Carton rouge de Vuemba à Kemerhe

AfricaNews n°709 du jeudi 07 Juin 2012

CAUCHEMAR POUR UN CANDIDAT PORTE-PAROLE

Carton rouge de Vuemba à Kemerhe

Alors que la bataille pour la désignation du porte-parole de l’Opposition fait rage, le député MPCR réclame l’application stricte de la loi, estime que le poste revient de droit à l’UDPS et interdit les opposants candidats à la présidentielle 2016 de se lancer dans la course. Route barrée pour le leader de l’UNC.

Pour Vital Kemerhe, la conquête du strapontin de porte-parole de l’Opposition avait tout, a priori, d’une opération sans risque, la dénégation des résultats des élections du 28 Novembre 2011 par son principal concurrent, l’UDPS Etienne Tshisekedi, étant une garantie. Mais c’est devenu un cauchemar. Le tonitruant Jean Claude Vuemba Luzamba a jeté un pavé… dans l’arène. Dessinant le portrait robot du porte-parole de l’Opposition à la faveur d’une interview accordée à AfricaNews, le député MPCR a entrepris de barrer la route à Vital Kamerhe, présenté comme le candidat idéal par certains opposants. Vuemba est formel. Il réclame l’application stricte de la loi, estime que le poste de porte-parole revient de droit à l’UDPS, première force de l’Opposition institutionnelle, et interdit aux opposants candidats à la présidentielle 2016 de se lancer dans la course.

C’est le compte à rebours. Dans exactement 3 jours, soit le 10 Juin 2012, l’Opposition RD-congolaise, toutes tendances confondues, devra choisir son porte-parole, conformément à la loi portant statut de l’Opposition en RD-Congo. Plusieurs factions lorgnent ce poste juteux qui émargera au budget de l’Etat, dont l’animateur contrôlera les actions du gouvernement et présentera, fin législature, son rapport à la Nation. Soudain, les opposants ont entrepris de s’entredéchirer. Des groupes opposés, rangés derrière des candidats supposés ou déclarés, sont entrés en campagne. La virulence des propos traduit le refus de chaque camp à faire des concessions en vue d’un consensus. La rivalité a atteint les proportions inquiétantes quant le député UNC Justin Bitakwira, intervenant lundi 4 Juin au Journal parlé du soir de la radio privée RTVS1, met l’UDPS hors course. Tollé. La réplique est inévitable. Quelques heures après l’intervention de Bitakwira, AfricaNews aborde le député MPCR Jean Claude Vuemba Luzamba devant la clôture du Palais du Peuple, peu avant la tenue de la plénière. Au menu : la désignation du porte-parole de l’Opposition. Vuemba ne se fait pas prier pour couper court à toutes spéculations et ambitions démesurées. « Tout débat inutile sur le choix du Porte-parole de l’Opposition doit être évité ! », cogne-t-il. Sur un ton ferme, il réclame l’application stricte de la loi non sans faire savoir que le poste revient de droit à l’UDPS, première force au sein de l’Opposition institutionnelle. Il interdit dès lors les opposants candidats à la présidentielle de 2016 de prendre la course. « Si l’UDPS résiste, le groupe parlementaire UDPS/FAC devrait présenter un Porte-parole qui ne serait pas candidat à l’élection présidentielle de 2016 », indique Vuemba. Et de rappeler l’épisode 2006-2011 : « En principe, le poste de porte-parole de l’Opposition, pendant la dernière législature, devait revenir à Jean Pierre Bemba Gombo, candidat du Mouvement de Libération du Congo défait au second tour de l’élection présidentielle par Joseph Kabila ». Vuemba explique que le MLC, première puissance de l’Opposition d’alors, ne pouvait pas faire de concession dès lors que les choses étaient tirées au clair après les résultats des élections. La donne politique a changé. Le MLC a cédé sa place à l’UDPS, passée parti-phare de l’Opposition. Le principe reste cependant le même sur base des résultats récoltés par chaque candidat et chaque formation politique, développé Vuemba. Il en déduit que le poste convoité revient de droit à l’UDPS. Un pavé dan la mare que s’est empressé de lancer l’élu de Kasangulu. Vuemba va au-delà de ce principe. Il voit plus loin, estimant que le candidat porte-parole de l’Opposition ne devrait pas ambitionner le fauteuil présidentiel en 2016, « Notre porte-parole ne doit pas être candidat à l’élection présidentielle de 2016. Il doit être disponible pour être côte-à-côte avec le Premier Ministre, suivre pas à pas les actions du gouvernement et faire rapport à la Nation à la fin de son mandat », suggère-t-il. Vuemba avance les raisons qui fondent son refus : « Il y a des hommes qui affichent des ambitions démesurées au sein de l’Opposition. A ces gens-là, nous leur disons que l’Opposition n’est pas prête à accompagner un candidat porte-parole qui mijote de battre une campagne électorale précoce en se réfugiant derrière son statut », insiste-t-il. Vuemba ne cite personne mais sa sortie laisse deviner qu’il brocarde ses camarades aux appétits gloutons, notamment Kamerhe. Ses déclarations ont valeur d’un carton rouge brandi tacitement au président national de l’UNC, qui multiplie des réunions et contact, expliquant le critérium de choix d’un candidat porte-parole. Arrivé 3ème à l’issue de la présidentielle de Novembre 2011, Kamerhe, dont le parti a glané une vingtaine de sièges à l’Assemblée Nationale, serait déjà en campagne. VKK a certainement vu la brèche s’ouvrir avec l’attitude de Tshisekedi, classé 2ème à la chambre basse du Parlement. Pour l’heure, aucun consensus ne s’est dégagé autour du candidat porte-parole. L’UNC et l’UDPS s’épient et sont prêtes à s’affronter. Pour le grand malheur de l’Opposition.

Octave MUKENDI



13/06/2012
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