Les institutions qui ont failli doivent être connues et les responsables aussi. Les différents gouvernements ont eu tout le temps de préparer les élections, il n ‘est pas question de prolonger la mandature». La position des extrémistes a également été réitérée par le même Vuemba sur RFI, après le ballon d’essai de l’International Crisis Group. A l’occasion, il s’étonnait de penser que Tshisekedi puisse accepter de postuler comme Premier ministre de Kabila, Pour Vuemba, si cette information qu’il met sur le compte des rumeurs visant à discréditer le sphinx de Limeté s’avérerait vraie, elle consacrera le début du bal des chauves qui, estime-t-il, s’est déjà ouvert en catimini. «Je ne peux pas comprendre que le jour, l’UDPS diffuse des communiqués rejetant la prolongation, la nuit elle négocie la primature», cogne Vuemba.

Faut-il croire à ce rappel d’un haut cadre de la majorité présidentielle, qui a déclaré sous le sceau de l’anonymat que Tshisekedi n’aime jamais les élections et n’a pas intérêt de voir la CENI réussir sa mission dans le délai constitutionnel, surtout qu’il est conscient qu’une année après il n’aura peut-être plus les ressources physiques nécessaires pour briguer la présidence autant donc sauter sur l’occasion?

A quand la rencontre Kabila-opposition?

L’opposition semble divisée, D’un côté, ceux qui consentent au principe d’une transition avant les élections: Tshisekedi, Kengo, Kiakwama, le MLC, le RCD. Et de l’autre, les extrémistes qui veulent des élections dans le délai légal. Parmi ceux-ci Vuemba, Lisanga, Lumbala, Diongo… et Kanku. Le président Kabila devait recevoir les leaders de l’opposition depuis un mois, Connaissant les difficultés au sein de ce groupe, il s’est réservé. Nombreux Sont ceux qui posent la question de savoir qui a mandaté la Suisse, reconnue neutre, à prendre une aussi grande initiative de’ recevoir et l’opposition et le pouvoir. Les durs du groupe de la majorité qui auraient été reçus n’adhèrent pas à l’idée de partage du pouvoir, rejoignant ainsi la position de Kengo. Mais après le dernier vote de l’Assemblée nationale sur la révision de la loi électorale, la majorité doit revoir ses ambitions à la baisse, pense un observateur.

Et l’Union européenne

Jeudi dernier, le délégué Afrique de l’Union européenne a réuni une bonne brochette d’acteurs politiques RD-congolais au restaurant Caf’Conc dans la commune de la Gombe. Au menu des concertations, les sources parlent de l’impossibilité d’organiser les élections dans le délai, l’éventualité de la prolongation de la mandature et de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. La réunion de Caf’Conc s’inscrit dans la suite de toutes les autres organisées par la communauté internationale. La première fut celle organisée en’ mars 2011 par IGD en Afrique du Sud, la seconde a été organisée par la MONUC, suivie par celle convoquée chez l’Ambassadeur suisse. Une autre rencontre a été concoctée par la Sud- Africaine «Institute for global dialogue». Les réunions se suivent et commencent à révéler les intentions des uns et des autres, acteurs politiques de la scène nationale et ceux internationaux. Kabila a été consulté, a-t-on appris. Nzanga Mobutu également. De la réunion de Caf’Conc les observateurs ont retenu deux éléments majeurs, à savoir: la proposition de Kengo et la demande de l’opposition adressée à l’UE invitée à être partie prenante dans le processus électoral avant, pendant et après les élections. Globalement, l’UE ne permettra pas que la RDCongo continue à vivre dans l’instabilité. Pour sa part, le président de la CENE, le pasteur Ngoy Mulunda a également réuni vendredi 3 juin 2011 quelques acteurs de ‘la classe politique pour les rassurer des conditions et de la détermination de son institution à organiser des élections apaisées dans le délai constitutionnel. Toutes les questions ont été posées et ont obtenu des réponses. Il s’est montré confiant quant à la poursuite du processus.



08/06/2011
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