CENI: les nouvelles exigences de l’Opposition

La Prospérité n°2140 du 9 Mai 2011

Calendrier électoral rejeté

CENI: les nouvelles exigences de l’Opposition 

 

*En dépit de l’auréole reçue, après la publication du calendrier électoral, fin avril dernier, le Pasteur Daniel Ngoy Mulunda, Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) se trouve aujourd’hui dans l’œil du cyclone. L’Opposition politique, dans une déclaration du 6 mai 2011, l’accuse, lui et l’actuel Gouvernement, d’être à la base de tout éventuel échec du processus, si jamais ses exigences ne sont pas rencontrées, dans les meilleurs délais. Ils sont sérieux, tous les signataires de cette déclaration de l’Opposition,avec en tête, Gilbert Kiakwama Kia Kiziki, Ingele Ifoto, Kalele Ka-Bila Matthieu, Anzuluni, Jean-Lucien Busa, Bomanza, ..., lorsqu’ils disent que le calendrier est inconstitutionnel. « L’article 73 de la Constitution qui stipule sur les 90 jours, ainsi que la date du 6 décembre pour la prestation de serment du Président de la République élu, ne sont pas respectés », insistent-ils. L’Opposition, toutes tendances confondues, enfonce d’ailleurs le clou, en demandant que la sécurisation des acteurs politiques avant, pendant et après les élections, soit assurée par la communauté internationale, plus spécialement par les Nations Unies. La CENI va-t-elle se plier aux exigences de l’Opposition et à quel prix ? Et, si rien de tel n’arrive, qu’adviendra-t-il ? A moins que l’Opposition se dédise de son engagement irrévocable de participer aux élections. Sinon, elle risque d’aller vers le boycott qui, dans les pires des hypothèses, est à déconseiller. Parallèlement, répondant à une question de La Prospérité sur les élections, le Dr Kakese Malela, Président national de l’URDC, en séjour à Kananga, où il est en tournée, après Lubumbashi, soutient que le boycott des élections est hors de question. Sous sa casquette habituelle d’un homme qui prône la révolution culturelle, tout en étant ni de l’Opposition, ni du pouvoir, Kakese Malela partage néanmoins les inquiétudes de l’Opposition politique quant à la sécurisation des acteurs politiques. François-Nicéphore Kakese affirme que l’armée nationale et la police sont encore, à son avis, partisanes. C’est pourquoi, « le plan de sécurisation des Nations Unies est nécessaire », a-t-il conclu. Pour l’instant, les regards sont rivés vers Daniel Ngoy Mulunda dont la démarche consistant à concilier les vues, est appréciée de tous. Il doit tout faire, pour éviter que la machine électorale dont la révision du fichier électoral a été lancée ce samedi 7 mai, à Kinshasa, ne soit aussitôt, grippée. Ci-après, la déclaration de l’Opposition. DECLARATION DE L’OPPOSITION POLITIQUE CONGOLAISE SUR LE CALENDRIER ELECTORAL L’Opposition politique a suivi avec intérêt la publication du calendrier du processus électoral 2011-2013, ce samedi 30 avril 2011, par le Bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI en sigle. L’Opposition politique note la prise en compte par le Bureau de la CENI de l’une de ses préoccupations, à savoir : le couplage des élections présidentielle et législatives nationales telles qu’exprimées dans sa position du 8 avril 2011 sur le processus électoral. L’Opposition politique, convaincue de conduire le peuple congolais à la victoire aux prochaines échéances électorales, renouvelle son engagement d’y participer avec responsabilité, et cela dans un climat apaisé. L’Opposition politique affirme que la prise en compte de cette préoccupation dans l’élaboration du calendrier électoral ne saurait aucunement dissiper ses doutes quant à la tenue effective des élections démocratiques, libres et transparentes dans les délais constitutionnels. L’Opposition politique, force de l’espoir et de l’alternance, tient à rappeler que la tenue des élection ci- haut évoquées est un leurre si toutes ses préoccupations sur le calendrier électoral, l’environnement politique, le fichier électoral et la sécurisation des élections ne sont pas rencontrées. I. DE L’INCONSTITUTIONNALITE DU CALENDRIER ELECTORAL L’Opposition politique, après analyse critique du calendrier électoral, demeure préoccupée par certaines incohérences qui affectent sa crédibilité. En effet, du point de vue strictement juridique, l’opposition politique