Editorial : La voix de celui qui crie dans le désert
L’Avenir
n°3925 vendredi 30 juillet 2010
Editorial La voix de celui qui crie
dans le désert
2011, c’est demain. La loi sur la
Ceni est promulguée. Bientôt, sans beaucoup de tergiversations, on l’espère, on
connaîtra la composition du bureau de cet organe constitutionnel chargé de
l’organisation des élections. Le gouvernement a exprimé la volonté de puiser
dans ses poches pour respecter l’organisation des ces élections dans le délai.
Les partenaires désireux d’aider la Rdc au financement des ces consultations
électorales se sont invitées. Cela explique la présence à Kinshasa d’une
délégation de l’Onu venue évaluer les besoins de la Rdc dans ce domaine. Il y a
certes une sorte de piétinement dans les opérations de révision du fichier
électoral. Mais, les organisateurs, avec l’acquisition davantage du matériel,
rassurent de pouvoir terminer ces opérations dans le délai.
Les derniers jours sont donc proches pour ceux qui ont reçu
un mandat électoral et ceux qui veulent en avoir un. C’est dans ce cadre qu’en
prophète, le président du Mpcr, JC Vuemba crie de plus en plus fort pour
appeler ses pairs de l’opposition de fuir le démon de la division. Mais,
l’appel de JC Vuemba ressemble bien à un sermon dans le désert. La vraie image
du président du Mpcr est celle de Noé de la Bible qui, à l’approche du déluge
tente de venir à bout des incrédules pour les inviter à monter dans l’arche.
« Pour l’alternance en 2011, unissons-nous autour d’un programme ».
Comme échos à cet appel, l’indifférence, la moquerie, les quolibets, … Le
contraire nous aurait étonné. Autant que Noé n’avait pas réussi à embarquer
tous ses compatriotes, JC Vuemba aura beaucoup de peines à atteindre son but.
Beaucoup se posent la question de savoir autour de qui se fera le programme
commun. C’est la question sensible qui a toujours opposé l’opposition
congolaise. Même lorsqu’il est arrivé que cette opposition se mette ensemble
pour le besoin de la cause, les querelles de leadership l’ont toujours divisée.
La situation est pire aujourd’hui dans la mesure où aucun
dirigeant, aucun leader n’émerge pour fédérer l’opposition. Plus que l’on
s’approche de 2011, plus le leader du Mpcr crie, mais plus que l’opposition
dans toute sa diversité renforce ses tranchées. Les rares occasions au cours
desquelles les leaders de cette opposition sont sortis de leurs tranchées pour
voir ce qui se passait chez le voisin, ont été un coup d’épée dans l’eau dans
la mesure où chacun a vite regagné sa position. Ce qui aggrave la situation de
l’opposition, c’est que les positions défendues sont tenues par des hommes invisibles.
Tout le monde a peur de se mettre en marge de la volonté des hommes invisibles
au nom de qui tout le monde parle, même ceux qui ne sont pas d’accord avec eux,
mais n’osent pas le dire clairement.
Si l’opposition était capable de se donner un porte-parole en
lieu et place des hommes invisibles, ce dernier rendrait compte. Si cette
opposition avait un cadre de réflexion commun, il servirait d’arche pour JC
Vuemba. Avant le Premier tour, il sera difficile de rencontrer le réalisme des
opposants congolais. Tout le monde attend le deuxième tour pour se positionner.
A en croire les partis de la majorité qui entendent bouger toutes les lignes
dans les provinces où jadis l’opposition avait pignon sur rue, le deuxième tour
n’aura pas lieu. Entre temps, afin de ne pas se laisser prendre dans la tempête
lui aussi, le Noé de l’opposition congolaise sera bien obligé de fermer l’arche
afin de se sauver lui-même. Quand l’arche jettera l’ancre au palais du peuple,
il suffira que JC Vuemba débarque avec quelques députés. Le coup sera joué.
Joachim
Diana G.