LA MORT DE FLORIBERT CHEBEYA BAHIZIRE ET FIDELE BAZANA EDADI
Congo News n°302 du Vendredi 04 Juin 2010
COLLECTIF DES ONGS DE DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME DE LA RD CONGO
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ASSASSINAT IGNOBLE DANS LA FAMILLE DES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le collectif des Ongs de défense des droits de l’Homme de la RD Conog a la profonde douleur d’annoncer à l’opinion tant nationale qu’internationale, l’assassinat de Monsieur Floribert Chebeya Bahizire, Directeur Exécutif de la Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme du Congo (RANADHOC) et Vice-président de l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme pour l’Afrique Centrale (UIDH), survenu dans la nuit du 01 et 02 Juin à Kinshasa.
Pour rappel, Monsieur Floribert Chebeya Bahiziré avait reçu en date du 01 Juin 2010, aux environs de 11h00, un coup de fil d’un certain Monsieur Michel, non autrement identifié, l’invitant à se présenter à l’Inspection Générale de la Police Nationale Congolaise, sise dans la Commune de Lingwala à Kinshasa/RD Congo, à 17h30’, pour y rencontrer l’Inspecteur Général de la Police Nationale Congolaise, Monsieur John Numbi Banza Ntambo qui l’y attendait.
Accompagné de Monsieur Fidèle Bazana Edadi, membre et chauffeur de la VSV, Monsieur Floribert Chebeya s’est rendu audit rendez-vous aux environs de 16h00’. A 16h56, il appellera son épouse pour confirmer qu’il était déjà au lieu du rendez-vous attendant d’être reçu par l’Inspecteur Général de la Police Nationale.
Dès lors, il va s’en suivre une série de SMS échangés avec son épouse dont un reçu à 19h44’, dans lequel il lui annonce : « Je n’ai pas pu rencontrer l’IG. Je crois qu’il est retenu quelque part. Je vais à l’UPN » ; message non signé contrairement à ses habitudes.
Le contact avec sa famille sera définitivement coupé après un dernier et curieux message à l’intention de sa fille aux environs de 21h11’ à qui il répondait à sa demande de lui apporter des saucisses : « Bien reçu, d’avance bon appétit ». Message une fois de plus non conforme à ses habitudes.
Rappelé à son téléphone à 21h15’, Monsieur Floribert Chebeya ne décrochait plus, encore moins son chauffeur dont le téléphone était carrément fermé.
Tous ces échanges ont rajouté à l’inquiétude de son épouse qui ne reconnaissait pas dans ces différents messages le style de son époux habitué à rentrer directement à la maison après ses journées du travail. C’est ainsi qu’aux environs de minuit, elle alertera un de ses proches collaborateurs qui, à son tour, va organiser les recherches en alertant les différents acteurs de la société civile et partenaires de la communauté internationale.
Au cours de ces recherches infructueuses des Ongs des droits de l’homme tout l’avant-midi du mercredi 02 Juin 2010, la délégation des ONGS a été reçu par le Colonel Daniel Mukalayi, Directeur des Renseignements à l’Inspection Générale de la Police Nationale Congolaise, qui va confirmer la terrible information selon laquelle le véhicule de Monsieur Floribert Chebeya avait été retrouvé en fin d’avant-midi avec un corps inerte à son bord. Après identification du corps par la Police comme étant celui de Monsieur Chebeya, aux environs du quartier Mitendi sur la Nationale n°1 dans la commune de Mont-Ngafula, ceux-ci seront acheminés au Camp Lufungula avant que le corps ne soit transféré à la morgue de l’Hôpital Général de Kinshasa (ex- Mama Yemo) à 12h45’.
A l’heure actuelle, le corps du défunt se trouve à la morgue de l’Hôpital Général de Kinshasa tandis que son chauffeur, Monsieur Fidèle Bazana Edadi, avec qui il était, demeure encore introuvable.
De tous ce qui précède, le collectif des Ongs de défense des droits de l’homme, dénonce l’assassinat ignoble de Monsieur Floribert Chebeya Bahiziré, dans des circonstances non encore élucidées ainsi que la disparition de Monsieur Fidèle Bazana Edadi.
Floribert Chebeya ne sera pas enterré
Les activistes des droits de l’homme ont, lors d’une conférence de presse réunie, le 03 Juin, à Matonge, tout dit sur l’assassinat de Floribert Chebeya, à l’exception de l’annonce du programme funéraire.
