Porte-parole : Le chouchou des sondages - Kamerhe malmené, Badibanga favori
AfricaNews n°710 du lundi 11 au mardi 12 Juin 2012
Porte-parole : Le chouchou des sondages
Kamerhe malmené, Badibanga favori
Désillusion pour le candidat défait à la présidentielle du 28 novembre, mal lancé dans la course au poste du porte-parole de l’Opposition. Un sondage Les Points lui donne 23% d’intentions favorables contre 58% à l’UDPS Samy Badibanga !
La précampagne livre ses premiers secrets. A quelques jours de la désignation du porte-parole de l’opposition, l’UDPS Samy Badibanga Ntita débarrassé de l’UNC Vital Kamerhe, son principal challenger. L’Institut Les Points, le même qui avait donné Kabila vainqueur face à Jean Pierre Bemba en 2006 et prédit sa réélection le 28 novembre 2011, établit un bilan à partir d’une étude réalisée du 7 au 8 juin, le jour de l’officialisation de la candidature de Vital Kamerhe. Grosse surprise : Samy Badibanga s’est nettement détaché. Le député UDPS élu à Mont Amba, à Kinshasa, sans nul doute l’un des meilleurs scores dans la capitale, président du caucus UDPS, président du Groupe Parlementaire UDPS-FAC à l’Assemblée Nationale, est le grand favori de premiers sondages consacrés à cette bataille. Il est très haut perché avec un pic de 53%, loin devant Vital Kamerhe crédité de 28% !
Bon présage pour Samy Badibanga Ntita. Mauvais départ pour Vital Kamerhe. L’ancien speaker de l’Assemblée Nationale n’a récolté en tout et pour tout que 28% d’intentions vote pendant que son adversaire direct, l’UDPS Samy Badibanga, caracole seul en tête avec 53% d’intentions favorables. Le sondage, réalisé du 7 au 8 Juin 2012, coïncidant avec l’officialisation de la candidature de VK5 va certainement donner de l’insomnie au président de l’UNC. Il traduit l’opinion recueille auprès des députés nationaux – les électeurs- et quelques Kinois. Samy Badibanga prend une option sérieuse. Directeur de l’Institut Les Points, Frédéric Panda, trouve une explication au score de l’élu de Mont Amba. « Bien que méconnu du grand public, non reconnu dans la cour des grands leaders, l’ancien conseiller spécial d’Etienne Tshisekedi et homme-orchestre de sa campagne électorale à la présidentielle du 28 novembre 2011 est bien positionné pour devenir le porte étendard de l’Opposition. Il bénéficie du soutien du groupe parlementaire UDPS/FAC qui est constitué de 55 membres. Ce soutien, il en bénéficie également parmi les opposants qui ont toujours contesté à Vital Kamerhe le leadership de l’Opposition, l’invitant à faire ses preuves… », avance Panda. Le sondeur donne aussi les raisons de la mauvaise performance de Kamerhe. « Son passé aux côtés de Joseph Kabila, son passage à l’opposition jugé non convainquant ainsi que son appartenance à la partie Est du pays, au même titre que le président de la République, le 1èr ministre, le gouverneur de la Banque Centrale du Congo et le Procureur Général de la République, ne rassure pas certains sondés. Le faible poids politique de l’UNC et alliés -28 membres- ne faciliterait pas non plus la tâche à l’ancien speaker de l’Assemblée Nationale », commente-t-il. Panda reconnait cependant que « d’autres estiment que c’est l’homme qu’il faut au regard de sa personnalité, son caractère rassembleur et sa troisième position à la présidentielle de 2011 ». Leur nombre ne suffirait peut-être jamais pour renverser la tendance dès lors que les premiers contestataires de Kamerhe se recrutent au sein même de l’Opposition.
La position de Kengo
La semaine dernière, Jean Claude Vuemba, élu MPCR de Kasangulu, l’une des grandes figures de l’opposition à l’Assemblée Nationale, lui a brandi un carton rouge, estimant clairement que Kamerhe devait se réserver pour postuler à ce poste. L’autorité morale de l’Union des Forces pour le Changement –UFC-, Léon Kengo wa Dondo, serait du même avais que Vuemba, apprend-on appris des sources très sûres. « Ce poste revient de plein droit à l’UDPS. Tout le monde le sait, c’est le candidat de ce parti politique qui est arrivé deuxième à l’issue de la dernière présidentielle de l’année dernière. C’est aussi l’UDPS qui s’est positionnée comme la principale force de l’Opposition à l’Assemblée Nationale. Revendiquer ce poste aujourd’hui relève du banditisme et de la mauvaise foi… Nous devons être respectueux envers la loi et envers la population », cogne un sénateur proche de Léon Kengo. Et d’ajouter : « Nous apprenons même que le candidat de l’UNC achète des consciences pour parvenir à ses fins. Nous nous insurgeons contre cette pratique qui n’est pas dans les habitudes de l’Opposition ». C’est le déballage. Le sage de l’UFC va plus loin. Il affirme que même sur le plan numérique, le groupe parlementaire UDPS-FAC est le plus grand de l’Opposition, avec 55 élus sur environ 160 que compte la famille Opposition dans son ensemble, pendant que l’UNC et alliés peinent à dépasser la barre de 28 députés. Y a pas match ! Kamerhe se battrait pour une cause perdue d’avance. Une grande partie de l’Opposition soutient la légalité et plaide pour l’équilibre géopolitique, « Voyez, presque toutes les Institutions du pays sont dirigées par des ressortissants de l’Est. Donner le poste de porte-parole à un ressortissant de l’Est serait une nouvelle erreur qui priverait au Centre du pays d’être représenté à un niveau aussi élevé », confie un élu de l’Opposition sous le sceau de l’anonymat. Sentiment partagé par José Makila, élu de Gemena, à l’Equateur. Rien ne semble réussir à Kamerhe décrit par un diplomate américain dans un câble capté par Wikileaks comme un homme sans position, un opportuniste. Samy Badibanga Ntita, Kasaien élu à Kinshasa, ancien conseiller spécial d’Etienne Tshisekedi et homme-orchestre de la campagne électorale n°11 à la présidentielle de 2011, part donc favori pour remporter le maroquin. Reste qu’il devra composer un bon ticket pour respecter les équilibres au sein de l’Opposition.
AKM
Henry MBUYI