Samy Badibanga et Jean Claude Vuemba confirment la crise de légitimité en RD Congo
La Référence Plus n°5886 du 26 Février 2014,
Intervenant au Parlement Européen,
Samy Badibanga et Jean Claude Vuemba confirment la crise de légitimité en RD Congo
L’Honorable Samy Badibanga, président du groupe parlementaire congolais UDPS et alliés a donné une conférence le jeudi 20 février 2014 dans la salle 3G3 du Bâtiment Spinelli au parlement européen autour du thème : " RD Congo, quel avenir ?»
C'était sur invitation du député socio démocrate allemand Norbert Neuser, sous la modération de l'ancien député européen Ecolo, Frank Schwalba-Hoth.
Dans son mot d'accueil, l'eurodéputé Norbert Neuser a signalé que la RD Congo se préparait à vivre bientôt plusieurs élections. C'était un moment de souci et d'espoirs. De soucis quand on se réfère à ce qu'avaient été les élections de 2006, et pire, celles de 2011. D'espoir parce qu’avec l'évolution à l'est de la RD Congo, grâce notamment à la pression internationale, on peut rêver que les minerais naguère pillés pour alimenter la guerre, pourraient servir au développement et au bien-être de la population.
S’agissant
des élections, il a souligné que celles-ci doivent être libres, équitables et
transparentes.
Pour l’eurodéputé, en effet, les élections n'ont pas pour but de gratifier les
dirigeants, mais de donner au peuple l'occasion de se choisir ses élus. Les
élections sont une sorte de thermomètre pour mesurer le pouls du peuple, afin
de transformer ses aspirations en programme politique à mettre en application.
Les
gouvernants ne doivent pas intimider la population ni lui faire peur lors des
scrutins.
Intervenant à son tour, l’Honorable Samy Badibanga a introduit sa communication
en disant qu'il était un militant du progrès social, du dialogue entre
compatriotes. Il a alors peint la situation actuelle du pays, laquelle est
caractérisée par deux crises : l'une interne, l'autre externe.
La crise externe dit-il, c'est l'agression du pays par ses voisins, qui profitent de la faiblesse passagère de la RD Congo, tandis que, la crise interne, c'est le manque de légitimité des institutions, surtout après le hold-up électoral de novembre 2011, mettant le pays en situation de dualité au sommet de l'État et dans tout cela, c'est la population qui trinque avec des salaires impayés, un panier de la ménagère inaccessible, un chômage endémique qui frôle les 95% a t-il indiqué.
Accord cadre d’Addis-Abeba : lueur d’espoir
Poursuivant son intervention, Samy Badibanga signale que l'accord cadre d'Addis-Abeba aurait été une lueur d'espoir par le fait qu’il recommandait une réconciliation et une ouverture démocratique. Ce qui poussera les gens du pouvoir à convoquer les concertations nationales. Il regrette cependant que l’organisation de ces assises s’est fait d’une façon cavalière, sans aucun souci de recherche de consensus, sans volonté de donner suite aux préalables avancés par "l'opposition". Conséquences, celle-ci boycottera ces concertations avec tout ce qui en découlerait dont l'éventualité d'un gouvernement post-concertation. Il poursuit que les effets pervers de cette pensée unique ne tarderont pas. A titre exemplatif, il cite le trouble au Katanga, entre les habitants du nord et du sud de cette Province.
En ce qui concerne, il parle d’une amnistie de façade sera promulguée, avançant comme raison l’absence des personnalités phare de l'opposition qui ne sont pas concernées, notamment : Eugène Diomi Ndongala, Kutino Fernando, les prétendus assassins de M'zee Kabila...
Par ailleurs, Samy Badibanga dénonce les gesticulations d'une plate-forme opportuniste dénommée "opposition républicaine" prête à entrer au gouvernement corps et biens. Pour lui, c’est autre signe que les prétendues concertations nationales n'étaient finalement que des arrangements pour permettre à certains assoiffés de pouvoir de revenir aux affaires pour s'en mettre pleins les poches… Au mépris de ce que les textes congolais disent de l’opposition : elle ne soutient ni le gouvernement, ni son programme, explique ce député de l’Opposition, soutenant que ni le groupe parlementaire de l'UDPS et alliés, du MLC ou de l'UNC ne se sentent pas concernés par l'éventuel gouvernement en gestation.
Quant à la période électorale qui pointe à l'horizon, le Député Samy Badibanga dit qu’elle risque d'être plombée par les décisions cavalières de l'abbé Malu Malu, son président qui cherche à adapter la constitution à sa vision, alors que c'est la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) qui doit s'adapter à la constitution « son scénario d'organiser éventuellement les élections provinciales au scrutin indirect sont ni plus ni moins qu'un mépris de la constitution qui dit en son article 197 que les élections provinciales se déroulent au suffrage universel direct ».
C’est ainsi, poursuit-il que le groupe parlementaire UDPS et alliés a décidé de marquer le curé à la culotte en sensibilisant tous les partenaires internationaux dont l'Union Européenne, pour qu'ils ne se laissent pas piéger par l'abbé Malu Malu dans un véritable déni de démocratie.
Au cours de débat qui s’en est suivi, plusieurs points ont été soulevés, notamment celle ayant trait au bilan de l'opposition au sein de l’assemblée nationale - qu'un grand nombre de congolais considère comme une caisse de résonance du pouvoir en place, au regard de la majorité mécanique qui y trône, - la dénomination UDPS du groupe, alors que le Président du parti ne reconnaît pas cette institution...
Dans sa réaction, l’Honorable Samy Badibanga a indiqué que l'existence de leur groupe parlementaire est considérée comme une voix qui a ouvert beaucoup de portes sur le plan international. « Cette conférence au parlement européen en est une illustration vivante » a t-il conclu. Présent sur le lieu, le député Jean-Claude Vuemba du même groupe parlementaire a ajouté que le pouvoir Kabila a peur de leur voix, surtout quand elle est complétée par les prises de position des Congolais vivant à l'étranger dans leur dénonciation commune de l'illégitimité générée par le scrutin de novembre 2011.
J.B