MESSAGE A LA NATION DE JEAN CLAUDE VUEMBA LUZAMBA, PRESIDENT NATIONAL DU MPCR ET DEPUTE NATIONAL, A L’OCCASION DU CINQUANTENAIRE DE LA PROCLAMATION DE L’INDEPENDANCE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Chers Compatriotes,

Permettez-moi, avant toutes choses, de rendre grâce au Dieu-Créateur qui nous a gracieusement offert les 2.345.000 (deux millions trois cent quarante cinq milles) Km² qui forment la République Démocratique du Congo et tout ce qu’elle regorge avec comme devoir de perpétuer son œuvre de création.

Qu’il me soit également autorisé de rendre un hommage mérité à nos ancêtres, aux filles et fils de ce grand pays qui, de quelques manières que ce soit, ont combattu le colonialisme, certains en y laissant même leur vie, et que nous pouvons dignement appeler « les pères de l’indépendance », car c’est grâce à leur combat que nous pouvons aujourd’hui parler du cinquantenaire.

En effet, ces dignes et vaillants fils du pays, ayant intériorisé la prophétie édictée par ce Grand Serviteur de Dieu, le Prophète Mbuta Simon KIMBANGU, avaient pour objectif final : « l’appropriation par le Congolais de son propre destin afin de créer les conditions les meilleures pour un mieux être collectif » car, ne dit-on pas que « on est mieux servi que par soi-même ! ».

Congolaises et Congolais,

A la veille de la commémoration du cinquantenaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays, la République Démocratique du Congo, je prends la respectueuse liberté, une fois de plus, certains diront comme toujours, de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas !

Cependant, loin de moi la prétention de m’ériger en donneur des leçons, vous conviendrez avec moi que ce rôle ne me ressemble pas, mais chatouillé, martyrisé et meurtri par les douleurs de l’enfantement, je refuse de m’éclater.

C’est pourquoi, j’implore à toutes mes sœurs et à tous mes frères Congolais, en commençant par les Autorités en place jusqu’à atteindre tout concitoyen qui influe d’une manière ou d’une autre à la vie de la Nation, de prendre le courage de se regarder dans la glace et de se poser la vraie et l’unique question du moment à savoir : « dans la mise en en œuvre de la prophétie de Mbuta Simon KIMBANGU, caractérisée par le combat menée par les Pères de l’Indépendance du Congo, quelle a été ma part tout au long de ces 50 (cinquante) ans passés ? ».

Sans préjuger des réponses des uns et des autres, je recommande néanmoins d’intégrer également la suite à donner à cette autre interrogation aussi importante que la première et qui découle de la réponse d’un chacun, à savoir : « QUE FAIRE MAINTENANT ? ».

Chers Frères et Sœurs,

Je me souviens que les latinistes disent souvent « errare humanum est » ; cependant, il s’ensuit toujours « perseverare diabolicum est ».

Il est plus que temps que le Congolais s’approprie réellement son destin, car il est capable de réaliser des grandes choses telles qu’il nous l’a démontré les rares fois dont l’occasion lui a été donnée tout au long de ces cinquante dernières années au bilan largement négatif.

Nous connaissons tous les maux qui rongent notre Société. Pire, nombreux sont ceux qui en détiennent les remèdes. Et, paradoxalement, ceux-ci se retrouvent même dans les rangs de ceux qui ont reçu de la Nation la mission de conduire le pays.

Donc, il ne nous reste plus qu’à passer aux actes. Et en cette commémoration de la proclamation de l’Indépendance de notre pays, l’opportunité nous est donnée à tous non pas de se limiter à chanter « debout Congolais » et à esquisser quelques pas de danse, mais de se mettre effectivement debout en vue de bâtir un pays plus beau qu’avant.

Après la proclamation de l’Indépendance intervenue le 30 Juin 1960, accédons réellement cette fois-ci à cette Indépendance : ASSUMONS-NOUS ET REVENONS AUX FONDAMENTAUX !