Il ne s’agit pas d’une simple omission mais plutôt d’une volonté délibérée de garder le corps à la morgue de l’Hôpital général de Kinshasa le plus longtemps possible, quitte à faire des funéraires un moment « catalyseur ». Tout l’enjeu sera le moment des funéraires à organiser la veille de la célébration du cinquantenaire. Il y a fort à parier que le jubilé d’or de l’indépendance nationale souffrira du fragile consensus national brisé soudainement avec le lâche assassinat du Président de La Voix des Sans Voix. Il n’y a que l’enquête qui pourra apaiser les esprits. Encore que les activistes des droits de l’homme exigent, de leur côté, une enquête indépendante. Difficile de dire si le gouvernement pliera à cette exigence. L’ignoble assassinat de Chebeya a provoqué des réactions en chaine dans les capitales occidentales. En France, le Quai d’Orsay a adressé des condoléances à la famille du défunt. En Belgique, l’Ambassadeur Henri Mova Sakanyi a été interpellé et le Vice-premier Ministre belge a instruit à l’Ambassadeur belge en poste à Kinshasa de suivre de près le déroulement de l’enquête de l’affaire Chebeya. Alors que le corps de Chebeya a été retrouvé le 02 Juin à Mitendi, celui de son chauffeur et membre de la VSV, Fidèle Bazana Edadi, a été découvert, hier, à Mikonga. Mitendi et Mikonga sont deux extrémités de la ville de Kinshasa séparées de plus de 40 Kilomètres. Tous les proches de Chebeya affirment que ce dernier ne savait pas conduire. Comment expliquer alors qu’il se soit retrouvé si loin seul dans sa voiture ? Ceux qui ont assassiné Chebeya ont pris la précaution de faire passer leur forfait pour un crime passionnel. Ils ont laissé leur victime sur la banquette arrière de sa voiture le pantalon et le sleep baissé avec une capote et des mèches de cheveu féminin à côté de lui. Un montage grotesque. S’il s’est agi d’un crime passionnel, comment le corps de Bazana s’est retrouvé à mille lieux de là. Ridicule de penser que l’assassin a pris le temps de tuer Chebeya et Bazana à un point A pour se donner la peine de trainer le corps du chauffeur à l’autre extrémité de la ville. (Lire ci-dessous, le communiqué du collectif des ONGS de défense des droits de l’homme sur les circonstances de l’assassinat de Floribert Chebeya et ceux du gouvernement et de l’oNG Envol à la page 8).
Communiqués du Gouvernement et de l’Envol sur l’assassinat de Chebeya
DECLARATION DU VICE-PREMIER MINISTRE, MINISTRE DE L’INTERIEUR ET SECURITE
LE Gouvernement de la République Démocratique du Congo porte à la connaissance de l’opinion nationale la mort, dans la nuit du 1er au 02 Juin 2010 et dans les circonstances non encore élucidées, de Monsieur Floribert Chebeya Bahizire, Président de l’ONG la Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme.
A ce stade, aucune piste n’est privilégiée, et le Gouvernement exprime ses regrets et ordonne à tous les services, de sécurité et de renseignements, de mener, sans désemparer, des enquêtes, en vue de déterminer les circonstances exactes de cette mort.
Le Gouvernement de la république présente à la famille éprouvée et aux Organisations de défense des droits de l’homme en République Démocratique du Congo, ses condoléances les plus attristées. Il les rassure de sa détermination à renforcer les mesures de sécurité, pour que les activités des Organisations de défense des droits de l’homme en République Démocratique du Congo continuent à s’exercer sans aucune entrave.
En attendant l’issue des enquêtes ouvertes à ce sujet, le Gouvernement en appelle à la vigilance de la population et lui demande de collaborer activement aux enquêtes en cours.
Fait à Kinshasa, le 02 Juin 2010
Pr. Adolphe LUMANU BWANA N’SEFU
COMMUNIQUE
L’ensemble de Volontaires pour le Développement de la République Démocratique du Congo, association d’action civique, Envol en sigle, condamne avec fermeté l’assassinat crapuleux de l’activiste des droits de l’homme Floribert CHEBEYA BAHIZIRE intervenu dans la nuit du 01 au 02 Juin 2010 en pleine capitale de notre pays.
Cet acte ignoble constitue une menace grave aux droits fondamentaux et libertés publiques consacrés par notre Constitution. Il porte atteinte au pacte républicain qui garantit le droit à la sécurité pour tout citoyen, quelle que soit son opinion partant, un coup au fondement de notre démocratie.
L’ENVOL rend hommage à la lutte menée de son vivant, par le disparu pour le respect des droits humains en République Démocratique du Congo.
L’ENVOL interpelle les autorités gouvernementales à tous les niveaux, à œuvrer résolument non seulement pour que des enquêtes sérieuses soient engagées, mais aussi et surtout pour que des sanctions appropriées soient arrêtées à l’endroit des coupables.
L’ENVOL en appelle à la mobilisation et à la vigilance des organisations de promotion et défense des droits de l’homme, des partis politiques et à la population congolaise toute entière, pour exprimer la réprobation totale des atteintes répétées aux droits des citoyens.
Fait à Kinshasa, le 03 Juin 2010
Pour l’ENVOL
Delly SESANGA HIPUNGU
Président