Elections présidentielles et législatives : Candidats en danger !


Le Phare n°4190 du jeudi 20 Octobre 2011

Elections présidentielles et législatives

Candidats en danger !

Pendant que la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) continue d’afficher un optimisme débordant face à l’échéance du 28 Novembre 2011, date retenue pour la tenue des élections présidentielle et législatives nationales, la communauté internationale et les partenaires extérieurs de la République Démocratique du Congo sont inquiets. Pas plus tard qu’en début de semaine, le Conseil de Sécurité des Nations Unies est monté au créneau pour rappeler au « pouvoir organisateur des élections » l’impératif de la transparence des données techniques et de l’apaisement du climat préélectoral.

Peu après, l’opinion tant congolaise qu’internationale a pris connaissance de la première déclaration préélectorale du Centre Carter. Il s’agit en fait d’une chaude alerte sur les pesanteurs négatives de nature à compromettre la tenue des scrutins ou en fausser les résultats. Comme fausses notes du processus électoral en cours, cette Ong spécialisée dans l’observation des élections a épinglé l’insécurité, la répression violente des manifestations pacifiques, les obstructions systématiques aux activités des partis et leaders de l’opposition, la privatisation des médias publics par les décideurs politiques candidats aux mandats électifs, l’absence des voies de communications, le manque de transparence du fichier électoral, etc.

On se souvient que dernièrement, le Ministre français des Affaires Etrangères, Alain Juppé, avait martelé que la France allait se montrer particulièrement vigilante dans le suivi du processus électoral congolais. Quant à l’ambassadeur français à Kinshasa, il avait relevé, lors d’une conférence de presse, que les revendications de l’opposition au sujet de l’audit du serveur de la CENI étaient fondées. Les indicateurs électoraux étant ainsi au rouge, ce que l’on peut désormais redouter est que la République Démocratique du Congo ne connaisse des élections non transparentes, non libres, non démocratiques et non apaisées. Ce qui fait le plus peur c’est le climat d’insécurité et d’intolérance politique instrumentalisés pour l’exécution de basses besognes en cette période préélectorale, les marginaux appelés « Pomba » et « Kuluna » risquent de nuire davantage pendant la campagne électorale officielle dont le coup d’envoi va être donné dans dix jours et surtout le jour du vote.

Les candidats non protégés par les hommes en uniforme et les écuries d’inciviques pratiquant les arts martiaux courent le grand danger de ne pouvoir battre campagne ni à Kinshasa, ni en provinces. Le scenario des manifestations contre l’opacité du fichier électoral réprimées dans la violence va sans aucun doute se reproduire lors des meetings, matinées politiques et autres activités de propagande des hommes et femmes membres des partis et regroupements politiques non affiliés à ceux proches du pouvoir.

Il est même à craindre qu’avant la date du 28 Novembre, l’intolérance politique et la haine tribalo-ethnique ne se traduisent par des cas de passage à tabac des candidats partisans de l’alternance politique au pouvoir voir d’élimination physique de ceux-ci par des éléments armés agissant de concert avec les « Kuluna » et les « Pomba ».

Le pire risque d’être vécu le jour du vote, avec des menaces de mort ou des actes d’intimidation sur des candidats sans protection spéciale et leurs militants, de manière à les empêcher de se rendre dans les bureaux de vote.

Monusco : pourquoi la langue de bois ?

Alors que l’inquiétude a largement gagné le cercle des partenaires de la RDCongo et des organisations non gouvernementales étrangères, au vu des incidents à répétition qui émaillent la période préélectorale, la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation de la République Démocratique du Congo) a curieusement adopté la langue de bois. Cette antenne de la Communauté Internationale en territoire congolais peine à élever la voix face aussi bien aux irrégularités ayant marqué les opérations d’identification et d’enrôlement d’électeurs, mais surtout aux violations des droits des Congolais à exprimer librement leurs opinions et à manifester.

En dépit de l’adoption par le Conseil de Sécurité, en juin dernier de la Résolution 1991 lui donnant expressément mandat de protéger les civils surtout en périodes préélectorales et électorale, cette mission onusienne ne semble pas suffisamment s’assumer. Présente aux quatre coins de la République avec des ressources humaines et la logistique appropriée pour faire le monitoring de tous les dérapages constatés jusque-là sur le terrain et leur apporter la riposte exigée par le Conseil de Sécurité, la Monusco laisse de nombreux Congolais avec le sentiment qu’elle ne les protège pas assez.

Si elle ne mettait en première ligne pour dénoncer et condamner tous les actes négatifs contraires à l’idéal du processus électoral transparent et apaisé, il y aurait moins de violations des droits de l’homme à Kinshasa comme en provinces. La Monusco devrait se réveiller et s’appliquer dans la tâche de protection des civils, visiblement à la merci de ceux qui semblent décidés à abuser de leurs positions sociopolitiques pour réduire la majorité silencieuse inactive au moment du vote.

Kimp

 



24/10/2011
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