Elections 2011-2013 - Bipolarisation de la classe politique
Les Dépêches de Brazzaville n°1138 du jeudi 16 Décembre 2010
Elections 2011-2013 - Bipolarisation de la classe politique
La majorité se renforce autour du président Joseph Kabila Kabange et
l'opposition politique prend forme avec Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
L'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) se livre actuellement à un recrutement effréné de nouvelles formations politiques en vue d'élargir ses rangs pour les futures échéances. Les dernières à s'être signalées sont l'Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC) du député national Modeste Bahati Lukwebo et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ces deux formations politiques ont signé, au cours de cette semaine, l'acte d'engagement à l'AMP.
Loin de faire l'unanimité au sein de la plate-forme présidentielle, ces nouvelles adhésions constituent tout au moins un signal fort donné tant à l'opinion nationale qu'à l'opposition politique. Elles concourent à l'objectif déclaré, depuis un certain temps par l'AMP, de faire triompher l'actuel président de la République dès le premier tour de la présidentielle 2011. Un pari tout de même difficile à tenir étant donné l'effervescence observée à l'occasion de dernières tendances de rassemblement des formations politiques de l'opposition autour du leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), Etienne Tshisekedi.
Cependant, de nombreuses voix se sont élevées pour condamner notamment l'alliance avec le CNDP considérée comme un mariage contre nature. La majorité bénéficie actuellement du soutien de plusieurs indépendants transformés depuis en chefs des partis. Sur la liste figure, en guise d'exemple, le député national Tryphon Kin Kiey Mulumba, élu de Masimanimba en province du Bandundu. La tendance présage, somme toute, une réduction effective du nombre des indépendants aux prochaines législatives prévues en 2012.
Au cours de ces trois derniers mois, plus ou moins dix partis politiques ont signé l'acte d'engagement à l'AMP. Selon des sources concordantes, ces adhésions devraient se poursuivre jusqu'à la veille des élections. Mais, s'interrogent des observateurs, quel sera l'apport de chacun de ces partis ? Par ailleurs, estime-t-on, le grand problème demeure la gestion des ambitions des uns et des autres.
L'opposition bouge
De l'autre coté, plusieurs mouvements vont dans le sens de la formation d'un cartel de l'opposition. L'appel lancé par le leader de l'Udps aurait eu un écho favorable parmi nombreux de ses pairs de l'opposition. C'est le cas notamment des députés Roger Lumbala, Ne Muanda Nsemi, Franck Diongo, Jean-Claude Vuemba et Martin Fayulu. Tous ces chefs des partis ont déjà eu à manifester leur enthousiasme pour la création d'une plate-forme de l'opposition.
D'aucuns hésitent encore et ont promis de fixer l'opinion plus tard à l'instar d'Azarias Ruberwa censé peut-être s'y atteler au lendemain du congrès du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Du coté de Vital Kamerhe et son parti politique Union pour la nation (UNC) et du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo, les précisions se font attendre jusqu'à présent.
Ainsi, n'est-il pas hasardeux de soutenir qu'il n'y a encore rien de concret excepté quelques intentions. En 2006, l'Union pour la nation (UN) avait soutenu Bemba au deuxième tour de la présidentielle. A présent, il faut dire que les candidatures exprimées de Vital Kamerhe, Oscar Kashala et du leader du MLC ne sont pas du genre à confirmer la tendance à la réunification de l'opposition. L'on se souviendra, par ailleurs, que l'annonce de la candidature de Fabrice Mpuela à la magistrature suprême a poussé ses pairs de l'Alliance pour le renouveau du Congo (ARC) à l'exclure du parti et plus tard, il s'est même vu écarté de l'AMP.
Clairement, au regard des ambitions exprimées à ce jour, Joseph Kabila pourrait faire face à trois ou quatre candidats de l'opposition issus de divers espaces géopolitiques de la RDC. Il faudra vraiment craindre une dispersion de voix dans ce cas. Tout compte fait, l'opposition attendrait sans doute le deuxième tour pour se rassembler autour d'une seule plate-forme et peaufiner ses stratégies en vue de l'estocade finale pour une alternance apaisée.
Jules Tambwe Itagali