CONFERENCE DE PRESSE A KINSHASA

Conférence de Jean-Claude Vuemba à Kinshasa (20/08/08) Par Jean Claude Mvuemba
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Chers Compatriotes et Distingués Journalistes.

Permettez-moi tout d'abord de vous remercier d'avoir répondu avec célérité à mon invitation en ma qualité de Député National, élu du Territoire de Kasangulu, District de la Lukaya, dans la Province Occidentale du Bas-Congo, appelée à redevenir Kongo Central en 2009.

Si je fais appel à votre noble et chevaleresque profession, c'est pour vous entretenir des questions brûlantes d'actualité sur la Nation en ma qualité de Député National mais aussi de Président National du MPCR (Mouvement du Peuple Congolais pour la République), dans son nouveau siège social que vous avez l'honneur et la primeur de découvrir aujourd'hui en attendant son inauguration officielle en septembre prochain.

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Vous êtes donc ici dans la salle des Conférences Mbuta Gaston DIOMI NDONGALA alias " DIOGAS ", premier Bourgmestre de la Commune de Ngiri-Ngiri, élu lors des élections urbaines, municipales et locales de 1957 à Léopoldville, Elisabethville et Jadothville. Son cousin Ne-Kongo Joseph KASA-VUBU, leader de l'Abako, était élu dans la Commune voisine de Dendale
tandis que Monsieur Victor LUNDULA, son compagnon de lutte dans la Force Publique lors de la seconde guerre mondiale (1939-1945) avait triomphé aux urnes à Elisabethville, rebaptisée en 1966 par le nouveau régime du Corps des Volontaires de la République (CVR) " Lubumbashi ", capitale du Katanga profond.

Chers Compatriotes et Distingués Journalistes.

Après cet aperçu historique, entrons dans le vif du sujet si vous le voulez bien.

Depuis un certain temps, la classe politique, relayée par les médias nationaux que je félicite pour leur perspicacité et leur courage, ne cesse de plancher sur le remaniement du gouvernement central de la coalition AMP-PALU-UDEMO.

Le MPCR, dont je préside les destinées, avec le Professeur Desiré Pongo et Joseph Mafwata Shamba, depuis sa création historique le 27 novembre 1997 à la Place du Trocadéro à Paris, au Parvis des Droits de l'Homme,  le Mouvement du Peuple Congolais pour la République dénonce haut et fort le non respect de la recommandation des résolutions de l'Assemblée
Nationale, lues lors de la plénière du 09 juin 2008, relatives à la motion que j'avais initiée à propos des 120 tonnes de riz avarié importées par la firme Congo Futur et refusées par l'OCC.

Dans sa lettre datée du 21 juin dernier, l'Honorable Vital KAMERHE, Président de l'Assemblée Nationale, avait bel et bien transmis lesdites recommandations au Gouvernement actuel pour exécution après avis et délibérations en Conseil des ministres. 

Chers Compatriotes et Distingués Journalistes.

Pour éclairer votre religion, et vous en convaincre davantage, je vais rapidement vous lire les recommandations en question, relatives à ces graves problèmes liés à la présence de 120 tonnes de riz avarié dans les ports de la Province du Bas-Congo.

Premièrement : Faire respecter la décision de l'Office Congolais des Contrôles (OCC) interdisant le déchargement du riz avarié importé par la Société Congo Futur, dans les ports de Boma et de Matadi.

Deuxièmement, Mettre en place un dispositif de contrôle pour démasquer tous ceux qui se livrent au trafic d'influence auprès de l'OCC sur ce dossier maffieux et sulfureux.

Troisièmement, Procéder à l'incinération de cette cargaison en présence des délégués de l'Assemblée Nationale qui seront désignés à cet effet.

Curieusement (mais faut-il s'en étonner ?), deux mois plus tard, ces recommandations parlementaires étaient restées lettres mortes et croupissaient dans les placards du gouvernement central, comme s'il fallait coûte que coûte écouler ce riz avarié !

Voici la chronologie des faits pour vous permettre de comprendre toute l'affaire que j'ai exposée dans l'intérêt de la population que je représente en tant qu'élu national.

