Les adieux des membres du clan Zaïko à Mbuta Mashakado
Uhuru n°1944 du jeudi 14 Juillet 2011
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Les adieux des membres du clan Zaïko à Mbuta Mashakado
Décédé il y a quelques semaines sur un lit d’hôpital en Afrique du sud, l’artiste Dieudonné Mbuta Mashakado a eu droit à des obsèques dignes de son rang, à Kinshasa. Celles-ci se sont déroulées dans l’enceinte de l’Assanef dans la commune de Lingwala. Pour rien au monde, ses compagnons du clan Zaïko ne pouvaient désister à cet évènement malgré que douloureux.
Au premier rang, s’affichaient Papa Wemba, Nyoka Longo, Mavuela Somo, Pepé Felly Manuaku Waku, Bozi Boziana. Autre proches, qui ont rendu un vibrant hommage à «Yaya Brown ». Un hommage sanctionné par une série de chansons a succès de « Zaïko de son ère.
Ils avaient au fait, ravivés la mémoire de certains jeunes gens qui s’abreuvent des œuvres de l’artiste qui se sont approprié de ses tics sans pour autant l’avoir connu.
Aussi, d’autres - ceux des générations 70 et 80 -ont-ils ruminé de vieux souvenirs, en revivant comme sur une bande passante, les temps de gloire de Zaïko « avec Mbuta Mashakado en ligne de mire. A cette occasion, il leur était permis de témoigner les qualités artistiques de ce chanteur et acrobate dont la chorégraphie a marqué le temps.
Parmi ceux qui l’ont connu, l’actuel secrétaire du bureau d’administration de Zaïko Langa Langa, que les intimes de l’orchestre appellent affectueusement «Sec Emma» a révélé son parcours et sa personne.
L’homme et son œuvre
Mbuta Mashakado est un personnage qui restera gravé en lettres d’or les annales de la musique congolaise moderne. Durant la carrière musicale, il a été à la fois auteur-compositeur, chorégraphe, arrangeur musical et éditeur (Patron des Editions Mashakiko et Ayam). Il est né à Kinshasa le 10 mars 1952 d’une union légitime dont le père, Adrien Nzolatima, était un homme très en vue au pays suite à ses activités commerciales.
En dépit des interdictions familiales et malgré un cursus scolaire ordinaire et brillant qui l’a conduit successivement à l’Athénée de Kalina, à l’Athénée Saint-Jean, à Mbanza-Ngungu et à Nkamba, dans le Bas-Congo, Mbuta Mashakado a été séduit par l’art d’Orphée. Ses débuts remontent vers les 1969, en qualité de chanteur pop de l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Son talent a valablement contribué à asseoir le caractère international de la musique de cet ensemble musical. Appliqué pour le rayonnement de cet orchestre, il n’hésitait pas à quitter l’internat au Bas-Congo pour rejoindre ses camarades pour des prestations à Kinshasa. Ses descentes furtives dans la capitale provoquaient, très souvent la colère de son défunt père.
L’envol
En 1974, après le départ de 4 grandes figures de Zaïko (Papa Wemba, Gina wa Gina, Evoloko Jocker et Mavuela Somo), Mashakado a été poussé, par ses pairs, vers la musique dite « typique » qu’il interpréta avec brio jusqu’en 1989. Déclaré meilleur artiste de l’année par un jury de journalistes et chroniqueurs de musique congolais en 1976, il représentera le pays au Festival d’Art et de culture Nègre, FESTAC 77, à Lagos au Nigeria.
A cette occasion, il a reçu plusieurs sollicitations pour débuter une carrière internationale qu’il a déclinées, parmi lesquelles celle de Fela Ranson Kuti. De 1976 à 1977, il évolue dans l’orchestre « Yoka Lokole » dont il fut l’un des fondateurs, avant de revenir, en 1978, à ses premières amours, le « Zaïko Langa Langa ».
1981 il s’établit à Caen dans le Calvados en France où il
évolue avec l’orchestre «Mandinga».
Au sein de cette entreprise musicale, il produit quelques albums, avant de
réintégrer son milieu naturel, le «Zaïko Langa-Langa». De 1981 à 1986, il
suspendra sa carrière musicale afin de poursuivre une formation technique en
électricité et froid. Ce après avoir sollicité auprès de ses pairs une mise en
disponibilité pour raison d’études. Rentré au pays après un stage de mise à
niveau à l’INPP, il mettra sur pied sa propre entreprise d’électricité et froid
dénommée « Froidel », laquelle subira malheureusement les affres des
pillages de triste mémoire en 1992-93.
Entre la musique, l’entreprenariat et la
religion
Lors de la dislocation de « Zaïko » en 1987, Mbuta Mashakado évolue dans Zaïko Familia Dei « avec lequel il entreprend plusieurs tournées en Afrique et en Europe. En 1989, il se séparera de ses amis pour tenter une carrière solo. En 1992, il regagnera l’Europe où il entreprendra des travaux d’arrangement musical à Genève en Suisse puis à Paris en France et, ensuite au Congo-Brazzaville. Ayant décidé de rompre avec le monde musical, Mbuta Mashakado mettra ses compétences au service de la Société « Label Print », en qualité de technicien et gravira les différents échelons jusqu’à occuper la fonction d’Administrateur Directeur Technique grâce à ses capacités techniques avérées.
Ayant reçu l’appel de Dieu, Mbuta Mashakado va totalement se convertir. Il consacrera le reste de sa vie à servir Dieu à sa manière, après avoir suivi des enseignements approfondis sur les Saintes Ecritures. Au coucher de sa vie, Dieudonné Samuel MPOYO NZOLANTIMA a été une personne totalement différente de celle que l’on a connue dans le milieu musical. Aux dernières heures de son existence, il avait choisi la peinture comme moyen d’expression de sa pensée.
Un pied dans la politique
Attiré par la politique, il va adhérer au Mouvement du Peuple Congolais pour la République, MPCR, où il a exercé les fonctions de Président Interfédéral de la Ville Province de Kinshasa.
On retiendra de Mbuta Mashakado qu’il fut non seulement un homme de culture et un grand artiste musicien, mais également un fervent chrétien et homme équilibré qui n’a pas été emporté par le succès musical qu’il a connu.
En effet, Mbuta Mashakado est le seul musicien congolais font le nom a été donné à une danse, « Mashakado au pas, Mashakado sambuisa » et à une école secondaire de Kinshasa, l’Institut Mashakado, « actuellement » Institut Mantuidi.
La simplicité et la modestie qui ont caractérisé sa vie resteront un exemple pour les générations futures, particulièrement pour la famille nombreuse qu’il laisse. Une famille dont Maître Patrick MPOYO NZOLANTIMA est l’aîné.
Tiré du site
AEM/Uhuru