Vuemba explicite les assises de Ngiri-Ngiri

CONGO NEWS n°312 du samedi 24 Juillet 2010

Vuemba explicite les assises de Ngiri-Ngiri

Jean Claude Vuemba tel qu’en lui-même. Le Président du MPCR explicite, dans une interview à « CONGONEWS », l’idée née des assises de Ngiri-Ngiri tout en restant très acerbe envers le régime.

Honorable Jean Claude Vuemba, vous plaidez pour l’unité de l’opposition. Vous souhaitez que l’opposition présente une candidature unique. Mais, il y en a qui pense que la candidature unique risque de réduire les chances de l’opposition à la présidentielle. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Je me bats pour que l’opposition puisse présenter un programme commun de gouvernement d’alternance en 2011. Il faudra que l’opposition se retrouve à travers les idées et à travers l’intelligence pour savoir quoi présenter à la population. Nous avons souvent l’habitude de confondre les projets de société de nos partis politiques et un programme de gouvernement. Nous proposons que les opposants se retrouvent pendant quelques jours autour d’une même table pour échanger sur l’avenir de la nation. Je lance ainsi un appel à tous les opposants de l’intérieur tout comme à ceux de l’extérieur à la. Cet appel nous l’avons lancé notamment à l’UDPS et au MLC la clôture des assises de Ngiri-Ngiri.

Que répondez-vous à ceux qui disent que la candidature unique donne plus de chance à Joseph Kabila ?

De toute ma vie, je n’ai jamais travaillé à empêcher les ambitions légitimes des uns et des autres déclore. Nulle part, j’ai soutenu l’idée pour l’opposition. Je défends toujours le projet de programme commun tant au niveau local comme la gauche française l’a fait à l’élection présidentielle de 1981. A ces élections, François Mitterrand, Georges Marchais, Mouchardeau… tous de la gauche s’étaient rangés derrière un seul et même programme pour se donner plus de chance. Au second tour, François Mitterrand s’est retrouvé en face de Valery Giscard D’Estaing. Ça ne sera en rien de chercher à étouffer les ambitions des uns et des autres.

Les assises de Ngiri-Ngiri avaient été critiquées par la suite, notamment la présence de l’UDPS a prêté à une controverse ?

J’ai été reçu par le président national de l’UDPS, à Bruxelles, en mars dernier. Je lui avais soumis l’idée d’un programme commun. Sa question avait été simple. Il m’a demandé si j’avais discuté avec les siens à Kinshasa. Tenez-vous en bien. J’avais pris la précaution de discuter de la question avec Alexis Mutanda et Albert Moleka (aile de Limete) et avec François-Xavier Belchika et Aka Mantsia (aile de Righini). Tshisekedi m’a de ce fait donné son soutien. La réaction d’Albert Moleka aux assises de Ngiri-Ngiri n’a pris en compte que certaines déclarations des hommes politiques invités à la manifestation du MPCR. Qu’est ce qui est sorti de cette journée ? Une convergence qu’il est nécessaire et urgent d’avoir un programme commun. Et que nous confions la responsabilité à l’UDPS et au MLC de matérialiser le projet. Les gens ont pensé qu’avait été question d’une candidature unique ou d’un parti unique. Non ! Que les politiques congolais apprennent à lire les procès verbaux des réunions.

Avez-vous enregistré des avancées depuis les assises de Ngiri-Ngiri ?

Il y a un grand travail de diplomatie secrète qui se poursuit. Ce n’est ici le lieu d’en dévoiler la teneur. Ce que je ne veux pas, c’est faire passer ce projet pour une affaire de Vuemba. C’est une affaire qui engage tous les présidents des partis l’opposition.

Jean Claude Vuemba réclame un recensement. Ne trouvez-vous pas que c’est donner un prétexte au pouvoir pour ne pas organiser les élections en 2011 ?