- Le 08 mai 2008, le bateau M/S SLOVENIJA a accosté à BOMA, chargé de 12.000 tonnes de riz long grain.

- Après déchargement, le lot a été stocké respectivement dans les entrepôts de l'ONATRA et le dépôt Congo Futur de BOMA.

- Au cours du déchargement, les services compétents requis (OCC et Service de Quarantaine Animale et Végétale) ont constaté la présence de sacs de riz en mauvais état.

- En conséquence, l'OCC a ordonné l'arrêt de l'opération de déchargement et de transfert du riz dans l'entrepôt de l'importation. Mais déjà, 18.188 sacs y étaient stockés et 8 camions contenant plus ou moins 1.050 sacs étaient empêchés de sortir du port. Toutefois, le déchargement du magasin de l'ONATRA a continué jusqu'à l'épuisement des 120.000 sacs
destinés à BOMA.

- Il importe de souligner qu'il s'agit d'une importation qui viole la réglementation en la matière, en ce qu'elle n'a pas été soumise au contrôle avant embarquement et qu'elle ne comporte pas de destination précise quant au port africain.

Je signalerais en outre que le riz avarié importé par Congo Futur du port chinois de NANJING a été soumis, après coup, à l'analyse d'échantillonnage par plusieurs laboratoires, dont : OCC, CRAA et BUREAU VERITAS de Paris.

1. OCC

L'examen organoleptique de 237 échantillons au laboratoire a donné des résultats non satisfaisants, c'est à dire : 75% de mauvais riz de couleur jaunâtre. Au vu de ce résultat négatif, l'OCC a procédé à une contre-expertise du lot qui a porté sur 1.000 sacs ouverts entièrement. Les résultats enregistrés ont donné également 75% de mauvais riz chinois.

2. CRAA

A la demande de Congo Futur, une contre-expertise a été ordonnée par le Ministre de l'Economie Nationale et du Commerce, Monsieur André-Philippe FUTA. C'est alors qu'au mépris des règles de l'art d'expertise, le Centre de Recherche et Analyses Alimentaires (CRAA) de Lubumbashi, situé à 1.800 km de Kinshasa, a curieusement procédé au prélèvement des échantillons en l'absence de l'OCC, qui a naturellement décrié la manière et la méthodologie utilisées. En effet, les préposés du CRAA, ont opéré sur un échantillonnage biaisé et non représentatif du lot concerné se trouvant dans les entrepôts
de Congo Futur (+ 18.000 sacs) alors que les 108.000 autres sacs sont cachés dans les dépôts du port de l'ONATRA.

3. BUREAU VERITAS

Les certificats d'inspection émis par cette société française d'inspection renseignent la période de récolte entre 2000/2001, ce qui constitue une contradiction flagrante avec le marquage des sacs du riz sous examen dans l'affaire OCC - Congo Futur.

Ces derniers portent de erronément comme date de production /récolte 2007 et date de péremption 2011 ! Ceci suppose la présence de deux échantillons différents à défaut d'une tentative de falsification flagrante.



Enfin, le laboratoire vétérinaire de Kinshasa, a souligné que " des quatre échantillons qui ont été soumis aux analyses, deux semblent normaux à hauteur de 25% et deux autres ont des odeurs étrangères et comprennent du riz moisi de couleur jaune foncé en plus de beaucoup de déjections de souris à hauteur de 75% ". A cause des résultats disparates dont le prélèvement ne reflète pas l'ensemble des laboratoires, le Laboratoire Vétérinaire de Kinshasa a préconisé un ré-échantillonnage pour examen minutieux par ses propres techniciens expérimentés.

Que l'on me comprenne bien : la santé de nos concitoyens pourrait être menacée si ce riz corrompu venait à être écoulé auprès de la population. Imaginez seulement que l'impensable se produise dans cette république bananière qui semble malheureusement encore être la nôtre et que ce riz occasionne des morts !

Il est inutile de vous dire que mes collègues de l'Assemblée Nationale et moi-même tiendraient pour responsables le Ministre de l'Economie... jusqu'au président Kabila lui-même, que j'appelle solennellement devant vous à faire respecter la loi.

