Election du gouverneur du Bas-Congo : Duel entre Nkusu, Mbadu, Ghonda, et Vuemba

Journal Lisapo n°17 du 22 Août 2012

Election du gouverneur du Bas-Congo

Duel entre Nkusu, Mbadu, Ghonda, et Vuemba

Cinq mois que l’on attendait cela sans que la CENI ne dise un mot. Voilà que depuis lundi dernier, les choses s’accélèrent. Il y aura bel et bien élection des gouverneurs et vice-gouverneurs tant au Bas-Congo que dans la Province Orientale. C’est Jacques Djoli, vice-président de la Commission électorale nationale indépendante qui le déclare. Mardi, on l’a vu rencontrer le ministre de l’Intérieur, interface de la CENI dans le gouvernement, pour discuter de la question du budget de ces élections. « Si les moyens nous sont fournis, nous rendons public le calendrier y afférent et dans les trente jours qui suivent nous aurons deux nouveaux gouverneurs pour la Province Orientale et le Bas-Congo », a dit en substance le vice-président de la CENI au sortir de l’audience lui accordée par Richard Muyej.

Depuis l’annonce de cette nouvelle, c’est à nouveau l’effervescence dans les états-majors des partis politiques ayant des attaches et assises profondes dans le Bas-Congo et dans la Province Orientale.

Vous avez dit « agité » et « impulsif » ?

A Matadi, les bruits courent que l’élection prévue par la CENI dans les trente jours ne serait qu’une formalité visant à confirmer le leadership de Déo Nkusu Kunzi Bikawa, vice-gouverneur assurant l’intérim de Simon-Floribert Mbatshi Batshia, siégeant désormais comme député à l’assemblée nationale.

« Ce n’est pas évident », nous a fait savoir un politicien Kongo, qui estime que Déo Nkusu n’est pas l’homme de la situation. A son avis, l’actuel gouverneur intérimaire du Bas-Congo est un peu trop « agité », un brin « impulsif » et « trop envahissant ». On le dit « peu reconnaissant » envers son prédécesseur Simon Mbatshi, dont il s’attèle à démanteler le système de gouvernance. Des signatures retirées, des prérogatives de certains ministres confisquées, des conseillers de l’ancien gouverneur, des membres du bureau d’études et de l’intendance du gouvernorat révoqués. Des bouleversements qui ont choqué certains au point que Déo Nkusu est qualifié d’«ingrat », même si l’homme se défend d’une chasse aux sorcières, arguant à juste titre qu’il ne pouvait travailler avec des gens qui l’avaient ignoré cinq ans durant et dont il n’avait pas la maîtrise politique. Dont acte.

D’autres, aussi critiques, accusent l’actuel gouverneur intérimaire du Bas-Congo d’user de « trafic d’influence », en se faisant passer pour le « protégé » d’un membre de la famille présidentielle, lancé dans des affaires lucratives à Muanda.

Face à ces critiques, Déo Nkusu se veut un homme d’ouverture, pragmatique. Face à l’intellectualisme de Simon Mbatshi, proche parfois de l’inertie, Déo Nkusu déborde d’énergie, se veut proche de la population. Ce matadien d’adoption croit dur comme fer être le seul capable d’offrir une majorité confortable à Joseph Kabila à la prochaine assemblée provinciale. Pour ce qui est du gouvernorat, il se dit prêt à affronter les autres candidats, rappelant qu’il est député provincial élu de Matadi.

Dans les couloirs de l’assemblée provinciale, actuellement en vacances parlementaires, on affirme que les candidats n’ont qu’à bien se préparer. Les bruits font toutefois état d’une forte remontée du capital de confiance de Déo Nkusu parmi les députés provinciaux, alors qu’il entretenait des relations quasi exécrables avec les élus du Bas-Congo il y a encore quelques mois. Qu’est-ce qui s’est passé qui a pu faire bouger les lignes à ce point ? On ne le saura sans doute jamais. Toutefois, bien de gens parient sur une défaite de Déo Nkusu, au cas où il se présenterait à cette élection. Après avoir été huit ans durant vice-gouverneur du Bas-Congo et pendant cinq mois gouverneur full avec des pouvoirs tout de même réduits, il est temps font valoir d’aucuns que l’homme cède la place à d’autres. Et ce ne sont pas les prétendants qui manquent.

Mbadu, chouchou des sondages

Sur la liste des partants, on cite dans le camp de la majorité : un gros poisson en la personne de Jacques Mbadu Nsitu. Sénateur durant la législature passée, député national dans l’actuelle assemblée nationale, Jacques Mbadu est considéré comme l’homme pouvant impulser le développement du Bas-Congo. Depuis des mois, il tisse sa toile afin de se présenter en conquérant à l’élection que tient à organiser la CENI dans les trente jours. Jacques Mbadu pourrait se présenter avec M. Kikoka Toni Gaytoni dans un même ticket. M. Kikoka qui est du MSR est député national élu de Kimvula, le seul territoire du Bas-Congo où Joseph Kabila a réussi à arriver premier lors de la dernière présidentielle.

Outre Jacques Mbadu, favori des sondages, on parle également d’Antoine Ghonda, ambassadeur itinérant du président de la République. Après son échec aux législatives de novembre 2011, Antoine Ghonda semble avoir totalement retrouvé ses marques auprès de Joseph Kabila après cinq années passées à l’assemblée nationale comme député. On parle aussi de Luzolo Bambi. L’ancien ministre de la Justice est considéré comme un « homme propre », mais il aurait le défaut de ne pas être un « grand politicien ». Il n’avait pas osé se présenter aux législatives dans sa ville de Matadi.

La bataille devrait se jouer entre ces hommes, à moins que Joseph Kabila ne fasse confiance à Léonard Nsimba Nzungila. Le président de l’assemblée provinciale du Bas-Congo est considéré comme le chouchou des députés provinciaux. On se demande toutefois s’il lui sera facile de quitter l’organe délibérant de la province pour l’exécutif provincial. Cela ne s’est pas encore produit jusque là.

Deux femmes pourraient néanmoins bousculer la donne. Il s’agit de Josiane Mfulu Masaka, actuellement vice-présidente de l’assemblée provinciale, et Marie-Madeleine Mienze Kiaku, secrétaire général adjointe du PPRD et présidente du conseil d’administration de l’ex-RVM. Les deux femmes ont l’expérience du métier, la première ayant été vice-gouverneur de Kinshasa et la seconde, vice-gouverneur du Bas-Congo. Le choix d’une femme serait aussi une première. Aucune femme ne dirige les provinces actuellement.

Des opposants aussi

Même s’ils n’ont qu’une infime chance de l’emporter, les opposants ne seraient pas non plus en reste. On prête à Jean-Claude Vuemba Luzamba, l’intention de briguer le poste. Cet ancien « mikiliste » très politique, est président d’un parti de l’opposition, le MPCR, et député national élu de Kasangulu. Il serait déjà un candidat quasi déclaré.

On prêterait aussi à Gilbert Kiakwama la même intention. L’ancien ministre des finances sous Mobutu et député national élu en 2006 et 2011, jouit encore d’une bonne popularité dans son territoire de Mbanza Ngungu, mais reste très peu introduit dans l’assemblée provinciale. Un outsider pourrait enfin jouer au trouble-fête. Il s’agit d’Albert-Fabrice Puela. Député national élu de Matadi, il se montre depuis peu très entreprenant dans l’opposition après avoir été exclu de l’ARC d’Olivier Kamitatu pour ses prises de position très critiques envers le pouvoir en place alors que l’ARC est un parti de la Majorité présidentielle.

François Kumbu



 



30/08/2012
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