J’ai été très triste d’entendre le représentant résident du PNUD nous demander de cesser d’avancer des chiffres sur le nombre d’habitants de notre pays. C’est une honte. Ni le gouvernement, ni les politiciens qui avancent les chiffres personne n’est dans le bon. Parce que depuis 20 ans, le pays n’a plus connu un recensement.

Ne trouvez-vous pas que le recensement prendra plus de temps ?

Nous avons fait abstraction du recensement en 2006 en raison de l’urgence. Parmi les priorités de Sun-City, il y avait d’abord le recensement, suivi de l’octroi de la carte d’identité et d’électeur. Le gouvernement doit savoir aujourd’hui que le recensement est primordial avant la mise en place de toutes structures pour les élections à venir.

Puisque Malu-Malu a déjà commencé l’enrôlement, vous irez quant même aux élections ?

Malu-Malu n’a plus le droit d’exister. Il y a la loi sur la CENI qui traîne depuis trois mois sur bureau du président Joseph Kabila. Qu’est-ce qu’il attend pour la promulguer ? La Constitution l’oblige de la faire dans un délai donné.  Ne pas le faire, c’est violer la Constitution. Son statut de président de la République ne l’exonère pas de se soumettre à la loi. Que le gouvernement ne pousse pas les gens à la colère. Que Malu-Malu arrête de distraire les Congolais. Qu’il s’en aille fournir son expérience malheureuse ailleurs.

Est-ce que vous y croyez ces élections dans le délai ?

Le problème n’est pas de croire au délai mais croire aux élections. Après le mois de septembre 2011, le Congo sera ingérable comme après le 24 Avril 1990. Gardons-nous de réveiller les vieux démons.

Vous croyez que s’il n’y a pas des élections en 2011, nous retombons dans les chaos d’avant ?

Le problème n’est pas là. La différence est que ce gouvernement est issu des urnes à travers une constitution qui a été taillé par eux les belligérants. Au pouvoir, le gouvernement de Joseph Kabila devrait travailler pour le recensement dès le premier mois. Vous voyez comment le PPRD est entrain d’embrigader toutes les autorités politico-administratives. En ce qui concerne la rébellion ou le chaos, Jean Claude Vuemba n’a jamais tenu les armes et il ne le fera jamais.

Il y a une thèse dans certains milieux qui veut qu’on ramène les élections présidentielles à un seul tour. Ne voyez-vous pas que c’est très pratique dans un pays qui n’a pas assez de moyens ?

Les moyens sont là, mais c’est la corruption qui ruine les finances publiques. Que la Cour des comptes fasse son travail de contrôle des sociétés et des ministères, on trouvera de l’argent. Comment expliquez que des gens entrent au gouvernement paumés pour en sortir nantis des empires immobiliers, sans compter les grosses cylindrées ? Nous disons qu’il ne peut pas y avoir un seul tour aux élections présidentielles parce que le candidat élu sera très mal élu et ne sera pas représentatif par rapport à la nation congolaise. Il faut dire plutôt que le premier tour, c’est pour les ambitions qui sont légitimes, le défoulement et le deuxième tous, c’est pour un véritable projet pour le Congo.

Si la majorité vous l’impose par la loi électorale ?

Le président Joseph Kabila a promis, le 6 décembre 2008, à l’occasion de son adresse à la national au congrès, qu’il ne modifiera pas la Constitution. J’ai pris acte et j’attends. Il ne faudra pas que ceux qui sont dans la majorité croient qu’ils resteront indéfiniment au pouvoir. L’alternance arrivera un jour.

Vous critiquez trop le gouvernement. Ne trouvez-vous pas que l’atteinte du point d’achèvement constitue une importante avancée ?