Cette affaire est d'une gravité extrême et démontre une fois de plus que l'on se fiche des populations pourvu de faire des gros bénéfices (5 millions de US Dollars) !

Chers Compatriotes et Distingués Journalistes.

Alors que le scandale du riz avarié continue de faire couler beaucoup d'encre et de salive depuis voici un trimestre déjà, je vous informe que le Ministre de l'Economie, encore lui, piqué par on ne sait quelle mouche, a décidé l'exportation officielle du ciment de Kimpese et de Lukala vers Bangui, capitale de la République Centrafricaine, créant du coup une pénurie dans son propre pays en pleine reconstruction immobilière et routière.

De plus, alors que le cours du Brent a baissé de façon importante ces trois dernières semaines, cette baisse n'a pas été répercutée à la pompe contrairement à plusieurs de nos pays voisins, alors qu'en RDC le pétrole continue de coûter horriblement cher. A l'inverse, les cours des matières premières ont fortement grimpé dans les bourses mondiales. Et pourtant les " Minings " du Katanga, censées représenter notre richesse nationale, ne contribuent aucunement au renflouement de la trésorerie publique, et cela malgré le boom minier. Pour preuve, notre budget national demeure très
faible à la mi-hauteur de 3 Milliards USD pour l'exercice 2008.

Du reste, ce budget modique a été frappé d'annulation en juin dernier pour insuffisance de recettes internes et d'insuffisance d'apport des partenaires au développement, suite à la signature du contrat gagnant-gagnant (en fait, un contrat gagnant-perdant... Je vous laisse deviner qui est le perdant dans ce contrat !).

A ceci je voudrais vous rappeler, Messieurs les Journalistes, que le Ministre près du Premier ministre a déclaré urbi et orbi qu'au titre des années 2006-2008, les caisses de l'Etat ont enregistré un manque à gagner de 1,3 milliards USD pour cause et faits de corruption, alors même que le Président de la République avait déclaré lors de sa dernière adresse du 6 décembre 2007 que les portes des prisons seraient grandes ouvertes pour les corrompus et les corrupteurs de tous poils.


Je demande donc ici en votre présence que la Justice fasse enfin son travail et qu'elle condamne ceux qui continuent de clochardiser le Peuple sans état d'âme.

Là aussi, il est plus que temps de remettre de l'ordre dans la Maison Congo et, devant vous tous ici réunis, j'en appelle à nouveau au Président de la République pour qu'il fasse passer les intérêts du peuple en premier, avant ceux des multinationales.

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Voilà donc ce que je vous avais réservé comme entrée en matière et plat de résistance pour cette première matinée politique. Mais je ne puis clore cet exposé sans vous servir un peu de la salade congolaise.

Je veux parler de l'insécurité qui règne toujours en maître dans notre pays et, avant toute chose ma pensée se tourne vers le Sénateur Jean Pierre BEMBA, notre porte-parole de l'opposition, aujourd'hui détenu injustement à La Haye, pendant que d'autres criminels continuent de faire la loi dans certaines provinces. A quoi sert la démocratie et la liberté telle que préconisée dans la constitution si le président du MDCO Gabriel MOKIA MANGEMBO croupit de nouveau à la prison centrale de Makala pour avoir exercé son droit à la parole.

Et que dire du cas malheureux de l'Honorable Député Provincial du Katanga, le Pasteur Théodore NGOY qui a dû s'exiler en Angleterre pour garantir sa sécurité.

Les frissons me glacent le dos quand je pense à mes frères et soeurs du Nord et du Sud Kivu qui ont crus à la démocratie, mais qui continuent à la place, hélas ! à compter et à pleurer leurs morts.

Voilà pour aujourd'hui. Vous pouvez comptez sur ma fibre patriotique et le nationalisme qui m'anime, et que cette conférence ne sera pas la dernière. Je vous remercie de votre attention et je suis à votre disposition pour répondre à toutes vos questions, pertinentes comme d'habitude.

Je vous remercie.

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Jean-Claude VUEMBA LUZAMBA

CongoOne, Mise en ligne le 21-08-08


18/01/2009
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