Les Dépêches de Brazzaville n°1034 du mercredi 21 Juillet 2010

ENJEUX DE L'HEURE

L'opposition politique en quête de leader

Depuis la dernière réunion de l'opposition convoquée à l'initiative de Jean-Claude Vuemba, les choses semblent se compliquer pour cette frange de la classe politique congolaise.

Au centre de cette rencontre de tous les espoirs se trouvait l'idée d'une opposition concertée et en bloc pour affronter l'élection présidentielle. Une initiative que d'aucuns avaient jugée salvatrice pour l'opposition politique congolaise. Il s'agissait de jeter les bases d'une nouvelle plate-forme de tous les partis absents de la gestion du pouvoir actuel pour espérer mettre en place une véritable alternative lors des élections de 2011.

Cependant, au lendemain de cette rencontre à laquelle avait notamment pris part François Mwamba pour le compte du Mouvement de libération du Congo (MLC), Etienne Tshisekedi avait tout remis en cause estimant qu'il n'était pas partie prenante à cette démarche. Grande était la surprise pour les leaders de partis politiques présents à la journée de réflexion organisée par Jean-Claude Vuemba . Ce dernier a exprimé son indignation face à la réaction de Tshisekedi alors que son parti était officiellement représenté à la réunion de Ngiri-Ngiri, à Kinshasa.

Pour des analystes, cette réaction de Tshisekedi a anéanti toute la stratégie de l'opposition politique qui « se cherche un porte-étendard pour l'élection présidentielle de 2011 ». Car, soulignent-ils, en l'absence de Jean-Pierre Bemba, le président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) aurait été un bon jocker pour l'opposition. « C'était l'occasion à ne pas rater étant donné que les déboires de son parti depuis près de trois ans ne sont pas du genre à lui garantir une place à la tête de l'Etat congolais. Le rôle de Chef de fil de l'opposition aurait fait l'affaire », ajoutent-ils.

A la lumière de prochaines joutes électorales de 2011, plusieurs observateurs estiment que la seule chance pour l'opposition de faire mouche serait de constituer un bloc autour d'un candidat fort. Car, disent-ils, aucun parti de l'opposition n'est capable, à lui seul, de renverser la vapeur aujourd'hui. Ses querelles intestines et ses crises quasi-permanentes depuis 2006 ont vendu une très mauvaise image de sa vision politique. « Jean-Pierre Bemba étant hors course, Etienne Tshisekedi préférant jouer cavalier solitaire, les chances de l'opposition semblent plutôt compromises », a indiqué un observateur.

Par ailleurs, certains politiques tablent sur un score moindre que les 42% réalisés par l'opposition en 2006, l'Union pour la nation (Un) étant aujourd'hui orpheline de Jean-Pierre Bemba, son leader. Cependant, les esprits avertis préfèrent accorder encore une chance à l'opposition détentrice d'une autre carte à jouer en cas de rassissement de dernière minute surtout que les surprises de dernière minute existent toujours en période électorale. Tout dépendra notamment de la capacité de la majorité à se mettre en ordre utile pour 2011 en évitant les tiraillements comme c'était déjà le cas lors de la dernière session parlementaire.

Pour l'heure, Etienne Tshisekedi a manifesté son intention de se porter candidat à la prochaine présidentielle. Le MLC et l'Un n'ont pas encore affiché leurs couleurs. Notons que, selon le journal Le Soft International, l'ancien speaker de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, se présentera aussi, en 2011, comme candidat à la Présidence de la République. Voilà une ambition éventuellement au crédit de l'opposition si l'on s'en tient à la crise antérieure à sa démission du perchoir de la Chambre basse du Parlement.

Jeannot Kayuba