relève que le calendrier électoral fixant au 28 novembre 2011 la tenue du scrutin présidentiel est inconstitutionnel car, il viole l’article 73 de la constitution en ignorant le délai constitutionnel de 90 jours. En outre, ce calendrier ne fait pas obligation au Président de la République élu de prêter serment à la date du 06 décembre 2011. Dès lors, ce calendrier de la CENI prolonge de fait le mandat de l’actuel Président de la République, ce que l’Opposition politique et le peuple congolais ne peuvent cautionner. Enfin, l’Opposition politique réaffirme qu’elle s’en tient au respect strict de la constitution de la RDC et au souci de donner au peuple congolais l’opportunité de se choisir librement ses futurs dirigeants. 2. DU FICHER ELECTORAL Dans sa position du 08 avril 2011, l’Opposition politique exigeait la révision du travail réalisé jadis par la CEI et l’affichage dans le bref délai des listes électorales du Bas-Congo et du Maniema, provinces où les opérations d’enrôlement sont déjà terminées et où l’on signale des irrégularités flagrantes, notamment l’enrôlement des enfants de moins de dix huit ans et le déplacement des populations d’une circonscription vers celle où l’on est candidat. L’Opposition politique constate que la révision du ficher électoral telle que menée par la CENI la laisse perplexe en ce que le nombre des bureaux d’enrôlement, la mauvaise qualité et la vétusté des kits électoraux ainsi que leur répartition inégale demeurent d’actualité. L’Opposition politique note aussi que ce calendrier électoral est non seulement inconstitutionnel mais aussi irréaliste en ce qu’il fixe la fin de la révision du ficher électoral au 30 juin 2011 alors que ces opérations commencent à peine dans certaines provinces et n’ont même pas encore débuté dans la ville de Kinshasa. Dans l’hypothèse où ces opérations débuteraient à Kinshasa le 07 mai 2011, elles devraient se terminer le 07 août 2011. Ce qui impliquerait un décalage mécanique d’au moins 45 jours sur l’ensemble du processus électoral. 3. DE L’ENVIRONNEMENT POLITIQUE ET SECURISATION DES ELECTIONS L’Opposition politique rappelle sa position du 08 avril 2011 dans laquelle elle dénonçait le climat délétère caractérisé notamment par la confiscation des médias publics et de la territoriale par la majorité au pouvoir, le retard volontaire dans la mise en place du Conseil Supérieur de la Communication et de l’Audiovisuel, les arrestations arbitraires et les assassinats, la politisation de l’armée, de la police et des services de sécurité sans oublier les multiples intimidations, etc. Aux fins d’organiser des élections apaisées, l’Opposition politique exige l’assainissement du climat politique avant, pendant et après le processus électoral, notamment par la libération sans condition des opposants politiques, des militants, des activistes des droits de l’homme et des journalistes irrégulièrement détenus. Ceci constituera un signal fort pour l’ensemble de la classe politique et des forces vives. Face à l’incapacité du Gouvernement en place de sécuriser les acteurs politiques de l’Opposition, cette dernière demande à la Communauté Internationale la mise en place d’un plan de sécurisation par les Nations Unies du processus électoral et de tous les acteurs politiques, particulièrement ceux de l’Opposition. De tout ce qui précède, 1. L’Opposition politique réunie ce vendredi 06 mai 2011 réaffirme sa décision irrévocable de participer aux prochaines échéances électorales dans un climat transparent, démocratique et apaisé. 2. L’Opposition politique soutient mordicus que le calendrier électoral publié par la NI est inconstitutionnel et irréaliste. 3. L’Opposition politique met donc sévèrement en garde le bureau de la NI et le Gouvernement en place et les rend responsable de l’échec du processus électoral s’ils refusent de prendre en considération toutes ses préoccupations relatives au caractère inconstitutionnel et irréaliste du calendrier électoral, à l’assainissement de l’environnement politique, à la sécurisation des élections, à la révision et à l’audit du fichier électoral ainsi qu’à l’entretien d’un dialogue permanent entre partenaire au processus électoral ; Fait à Kinshasa, le 06/05/2011

La Pros.   

 



13/05/2011
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