VSV : Chebeya et Bazana : 4 ans déjà !

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Chebeya et Bazana : 4 ans déjà !


mardi 3 juin 2014

* Le RENADHOC exige des poursuites contre le général John Numbi Tambo. Faute de quoi, il va recourir aux mécanismes internationaux.

Des tonnes de larmes ont coulé dimanche dernier au cimetière de Benseke-Nouvelle Cité, lors de la commémoration du 4ème anniversaire de l’assassinat le 1er juin 2010 de deux activistes des droits de l’homme, Floribert Chebeya Bahizire dit " Flory ", ancien directeur exécutif de la VSV et Fidèle Bazana Edadi, chauffeur chargé du courrier. Devant la tombe de Floribert Chebeya, le ton est donné par Jean-Claude Vuemba, élu de Kasangulu qui fond en sanglots en envoyant ce message à " Flory " : " C’est toi qui étais venu me sauver lorsque j’étais dans le pétrin dans un cachot de la ville. Maintenant tu es là, immobile… ". Emotion, pleurs et colère ont marqué cette commémoration du 4ème anniversaire de cette tragique disparition.

Le sentiment général est que ce double assassinat est resté impuni et donc que ceux qui moisissent en prison ne sont que des simples exécutants et non des donneurs d’ordre, c’est là où le procès en cours a laissé un goût d’inachevé. Tous les intervenants ont pris dans le viseur, l’ancien chef de la Police, le général John Numbi Tambo qu’ils considèrent comme le commanditaire de ce double assassinat et exige que l’Etat puisse mettre fin à l’impunité dont il bénéficie et que des poursuites pénales soient enclenchées à sa charge pour un procès équitable. Le ton est donné par la VSV dont le message est lu par le 1er directeur exécutif adjoint, Rostin Manketa.

Après avoir retracé les circonstances de la mort de ces deux défenseurs des droits de l’homme, il estime que le moment est venu pour la mobilisation générale pour que les vrais auteurs et commanditaires de cet assassinat soient démasqués : " C’est ici également l’occasion de dénoncer l’impunité dont jouit le suspect N°1 dans cette affaire, en l’occurrence le Général John Numbi Tambo ".

Ce dernier, poursuit-il, circule librement au point qu’on peut s’interroger pour savoir s’il est plus fort que l’Etat. A ce sujet, le représentant du RENADHOC, le collectif regroupant toutes les Ong de défense des droits de l’homme, a demandé au nom de cette plateforme que des poursuites soient enclenchées sans délai contre le général John Numbi. Faute de quoi, leur collectif serait obligé de saisir des mécanismes internationaux appropriés par des procédures qui sont à l’étude.

Plus incisive encore est la sœur aînée de Floribert Chebeya qui a dit que Chebeya et John Numbi Tambo étaient des amis de longue date depuis le moment où le patron de VSV lui avait sauvé la vie à l’époque de feu Maréchal Mobutu. Ils sont restés très liés. Qui dit que c’est John Numbi qui est le commanditaire, pose-t-elle la question en y répondant tout de suite que c’est le colonel Mukalayi lui-même dans ses PV devant l’Auditeur militaire ainsi qu’au procès où il n’a cessé de dire qu’il n’a fait qu’exécuter les instructions de son chef. Au moins, dit-elle, rien que par ces déclarations, John Numbi devait comparaître. Ce qui n’est pas le cas car il n’est intervenu que comme renseignant.

DES IMPASSES DANS LA PROCEDURE

Quant à la représentante de la famille de Fidele Bazana Edadi dont le corps n’a jamais été retrouvé, c’est le même sentiment de révolte à cause des impasses dans la procédure judiciaire. Elle n’évolue pas. La famille Bazana exige que justice soit faite et qu’on leur dise là où on a caché le corps de leur frère.

Par ailleurs, il est à noter que cette journée de commémoration est placée sous le thème " 4 ans après votre assassinat, tous unis pour défendre votre cause ". Cette commémoration est une occasion en or pour que l’opinion garde en mémoire ce double et ignoble assassinat destiné à étouffer les valeurs de démocratie, des droits humains, des libertés fondamentales et de l’avènement d’un Etat de droit dont ils étaient des vibrants défenseurs.

Après le dépôt des gerbes des fleurs sur la tombe de Floribert Chebeya, l’assistance s’est dirigée à la Paroisse Séminaire Jean XXIII pour une messe d’action de grâces en mémoire de ces braves combattants de la liberté. Le clou de la journée de la commémoration était la conférence de presse au siège de la VSV dans la luxueuse salle des réunions retapée par l’UE et dénommée désormais " Salle Bazana Edadi ".

C’est là où la VSV où à travers son directeur exécutif, Doly Ibefo a rappelé les raisons ainsi que les motivations de commémorer cette journée qui est de rendre présents les illustres disparus comme symbole de la lutte contre l’impunité. C’est là aussi où on apprend du RENADHOC que la journée du 1er juin de chaque année est désormais dédiée aux droits de l’homme.
Côté judiciaire, c’est Me Kabengela, Doyen du Barreau de Kinshasa qui a livré l’état des lieux du dossier Chebeya et Bazana. On retient en un mot que côté justice militaire, les magistrats faisaient leur travail avec conscience. Mais il y a trop d’injonctions de la hiérarchie, ce qui explique le piétinement que tout le monde déplore. Le Doyen annonce même qu’il y avait déjà eu une requête de renvoi de John Numbi, ce qui veut dire que le Parquet fixe son dossier sur base des éléments de communication entre lui et Mukalayi. Mais cette requête de fixation a disparu, fait-il voir avec dépit. Malgré tout, le dossier a pu atterrir à la Cour suprême de justice comme souhaité. Ce n’est pas du tout la sortie du tunnel car il n’a jamais été appelé. Oublié quelque part dans un tiroir…Foi du Doyen Me Kabengela.

A l’étape du cimetière, on pourrait noter la présence des représentants de l’Onu, celui du Bureau des droits de l’homme (Onu toujours), de l’UE, de la France, de la Belgique ainsi que celui de la ministre de la Justice.

KANDOLO M.

 



08/06/2014
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