La République Démocratique du Congo, notre cher et beau pays, a vraiment besoin d’un nouveau départ qui offrira à tous les mêmes chances et assurera aux Congolais la plénitude de leur souveraineté.

C’est pourquoi, j’exhorte :

-      Aux Autorités en place : de répondre aux besoins sociaux de base de la population, par l’instauration de la vraie démocratie, du respect et de la garantie des libertés ainsi que d’une bonne gouvernance ; et dans le cas où elles n’y parviendront pas, comme cela se démontre actuellement, de prendre le courage de rendre le tablier c'est-à-dire de démissionner au lieu d’ériger les assassinats politiques en système de gouvernement.

-      Aux Acteurs politiques : de ne considérer dans toutes leurs actions que l’intérêt supérieur de la Nation au détriment des avantages personnels, car le mandat politique constitue un sacerdoce pour le bien de la population ; d’ailleurs, il a été démontré à travers l’histoire que l’on ne peut pas vivre heureux tout seul.

-      Au Peuple Congolais : de ne jamais abdiquer et de toujours se lever chaque fois que ses droits et libertés sont hypothéqués, conscient du fait qu’il lui revient la responsabilité de se doter des dirigeants qu’il mérite.

De ce qui précède, la célébration du cinquantenaire doit constituer pour chacun des filles et fils du Congo non seulement un temps fort de réflexion sur le passé, le présent et l’avenir de notre pays, mais aussi et surtout un moment propice du réveil de la conscience citoyenne des Congolaises et Congolais face à leur destin.  

En effet, l’évolution normale de tout un peuple exige de ce dernier non seulement de vieillir mais faudrait-il encore grandir en sagesse et assurer son épanouissement intégral.

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,

Avant de clore mon message de ce jour, je voudrai m’adresser aux illustres personnalités invitées aux festivités inutilement budgétivores organisées par le Gouvernement de la République. Nous osons croire que votre présence parmi nous ne se limitera pas seulement à rehausser l’éclat des saltimbanques mais que cela correspondra à une volonté éprouvée d’entretenir les meilleures relations de coopération avec notre peuple.

C’est pourquoi, nous vous demandons solennellement de trouver, entre deux coupes de champagne et quelques petits fours enrobés de caviar, le temps de rappeler à ceux qui vous ont invité les vraies préoccupations de notre peuple que vous connaissez déjà. Vous aurez ainsi au moins gagné toutes les gâteries qui vous seront offertes par l’argent du Trésor Public, puisé sur une population qui vit au seuil de la limite de la pauvreté et dont la majorité, comme d’habitude, n’aura rien à manger en ce 30 Juin.

En effet, grâce à un protocole bien agencé, le Pouvoir en place vous a épargné, tout au long de votre séjour au Congo de nos ancêtres, d’être confronté aux véritables réalités du peuple congolais caractérisées par :

-      Le ballet quotidien des corbillards qui sortent des morgues de nos hôpitaux, lesquels ne peuvent même pas avoisiner vos cliniques vétérinaires ;

-      Les chaussées défoncées, le calvaire du transport en commun, la pénurie d’eau et d’électricité, l’amoncellement des immondices, les enfants et jeunes de la rue, le nombre élevé des chômeurs à côté des travailleurs sous et impayés, les grèves répétées des agents et fonctionnaires de l’Etat, les assassinats ciblés des Opposants politiques, Journalistes et Activistes des Droits de l’Homme, etc...

Nous vous serons reconnaissants d’inclure dans vos bagages plusieurs couronnes de fleurs, de préférence des lys, des camélias ou des bougainvilliers flamboyants à déposer sur les tombes de nombreux martyrs de l’intolérance politique et de la démocratie en République Démocratique du Congo dont le dernier en date n’est autre que le Héros National Floribert CHEBEYA BAHIZIRE que nous continuons à pleurer pendant que vous festoyez.  

Fait à Kinshasa, le 28 Juin 2010

Le Président National

Jean Claude VUEMBA LUZAMBA

Député National