Le point d’achèvement, ce n’est pas une panacée. Nous avons connu mieux l’indépendance, la zaïrianisation, la conférence nationale souveraine, les accords de Sun-City et les élections de 2006. Si réellement les gens s’étaient mis au travail, le Congo serait déjà un pays fort en Afrique. Le Congo doit reprendre son leadership en Afrique. Nous savons comment ce point d’achèvement a été atteint. Il ya eu beaucoup de concessions que nous ne voulons pas dévoiler. Quant vous octroyez à la France par Areva une mine d’uranium, on comprend la suite avec un Strauss-kahn à la tête du FMI. Nous avons atteint le point d’achèvement parce que c’est un accord politique.

La modernisation de la ville de Kinshasa, notamment. Quel commentaire vous faites ?

Ce n’est pas parce que vous construisez 25Km de route qu’il y a modernisation. Il faut voir les couleurs que Kimbuta a exigées. La couleur bleue jaunâtre qui est démise là où il y a la terre jaune. La modernisation ce n’est pas par rapport au prolongement du boulevard triomphal. Mais regardez juste à gauche ou à droite de ces routes, et vous comprendrez. Surtout que les Chinois ne sont plus sur tous ces chantiers. On les cherche ces chinois dans la ville de Kinshasa.

A l’Assemblée Nationale on vous voit toujours assis aux côtés de Ne Muanda Nsemi. Quel effet ça vous fait d’être tout le temps à côté de cet homme que d’autres trouvent mystérieux ?

Je suis moi-même un sorcier. Je crois aux églises des noires et à la sorcellerie.

Vous êtes donc un adepte de Ne Muanda Nsemi ?

Je suis Bundu Dia Kongo.

Depuis toujours ou c’est seulement depuis que vous vous êtes engagé en politique ?

L’essentiel est d’aller vers une réflexion que vous trouvez intéressante pour le prolongement de votre vie. L’honorable Ne Muanda Nsemi a été pour beaucoup dans mon assimilation de la tradition Kongo.

Vous parlez de l’opposition, mais il y a un autre leader, Vital Kamerhe qui s’engage dans un combat d’opposition contre Joseph Kabila. Vous ne l’avez pas invité aux assises de Ngiri-Ngiri ?

Nous attendons la démission effective de Vital Kamerhe du PPRD. C’est alors que nous saurions qu’il ne fait plus partie de la majorité. Tant qu’il gardera sa carte n°001, je le considérerais toujours comme membre de l’AMP.

Il a promis de venir à l’Assemblée en septembre. Comment voyez-vous son retour ?

Ça sera une très bonne chose parce que l’ancien président de l’Assemblée Nationale est un homme très cultivé et intelligent. Sa part de réflexion sera profitable à l’Assemblée Nationale et bénéfique à la nation.

Vous avez encore fait un reproche à Adolphe Lumanu. Qu’en est-il ?

Je mets en garde le vice-premier en charge de l’intérieur et de la sécurité. Il doit empêcher les commissaires des districts, les administrateurs du territoire et les chefs des secteurs de participer à des réunions politiques. Le samedi dernier, le PPRD a organisé une matinée politique à Kasangulu. Au cours de ce rendez-vous politique, les organisateurs présentés individuellement l’administrateur du territoire et ses deux chefs de secteur comme étant des membres à part entière du PPRD. Nous ne pouvons l’accepter. C’était choquant pour la population de Kasangulu.

Votre sujet dada, la pollution ?

Je reviens de Brazzaville suite à un coup de fil d’un habitant de Luozi, village de Nzala qui est frontalier avec le village de Mpasamina (Congo-Brazzaville). En 1990, les villageois auraient vu des gens enfouir des conteneurs dans le sol sur des anciennes galeries. Depuis une année, la végétation sur les steppes commence à se dépérir. La population de Nzala estime aujourd’hui que les conteneurs qu’ils avaient vus contenaient des matières toxiques. Après les recherches, nous apprenons que ces conteneurs ont été débarqués d’un bateau depuis. Nous demandons la mise en place d’une commission internationale pour se pencher sur cette affaire.

 

H.M. MUKEBAYI NKOSO



29/07/2010
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