Pressions et Intimidations sur les Députés, L’opposition menace de boycotter les activités de l’Assemblée Nationale
Les Dépêches de Brazzaville n°991 du Mercredi 19 Mai 2010
Pressions et Intimidations sur les Députés
L’opposition menace de boycotter les activités de l’Assemblée Nationale
En attendant le sort réservé au Gouvernement par la plénière de ce jour, l’opposition prévient qu’à la moindre flagrance, elle prendrait ses responsabilités.
Réunies le 17 Mai pour évaluer la situation après le dépôt de la motion de censure contre le Premier Ministre et son Gouvernement, les grosses pointures de l’opposition ont révélé que les Députés signataires de cette motion sont objet de pressions et d’intimidations. Outre les menaces qui seraient proférées contre le Député Jean Lucien Bussa, la majorité tenterait, semble-t-il, de persuader certains Députés signataires de cette décision à retirer leurs signatures ou à voter contre, pour faire échec à cette démarche initiée par l’opposition parlementaire et « l’étouffer dans œuf ». Ces manœuvres étaient déjà dénoncées pendant que l’opposition récoltait des signatures pour avaliser cette motion de censure contre Adolphe Muzito et son équipe. A ce jour, l’on indique que de grosses sommes d’argent sont proposées pour obtenir ce revirement des élus du peuple. Pour ces derniers, ces actions sont l’œuvre de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) et du bureau de leur institution. Dans une interview accordée au siège de son parti, dans la commune de Ngiri-Ngiri, après cette réunion de l’opposition, le Député National et Président du Mouvement du Peuple Congolais pour la République (MPCR), Jean Claude VUEMBA LUZAMBA, s’est indigné contre le comportement du Secrétaire Exécutif ai de l’AMP. Pour lui, celui-ci n’arrête pas de harceler les Députés nationaux de la majorité qui ont signé la motion de censure contre le Gouvernement. Le Président du MPCR a également fustigé la correspondance « indélicate » adressée au Député Jean Lucien Bussa par le Bureau de l’Assemblée Nationale, en violation flagrante des dispositions du Règlement Intérieur de cette institution républicaine et de l’immunité parlementaire consacrée par la Constitution. « Dès lors qu’il y a flagrance, fut-elle minime, par rapport à cette motion de censure, Louis Léonce Koyagialo et le Bureau de l’Assemblée Nationale en assumeront la responsabilité », a-t-il prévenu. A l’en croire, les Députés de l’opposition vont quitter la salle lors de la plénière et n’assisteront à aucune autre activité de l’Institution, même dans des commissions.
Pour ce Député National, quelques services de l’Etat se sont mêlés à cette affaire et traquent certains autres Députés. « Les démarches de l’Agence Nationale de Renseignement contre les membres de l’Ordre de Républicains Démocrates et des chrétiens démocrates sont connues. Au moment venu, nous les étalerons sur la place publique », a menacé Jean Claude Vuemba. Ces déclarations ont été confirmées par un Député National du courant réformateur de l’AMP constaté. Selon lui, ils reçoivent effectivement des coups de fil anonymes pleins de menaces de mort. Mais, d’après lui, « cela n’est qu’un coup d’épée dans l’eau. Car, ce qui est fait l’est déjà ».
On souligne que l’opposition a recueilli, comme exigé par les textes régissant le parlement, cent vingt-six signatures pour faire passer cette motion contre le gouvernement Muzito II. Le retrait de quelques signatures ferait que le nombre de signatures requis ne soit plus réuni pour que cette motion soit acceptée par le bureau et soumise au vote. C’est donc pour cette visée que couraient l’AMP et les partisans du premier ministre Adolphe Muzito. Mais, selon des sources proches de l’opposition, les initiateurs de la motion avaient pris toutes les précautions. Par mesure de prudence, ils auraient conservé une dizaine de signatures en vue de combler les éventuels vides susceptibles d’être créés par des désistements.
Lucien Dianzenza