CINQ QUESTIONS A OSCAR LUGENDO LULA
« Potentiel de vendredi 10 avril 2009 »
- Quelle analyse faites-vous de la récente interview du chef de l’Etat au journal américian The Times ?
Ma lecture par rapport à cette interview, c’est d’abord l’étonnement dans la mesure où le chef de l’Etat donne l’impression de quelqu’un qui se plaint de ne pas avoir trouvé jusqu’ici de collaborateurs, en dehors de 5,6 ou 7 honnêtes, avec un esprit patriote, pour l’aider à reconstruire notre pays.
Au niveau de telles responsabilités, un homme d’Etat ne se plaint pas, il décide. Ou alors, il en tire toutes les conséquences logiques s’il estime qu’il n’a pas les moyens humains de sa politique. Récemment, le chef de l’Etat a déclaré, faisant allusion à la démission des membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, que personne n’est indispensable. Les bois morts, les prédateurs et autres flatteurs, qui se retrouvent dans la meute qui tourne autour du chef de l’Etat, devraient donc – par la volonté du chef de l’Etat lui-même – être mis à l’écart de la gestion du pays.
- A propos de la gestion du pays, comment jugez-vous celle du gouvernement en place ?
La gestion du gouvernement actuel est hasardeuse, voire artisanale. C’est une gestion par à coups. Tout se passe comme si le gouvernement n’avait pas de tableau de bord et qu’il fait du pilotage à vue. Point n’est besoin de dire ici que la situation politique, économique et sociale du pays est désastreuse. Avec la crise économique qui secoue le monde aujourd’hui, le gouvernement ne nous a toujours pas présenté son plan de sortie de crise. C’est tout simplement de l’irresponsabilité. Alors que de par le monde les produits des produits, notamment des denrées alimentaires de base ont plutôt tendance à baisser compte tenu du manque de liquidité, il est curieux de constater qu’on assiste à un phénomène plutôt contraire dans notre pays, au grand dam de nos populations.
- Avez-vous des observations aux démissions de Vital Kamerhe et de ses collègues ainsi qu’au renouvellement du Bureau de l’Assemblée Nationale ?
Il est dommage que ces démissions
ne soient pas le résultat d’un acte de volonté personnelle mais, plutôt, d’un
acte contraignant imposé par certains contingences politiques en dehors de
l’Assemblée Nationale. On aurait, d’ailleurs, pu éviter de mettre cette affaire
sur la place publique. La famille politique concernée aurait pu décider à huis
clos de ces démissions sans que cette affaire puisse faire l’objet de tant de
controverse au sein de la communauté nationale. D’après certaines sources, il semblerait
que, contrairement au Bureau sortant qui n’était composé que de membres de la
majorité parlementaire, le nouveau Bureau aurait en son sein des membres de
l’opposition. Cela serait une bonne chose pour la démocratie et prouverait que la
majorité au pouvoir aurait compris la nécessité d’associer, comme cela se fait
sous d’autres cieux, l’opposition à la gestion du Bureau de
- Avez-vous la conviction que la majorité parlementaire va vraiment ouvrir le Bureau de l’Assemblée nationale à l’opposition ?
Je l’espère vivement, parce que je crois aux vertus républicaines de bon nombre de députés et acteurs politiques de la majorité actuelle au pouvoir. Mais, si tel n’était pas le cas, on aurait déshabillé St. Pierre pour habiller St. Paul et on reviendrait à la case de départ. Ce qui rendrait la démission du Bureau sortant tout à fait inutile parce que cela aura fait perdre beaucoup de temps à l’Assemblée Nationale qui comme tout le monde le sait, a encore beaucoup de lois essentielles à examiner et à voter.
- Quels conseils prodigueriez-vous aux acteurs politiques congolais ?
D’abord, la constance dans leur démarche politique. Cela suppose des convictions bien ancrées. Ensuite, éviter à tout prix la transhumance politique pour des intérêts purement égoïstes qui n’ont rien à avoir avec la défense des intérêts du peuple congolais.
Propos recueillis par Angelo Mobateli
Ministre honoraire
Analyste politique.