Samy BADIBANGA : « On ne change pas la Constitution avant une élection »
Samy BADIBANGA : « On ne change pas la
Constitution avant une élection »
Député de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Samy Badibanga fait partie des premiers parlementaires de l’opposition congolaise à s’être opposé à toute velléité de révision constitutionnelle. Dans une interview exclusive à Jeune Afrique (réalisée le 17 juillet 2014 à Paris) il réaffirme ce credo. Point de vue.
Jeune Afrique : Pourquoi êtes-vous opposé à toute modification de la Constitution ?
Samy Badibanga : On ne change pas les règles du jeu pendant le match. On est à 26 ou 27 mois de l’élection présidentielle. L’année prochaine, normalement on doit avoir des élections intermédiaires. On espère que ça sera les élections provinciales en premier, et locales en second lieu. Sinon les deux en même temps. Et donc, ce n’est pas le moment de changer la Constitution.
Jeune Afrique : Pensez-vous que le président Joseph Kabila va tout faire pour se représenter en 2016 ?
Samy Badibanga : Il essaiera mais sur ça nous
comptons avec la pression intérieure que nous faisons au niveau de l’opposition
et les pressions extérieures aussi au niveau de la communauté internationale.
Jeune Afrique : Justement, estimez-vous que la pression de la communauté
internationale sur le pouvoir est assez forte ?
Samy Badibanga : Non, je trouve qu’ils n’en font pas suffisamment. J’ai eu l’occasion de rencontrer les différentes autorités en Belgique, à Paris et même à Londres. J’ai eu la possibilité de le leur dire en face qu’ils devaient continuer avec des pressions. Et je pense même qu’on doit passer du stade des souhaits à celui des conditions, et voire même à une phase des sanctions.
Jeune Afrique : Etienne Tshisekedi de l’UDPS peut-il être candidat en 2016 ?
Samy Badibanga : Ça, c’est une question qu’il faudra lui poser. Ça dépendra de lui. Certainement, il prendra une décision le moment venu. Mais, jusque là, nous n’avons qu’un seul leader au niveau de l’UDPS qui est accepté par tous les membres de l’UDPS. Et c’est bien Etienne Tshisekedi.
Jeune Afrique : Son successeur pourrait-il être Félix Tshisekedi ? Le fait qu’il soit « fils de » ne le disqualifie-t-il pas ?
Samy Badibanga : Comme dans toutes les candidatures, il y a du bon et il y a l’autre face de la médaille. Il tire un avantage avec le nom qu’il a parmi les membres de l’UDPS. Mais, effectivement, il y a aussi ce problème que certains posent du fait d’être le fils. Mais je pense, à mon avis, que ce n’est pas une raison valable. Pourquoi est-ce que le fait d’être le fils du leader ne vous donnerait-il pas le droit d’arriver à conduire le parti ? C’est une question de compétence et de légitimité. Ce n’est pas une question d’hérédité, je pense.
Jeune Afrique : Les FDLR qui ont rendu les armes sont en train d’être regroupés. Mais, on constate que personne ne veut vraiment les accueillir…
Samy Badibanga : C’est tout à fait normal que les gens réagissent de cette manière là avec tout ce qu’on a connu à l’Est du pays. Ce n’est pas un problème congolais, le problème des FDLR. L’idéal serait de trouver la possibilité pour que Kigali accepte d’entrer en discussions avec leurs compatriotes pour voir dans quelle mesure ils devraient régler leur problème. La communauté internationale devrait peser de tout son poids pour que Kigali règle leur problème.
Jeune Afrique