Opposition de la Rdc : Une réunion à Washington pourquoi faire ?

lundi 26 avril 2010

Opposition de la Rdc : Une réunion à Washington pourquoi faire ?

 

Il y a plus de deux ans que la Rdc est sortie de la période d’incertitude démocratique. La gouverneure générale du Canada qui a cité le Chef de l’Etat congolais à ce propos, reconnaît le fait. Il est vrai qu’après une longue expérience d’un système politique basé sur un homme, certains politiques, tout en se réclamant du changement, ont beaucoup de peine pour comprendre que ce n’est plus le moment de faire la démocratie individualisée.

Le pays a mis en place des institutions qui fonctionnent. La différence entre le système passé, c’est qu’aujourd’hui, les Congolais ont choisi effectivement leurs dirigeants. Les 500 députés élus l’ont été à l’issue d’une lutte âpre entre plus de 2000 candidats. Le Chef de l’Etat a été choisi parmi 33 candidats et entre deux candidats au deuxième tour. Que dire des députés provinciaux qui ont bataillé dur pour s’offrir une place dans différentes assemblées provinciales ? On peut dire que la tâche n’était pas aussi facile qu’on le croit pour les sénateurs élus par les assemblées provinciales.

Il est malheureux d’entendre une certaine opposition basée à Dallas aux Usa prétendre que les dirigeants actuels seraient des produits, mieux le choix des étrangers. Il n’y a pas meilleure façon de faire injure au peuple congolais que de faire telle déclaration. C’est pourtant ce qu’on peut lire dans un communiqué d’une prétendue dynamique de l’opposition congolaise de la diaspora. Cette dynamique que personne ne connaît au pays se fait beaucoup d’illusions sur beaucoup de points. Elle projette une réunion à Washington au mois de juin prochain au moment où les Congolais seront dans la fièvre des festivités jubilaires. Alors que les Congolais, au cours de cette année jubilaire ont décidé de réfléchir sur le passé qui s’est imposé à eux comme pesanteur, cette opposition nous rappelle, nous ramène dans une vieille pratique, celle de vouloir écrire l’histoire du Congo à partir de Washington, Paris, Bruxelles ou autre. « En prévision de la rencontre qui réunira, du 19 juin au 26 juin 2010 à Washington, les politiciens de la diaspora congolaise et ceux restés au pays, l’Opposition congolaise - toute tendance confondue - et la Dynamique de l’Opposition, s’accordent à publier ce jour, le communiqué dont voici la teneur… ». Pour réunir l’opposition congolaise, il faut représenter quelque chose et surtout avoir quelque chose de nouveau et de précis à dire. Tout positionnement sur base d’illusions est une œuvre d’avance vouée à l’échec. Une chose est de se réunir, une autre est de faire en sorte que la réunion produise des résultats.

La maturité des partis politiques

On peut lire dans ce communiqué que « L’Opposition congolaise se félicite de la maturité et de la volonté sans équivoque affichées par les différents partis qui se sont mobilisés pour prendre part à la Conférence de Washington pour discuter entre autres, de l’avenir politique de notre pays, la RDC et de la réorganisation de l’Opposition politique qui doit rester une et soudée ». C’est ridicule d’apprendre que la maturité des partis politiques se mesurerait à leur adhésion au principe de la rencontre de Washington. Quels sont-ils ces partis politiques sur les 450 que compte le pays ? Le but de la rencontre de Washington serait de réorganiser l’opposition. C’est une façon de dire qu’au pays l’opposition ne réussit pas de se réorganiser. Qu’est-ce qu’on entend par organisation ?

A ce jour, le parlement congolais a voté une loi portant statut de l’opposition. Il reste que cette opposition se dote d’un porte-parole. Malheureusement, on assiste à un dialogue des sourds à cause des intérêts divergents des politiciens. Ce serait surprenant qu’un groupuscule, à partir de Dallas aux Usa, réussisse là où les élus du peuple membres de l’opposition ont échoué. Il en est de même des initiatives d’un programme commun de l’opposition aux prochaines élections. Joseph Olenghankoy (Fonus), Jean-Claude Vuemba (Mpcr) et François Muamba (Mlc) ont lancé des initiatives isolées. Jusqu’à ce jour, on ne sait pas qui réunira qui. Ce serait étonnant que cette opposition qui résiste aux leaders des partis politiques bien connus se jette dans les bras d’un inconnu, d’une voix inconnue qui crie depuis Dallas aux Usa. C’est l’un des côtés illusoires de cette initiative.

