Un Député accuse la société franco-britannique Perenco de commettre un génocide au Bas-Congo.

Honorable Jean Claude Vuemba Luzamba, Président National du MPCR

Photo Gabin MUKE S "RT KAVKA"

 

LE SOFT INTERNATIONAL N°1030 DU 12 Février 2010

 

 

Un Député accuse la société franco-britannique Perenco de commettre un génocide au Bas-Congo.

 

Au sortir d’une réunion au Gouvernorat du Bas-Congo à Matadi, le Député d’opposition MPCR, Jean Claude Vuemba, s’est dit « choqué » d’apprendre que la compagnie pétrolière PERENCO verserait 387 millions de dollars par an au Gouvernement Central ? « Nous sommes quand même très choqués de voir que rien, alors rien, n’est versé à la ville de Moanda qui est encline aux effets néfastes de la pollution, ni à la province du Bas-Congo ».

 

Après avoir brandi la menace de porter plainte contre l’Etat RDCongolais et la compagnie pétrolière Franco-britannique PERENCO qui opère à Moanda, le Député formule ses propositions pour un Plan environnemental à Moanda. « Nous voulons que la redistribution de recettes pétrolières puisse profiter à la population de Moanda », explique le Député de Kasangulu et Président du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, en abrégé MPCR. « Le génocide ne se fait pas qu’à travers les armes, les bombes et les mines ; il se fait aussi à travers l’intoxication et la pollution de l’environnement ».

 

Le mot est lâché. L’action est-elle écologique ? « C’est cela ! Ce qui s’est passé chez PERENCO à Moanda au village de Kienge ou ailleurs, nous ne pouvons pas l’accepter. Je vais écrire au Premier Ministre et au Ministre de l’Environnement pour qu’une commission mixte soit créée, qui comprendrait les membres des gouvernements central et provincial, du parlement, des ONG qui défendent les droits de l’environnement, de la population. Nous voulons aussi que dans cette commission siègent des représentants des compagnies pétrolières et de la communauté internationale ». Selon Jean Claude Vuemba ce panel aura pour mission de dresser un constat sur l’impact environnemental dans la région. Et des soutiens, même diplomatiques, se manifestent, poursuit le Député.

 

LES CONDITIONS.

 

« Le Gouvernement provincial peut bien négocier avec PERENCO l’indemnisation de la population, mais il faudrait associer les ONG internationales qui sont spécialistes dans l’impact environnemental. L’essentiel pour nous est qu’on arrête des mesures draconiennes pour que la population de R-DC ne puisse plus être exposée à ce danger mortel que représentent les déchets toxiques dûs à l’activité de PERENCO ».

 

A Moanda, les sociétés pétrolières ont accepté enfin de se pencher sur la problématique de la pollution environnementale. Depuis 1997, PERENCO verse quelque 210.000 dollars à près de 70 villages directement affectés par l’exploitation du pétrole à Moanda. Mais bien souvent, ceci ne se limite qu’à des donations en nature, tôles, grabats, stylos, etc., des petites heures de fourniture gratuites du courant. Les nouveaux venus dont SOCO ont promis 600.000 dollars.

 

Alors que le relent anti PERENCO se cristallisait à Moanda, les sociétés pétrolières ont accepté en janvier de se mettre autour d’une table avec les autorités provinciales, les défenseurs de l’environnement et les communautés de base. Objectif : trouver un modus vivendi sur les conflits fonciers, la problématique de la pollution de l’environnement, les dividendes et l’exploitation pétrolière pour les communautés de base ainsi que sur la problématique de l’après-pétrole. Il y a peu, le Député Jean Claude Vuemba faisait part de son intention de saisir à nouveau l’Assemblée Nationale de la pollution de l’environnement à Moanda par PERENCO. A ses yeux, une commission d’enquête parlementaire serait la bienvenue pour élucider cette situation qui perdure. Le Député fustige la pollution atmosphérique par la société PERENCO qui exploite le pétrole de la R-DC sur le littoral atlantique à Moanda dans le Bas-Congo.

 

