Cinq questions à Jean Claude Vuemba
Honorable Jean Claude VUEMBA LUZAMBA, Président National du MPCR
Photo Gabin MUKE S "RT KAVKA"
Le Potentiel n°4829 du Jeudi 21 Janvier 2010
Cinq questions à Jean Claude Vuemba
1. Vous revenez à la charge pour dénoncer les journées fériées célébrées, les 16 et 17 janvier de chaque année. Pourquoi cette dénonciation ?
Tel que je l'avais dénoncé le 17 janvier 2007, il est malheureux de constater, trois ans plus tard, que les autorités de notre pays sont restées insensibles à mon cris d'alarme, et ce, à cause du profond sommeil dans lequel elles sont plongées depuis septembre 2006. En effet, un communiqué officiel du ministère de l'Emploi, Travail et Prévoyance Sociale, pince sans rire, avait décrété la journée du 18 janvier 2010, chômée et payée. Les Congolais se sont tourné le pouce du 16 au 18 janvier, soit trois jours. Et pour cause ? Il faut commémorer la mémoire de nos héros nationaux !
2. En quoi cela est mauvais ?
Quelle horreur dans un pays qui bat le record de chômage par habitant, et ce malgré la fameuse politique de grands travaux qui orienterait les cinq chantiers du Chef de l'Etat, sans pour autant apporter comme résultat palpable la création d'emplois ; car même les chauffeurs de grands camions transportant caillasses, moellons, sables viennent tout droit du pays de Deng Xiao Ping. Cependant, lorsqu'on analyse tant soit peu la situation actuelle de notre pays, tout le monde, en commençant par ceux qui nous gouvernent, s'accorde à dire que le pays ne produit pas et qu'il est donc du devoir des Congolais de mettre un accent particulier sur le travail productif. Quelle manque à gagner pour les entreprises générateurs de recettes telles que : OFIDA, OCC, DGI, DGRAD… pour un Gouvernement qui attend 48% de son budget en recettes des apports extérieurs.
Hélas ! C'est le pouvoir en place AMP, PPRD, PALU, UDEMO, CNDP, APARECO et consorts, qui empêche le citoyen congolais de travailler en lui offrant gracieusement des journées chômées et payées dans un pays qui ne produit pas : Quel paradoxe ! Il ne nous reste plus qu'à ériger un mur de lamentation pour nous consoler de ce pouvoir irresponsable.
3. Que préconisez-vous afin de palier les insuffisances que vous venez de relever ?
Je ne suis pas contre le fait de réveiller la conscience collective face au devoir de mémoire envers tous les dignes fils de ce pays qui ont marqué, à un moment donné, l'histoire de la République Démocratique du Congo.
Cependant, il sied de le réaliser avec ordre et méthode en tenant compte des réalités du moment et de la compétitivité sans merci qui caractérise le monde moderne. Tant il est vrai que ces personnalités dont nous avons commémoré la mémoire auraient, à coup sûr, préféré un Congo prospère et dynamique en lieu et place de la pagaille caractéristique du moment.
4. Concrètement que proposez-vous ?
Face à cette situation, notre idée serait d'instituer une seule journée nationale de souvenirs pour nos héros, martyrs, pères de l'indépendance, libérateurs, bâtisseurs et que sais-je encore, journée au cours de laquelle toutes sortes de manifestations seront organisées en leur mémoire. Nous proposons quant à ce, la date du 04 janvier de chaque année. Un monument devrait être érigé pour tous ces concitoyens à la place braconnier, ex-Albert 1er, sur le boulevard du 30 Juin à Kinshasa, monument sur lequel seraient gravé des plaques au nom de chacun de ces dignes fils du pays. En effet, s'il nous était donné d'établir en toute objectivité une liste exhaustive de toutes les personnalités qui ont réellement marqué l'histoire de notre pays et attribué à chacun d'eux un jour chômé, je suis persuadé que nous arriverons à 365 héros qui nous permettrons de chômer chaque jour de l'année.
5. Pouvez-vous dresser la liste non exhaustive de tous ceux qui pourraient y être inscrits ?
A titre personnel, j'aurai souhaité que Papa Simon Kimbangu figure sur cette liste, sans oublier tant d'autres dignes fils du pays parmi lesquels on peut citer : Joseph Kasa-Vubu, Jason Sendwe, Jean Bolikango, Edmond Nzeza Nlandu, Yvon Kimpiobi, Albert Delvaux, Pierre Luzolo Lua Nsi, Moïse Tshombe, Cyrille Adoula, Gaston Diomi, Bernardin Mungul Diaka, Anicet Kashamura, Finant, Gabriel Mpolo et Joseph Okito, les Généraux : Mulamba, Mahele, Budja Mabe, Bumba Moaso, Masiala Kulukangala, Nyamaseko, Bobozo, les Colonels : Tshatshi, Kokolo, Ikuku ainsi que le Brigadier en chef Lufungula, les Cardinaux Joseph Malula et Frédéric Etshou. Et même, feu le Maréchal Mobutu Sese Seko, qui a régné sans partage sur ce pays, pourrait prétendre lui aussi à son jour chômé pour nous avoir sauvé à maintes reprises des rébellions et cimenter l'unité nationale. Quant aux conjurés de la Pentecôte, à savoir Evariste Kimba, Emmanuel Bamba, Alexandre Mahamba et Jérôme Anani. Il est grand temps qu'on puisse poser leurs bustes au complexe omnisports du Stade des Martyrs, rebaptisé ainsi en leur mémoire depuis l'entrée triomphale des troupes de l'AFDL, à Kinshasa, le 17 Mai 1997, sous le commandement du général rwandais, James Kabarebe.
Propos recueillis par EYENGA SANA