Un programme léger et aventureux

Ce communiqué est le plus ambiguë que l’on ait connu dans l’histoire politique de la Rdc. C’est la preuve que les choses ne sont pas très claires dans la tête des organisateurs de cette rencontre de l’opposition congolaise à Washington. On parle d’une réunion pour redynamiser l’opposition, d’autre part on reconnaît que c’est une opposition dynamique et mature qui va prendre part à ces assises de Washington. Elle prend l’engagement avant la rencontre. Que fera-t-on après la réunion ? Car, peut-on lire dans ce communiqué : « L’Opposition ainsi réorganisée et dynamisée prend l’engagement solennel, devant Dieu, le peuple congolais et le monde, de mener le combat politique tendant à mettre un terme aux atrocités et aux humiliations infligées aux Congolais et aux Congolaises, notamment, les violations des droits humains, les violences sexuelles faites aux femmes, ainsi que les pillages des richesses de la RDC, détruisant ainsi le tissu économique de tout un pays ». Lorsque les choses sont mal conçues et lorsqu’on n’a pas connaissance de la situation réelle du pays et qu’on ne fait aucun effort pour se mettre à niveau, on ne peut rien faire de valable, surtout pas réunir l’opposition qui n’est pas composée des marchepieds.

Objectif, élections 2011

C’est encourageant que certains Congolais se préoccupent, mieux s’organisent en prévision des élections de 2011. L’auteur du communiqué parle au nom de toute l’opposition à tel point qu’il est difficile de savoir s’il s’agit d’un communiqué d’annonce des assises de Washington ou un compte-rendu de la rencontre qui se serait déjà organisée. Cette confusion apparaît clairement dans le communiqué : « L’Opposition congolaise, consciente des enjeux politiques présents et futurs, se refuse d’aller aux élections, à l’ordre dispersé. Elle saisit cette opportunité pour condamner avec force les tentatives visant la révision de la Constitution afin de faire de celle-ci une Constitution sur mesure ». Pas de doute que l’auteur de ce communiqué se prend pour l’opposition au point de l’engager. C’est une preuve de plus que personne ne peut prendre au sérieux et les organisateurs et la rencontre de Washington. Les fautes de français dans ce communiqué, ne nous concernent pas. Nous avons décidé de ne rien corriger pour l’authenticité de ce communiqué.

Vérité et réconciliation

Pour les organisateurs de la rencontre de Washington, ce sera « un espace de vérité et de réconciliation afin de permettre aux Congolais de regarder tous vers une même direction pour le décollage définitif de la RDC ». Réconciliation entre qui et qui ? Et lorsque l’opposition se réunit et se réconcilie, ce sont tous les Congolais qui regardent dans la même direction ? Cela nous rappelle une certaine opposition des années 1990 qui se disait « peuple congolais ». Si l’opposition, c’est le peuple congolais organisé politiquement. Quelle différence avec le Parti-Etat ? Ces idées hasardeuses ont beaucoup nui au pays qui s’est permis une longue et interminable transition avant et après la Conférence nationale souveraine.

Des idées erronées

Avant même que cette opposition se réunisse, elle interpelle déjà l’Occident et la communauté internationale. Cette résolution anticipe la rencontre. « L’Opposition qui se réunira à Washington saisira cette occasion pour lancer un important appel à l’Occident et à la communauté internationale, à savoir que la République Démocratique du Congo, à cause de l’ingérence de l’Occident et de la Communauté Internationale, n’a jamais eu comme dirigeants, ceux issus du choix et de la volonté de ses citoyens. Le moment est donc venu pour que les Congolais s’assument en prenant en charge l’avenir et le devenir de leur beau et riche pays ». Lorsque le peuple congolais va aux élections et élit ses dirigeants, il est injurieux de dire qu’il n’avait pas choisi et que les dirigeants qu’il s’est offerts seraient le choix des autres.

Un homme sérieux ne peut faire telles allégations. Il est vrai que les dirigeants congolais, comme tous les dirigeants du monde, ne sont pas exempts de reproches. Mais leur reprocher là où ils sont irréprochables, c’est un manque de capacité d’analyse. C’est comme cette opposition des années 1990 qui accusait l’Occident d’avoir installé Mobutu tout en allant elle-même demander la caution du même Occident pour remplacer Mobutu. Il est donc temps de changer le présent afin que le futur soit différent. Malheureusement demandant une chose et son contraire, cette opposition adopte un discours du passé, celui d’une certaine opposition à Mobutu. « Si le passé ne peut être changé, le présent et le futur le peuvent bien pourvu que la volonté et la détermination soient au rendez-vous » et le communiqué de poursuivre : « Devant la misère noire, devant la paupérisation du peuple, devant les guerres qui déciment des paisibles citoyens qui se comptent par des millions et devant la cohorte des populations en perpétuel déplacement en quête d’asile qu’elles ne trouvent jamais, l’Opposition congolaise est plus que déterminée à mettre fin à cette situation dramatique en y apportant un changement radical par la démocratie et la bonne gouvernance ». Ce sont des racontars. Le communiqué est signé depuis Dallas aux Usa par un illustre inconnu Elie Nsangala Mundendi, président de la Dynamique de l’Opposition. Pauvre Rdc, qu’as-tu fait pour que n’importe qui pense s’occuper de vous, n’importe comment, n’importe quand et n’importe où ?

 

Joachim Diana G.

 

http://www.groupelavenir.cd/spip.php?article32136

 



08/05/2010
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