« Cette entreprise pétrolière ne tient pas compte des règles d’usage pour mettre la population à l’abri des diverses maladies à lourdes conséquences. Près de 60% d’enfants âgés de un à 16 ans souffrent de troubles pulmonaires et 85% d’adultes de 50 à 80 ans souffrent de crise d’asthme et ont un problème de vue dans la cité de Moanda ». Selon le Député, depuis quelques années, les habitants du territoire de Moanda se plaignent de la pollution environnementale par les sociétés pétrolières. Qui, malgré les protestations, ne cessent de déverser les déchets toxiques autour des villages du territoire de Moanda. « Depuis plusieurs années, les habitants de Moanda avec le soutien des ONG écologiques revendiquent leur droit à un environnement sein sans pollution. Plusieurs rapports des humanitaires mettent en relief le danger sanitaire pour la population des villages Kongo et Tshiende qui manifestent leur ras-le-bol ». En juin 2008, l’Assemblée Nationale avait recommandé à PERENCO et Chevron d’indemniser les victimes de la pollution de l’environnement du fait de leurs activités. A la suite d’une motion qui dénonçait les atteintes à l’environnement dans les champs pétrolières à Kai-Tshanga à Moanda. A cet effet, la mission d’enquête diligentée avait confirmé la pollution manifeste et la menace dangereuse de l’écosystème et de la santé de la population riveraine. Les ONG de Moanda contestent ce que les sociétés pétrolières versent à l’Etat au titre des royalties et autres redevances. « Ici, l’Etat est un partenaire dormant. Tout lui est imposé. Les pétroliers veulent bien déclarer », laisse-t-on entendre. PERENCO est le seul exploitant on shore du pétrole à Moanda. « A l’Etat, elle verse 387 millions de dollars par an. Et même pas 500.000 dollars ne sont pas rétrocédés à la population de Moanda », dénonce Vuemba. Bref, l’Etat r-dcongolais ne gagne que très peu dans l’exploitation du pétrole du littoral du Bas-Congo. Tenez : la société franco-britannique verse une royaltie e 12,5% de la valeur des hydrocarbures à la tête des puits, alors qu’ailleurs, les redevances s’appliquent sue la valeur de la production à partir du prix affiché et non pas à partir du point d’exportation. PERENCO paie un impôt forfaitaire de 50% sur les bénéfices. « Cet impôt est en effet calculé après déduction des coûts des opérations dont seuls PERENCO et ses associés déterminent la hauteur ». Un autre impôt forfaitaire dit spécial est directement payé à l’Etat, au même titre que d’autres dividendes. « Pas de taux imposable, tout se fait sur base d’arrangement »… « L’Etat et la population doivent rentrer dans leurs droits. Il faut l’espérer. On doit prendre des mesures pour que cela ne se répète plus jamais », râle JC Vuemba. Très remonté par la surenchère de la pollution environnementale dans le Bas-Congo. Par exemple, sur l’affaire des produits alimentaires avariés déversés à Kasangulu, il est très en colère.

« Je commencerais par une remarque principale et principielle : Kasangulu n’est pas et ne doit pas être la poubelle de Kinshasa… ». Piqué au vif par la succession des faits : « Au village Sabuka, dans le groupement de Ngudiabaka, une société congolaise qui a une chambre froide et que les services spécialisées sont en train de rechercher, est venue enterrer, non loin de la cité de Millénium, plus d’une tonne de croupions de dinde avariés. Malheureusement, la population qui a vu cela, a pris une partie pour en consommer. J’ai demandé à la population qu’on puisse brûler cette matière avariée ».

 

« J’ACCUSE ».

Très remonté par le fait que le vice-gouverneur du Bas-Congo, Deo Nkusu, ait surpris des gens en train de décharger des containers d’ails et d’oignons impropres à la consommation en provenance de Kinshasa, Jean Claude Vuemba lâche : « ils les ont jetés au même endroit, là où il y a deux ans et demi, on avait surpris des véhicules de la MONUC en train de déverser des déchets toxiques ». Et il déplore que « l’on cherche à transformer Kasangulu en un dépotoir ». Contrairement au vice-gouverneur du Bas Congo qui a prétendu que la cargaison d’ails et d’oignons était placée sous bonne surveillance en lieu sûr, en attendant l’enquête judiciaire, le Député Vuemba fait savoir que ces produits ont été brulés près du village Kimpita. « Je mets d’ailleurs en garde l’administrateur du territoire de Kasangulu, il ne doit plus refaire ce qui s’y est passé. L’OCC a des sites pour l’incinération des marchandises avariées. Nous ne pouvons pas accepter qu’on aille brûler cela en pleine cité. Ce que l’administrateur du territoire a fait, constitue une menace à la santé publique dans le territoire de Kasangulu ». L’élu de Kasangulu envisage de demander au Ministre de la Santé d’y dépêcher une équipe médicale pour d’éventuels cas d’intoxication. « Je veux porter plainte contre celui (OCC) qui a laissé entrer ces produits avariés de Matadi à Kinshasa jusqu’à l’entrepôt de cette société qui les a jetés à Kasangulu ». Ces oignons et ces ails, déclare-t-il, appartiennent à une expatriée chinoise répondant au nom de Fan. Et de poursuivre : « C’est extrêmement grave parce que cela s’est fait avec la complicité d’une société congolaise appelée Maman Kulutu située sur la 13è Rue à Limete ». Tenez : cela fait plus de 6 mois, depuis qu’on a découvert deux grands tonneaux des produits toxiques qu’on avait enfouis à Kasangulu. Le Ministre de l’Environnement ainsi que le premier ministre ont été mis au courant, mais jusqu’à ce jour on n’a pas déterré ces déchets toxiques. Je mets en garde le gouvernement de la République qu’à la moindre contamination de qui que ce soit dans les villages Tampa, Kinkedi et dans le centre de Luila, nous porterons plainte également contre l’Etat congolais pour négligence coupable de la santé des Congolaises et des Congolais ». Et « A chaque fois qu’un problème environnemental se posera, prévient-il, nous allons saisir la Justice pour que l’Etat congolais puisse être jugé pour son incompétence ». Kasangulu fait penser à Yopoungo à Abidjan où des déchets toxiques ont été déversés et ont provoqué des pertes en vies humaines. « Nous y sommes parce que Kasangulu est devenu le dépotoir de toutes ces sociétés qui viennent jeter leurs marchandises avariées… ».

 

TSHIMANGA DOLAY  

 



25/02/2010
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