Congo News n°380 du mercredi 4 Mai 2011

Abus de pouvoir dans le chef du conseiller Kimbembe Mazunga

Les conseillers de Joseph Kabila ont pris l’habitude d’outrepasser leurs compétences. L’exemple le plus récent est celui de Kimbembe Mazunga, conseiller en matière d’infrastructures, à la Présidence de la République. De passage à Kasangulu où il est allé inspecter les travaux de réhabilitation du stade, l’ancien gouverneur de la ville de Kinshasa s’est arrêté à la hauteur du marché de la contrée-restauré à l’initiative du député de l’opposition Jean Claude Vuemba- pour annoncer la démolition de cet ouvrage dans les jours à venir. Démolition sous prétexte que le marché empiète sur l’emprise de la chaussée.  Kimbembe a même sollicité, devant la presse, que l’Assemblée Nationale dépêche une commission sur place. L’annonce de Kimbembe appelle deux commentaires au regard des compétences dévolues aux différentes institutions.

De un : une décision de démolition relève, en la matière, de la compétence de l’exécutif provincial. De deux : tout citoyen est en droit de se demander d’où un conseiller du Président de la République tire-t-il les pouvoirs de requérir la mise en place d’une commission parlementaire. De l’avoir fait, Kimbembe n’a fait que renforcer la position de ceux qui crient au magistère d’un gouvernement parallèle. A y creuser un peu plus, on apprend que le conseiller de Kabila a été mu par un esprit revanchard. La veille de son voyage pour Kasangulu, il avait eu une prise de bec avec Jean Claude Vuemba chez André Kimbuta éprouvé par la mort de son neveu tué à Charleroi, en Belgique, dans une scabreuse affaire de braquage. L’altercation avait porté sur le marché. Kimbembe, ingénieur civil de l’Université de Kinshasa, avait prétendu qu’en technicien, il trouvait que l’emplacement de ce marché ne respectait pas les normes, selon des hommes de l’entourage de Kimbuta. Vuemba aurait rappelé à Kimbembe qu’il n’était pas un élu pour comprendre ce que ce marché apporte à la population de Kasangulu.

Façon Ngbanda

Candidat malheureux aux législatives de 2006 dans la ville de Kinshasa, Kimbembe s’est senti très vexé et a promis, séance tenante, qu’il allait peser de tout son poids pour obtenir la destruction de ce marché. Le lendemain, il est passé à la première phase d’exécution de sa menace. Comme c’est indigne que des hommes d’Etat amènent sur la place publique des positions qui dérivent des querelles des clochers. Sur le plan pratique, Kimbembe n’a pas du tout raison. En tout cas, les marchés qui longent la nationale n°1 sont tous construits dans le même emplacement. Même le marché du rond poind Ngaba, dans la ville de Kinshasa, borde la chaussée qui monte jusque sur les collines de Mont-Ngafula. S’il y a démolir, il faudra alors tout démolir. De toutes les façons, on n’en arrivera pas. En cette période préélectorale, les Kabilistes eux-mêmes n’étaient pas disposés à soutenir une décision injustifiée qui risque d’avoir de lourdes conséquences sur le comportement des électeurs. Vuemba, de son côté, ne pense pas s’en laisser compter. Il a déjà mis en marche sa machine au niveau de l’Assemblée Nationale. Dès la prochaine plénière dans la salle du congrès du Palais du Peuple, un de ses collègues allait soulever une motion sur la question. Cette mauvaise habitude des conseillers du Chef de l’Etat qui aime à se livrer à des prestations publiques et dans les médias remonte à Honoré Ngbanda connu comme le conseiller spécial du Maréchal Mobutu en matière de sécurité le plus médiatique. Kudura Kasongo, alors porte-parole au Palais de la nation, en avait tellement usé et abusé qu’il était devenu difficile de savoir s’il parlait en son propre nom ou au nom du Président Joseph Kabila. Le marché Masusa existe depuis l’époque coloniale. La propre mère de Jean Claude Vuemba y tenait une étale de son vivant. L’élu de Kasangulu n’a fait que le moderniser pour un coût de 100.000 dollars.

M. KEPA