De ses revendications non ajustées dans le temps, L’Opposition risque de ne pas saisir l’essentiel
Demain le Congo n°1261 du 02 Novembre 2011
De ses
revendications non ajustées dans le temps
L’Opposition risque de ne pas saisir l’essentiel
Nous sommes maintenant à moins d’un mois de la tenue tant attendue de la présidentielle couplée aux législatives de 2011, le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Pasteur Daniel NGOY MULUNDA, ayant lancé officiellement, le 28 Octobre dernier, la campagne électorale. En cette livraison, notre préoccupation porte sur l’emploi que l’Opposition a fait du temps électoral depuis, par exemple, les dépôts de candidatures des présidentiables jusqu’à présent. La gestion du temps, n’est-ce pas ce qui influe fortement sur le résultat de ce que l’on entreprend ? Chose que l’on ne saurait nier, sauf rêverie.
La période a largement été dominée par des revendications de l’Opposition pour un accès au serveur central, une revendication légitime sur toute la ligne. Sauf que la manière pour s’y prendre s’est révélée, après inventaire dépassionné, moins efficace, car l’objectif poursuivi n’a pas été atteint parce que, dirait-on, à cause de la mauvaise foi de la Ceni.
Mais nous osons croire que cet objectif aurait pu être atteint si quelques responsables de l’Udps et alliés, tels que MM. Etienne Tshisekedi, Tshisekedi Fils, le Conseiller juridique Dieudonné d’Etienne Tshisekedi, Joseph Olengankoy, Chalupa, Lisanga Bonganga, Jean Claude Vuemba, Martin Fayulu, Diomi Ndongala… s’étaient rendus à la Ceni pour être reçus par le Bureau de la Ceni, qu’on se le dise, n’a nullement permis cet accès réclamé jours et nuits. Au contraire, à notre sens, la présence ordonnée et programmée de ces personnalités allait amener le Bureau à faire visiter le serveur, comme il a eu à le faire au Ministre Luzolo Bambi en charge de la Justice et Droits Humains et à la déléguée de l’Union Africaine (Ua), lors de leur passage à la Ceni.
Devant un Etienne Tshisekedi et les personnalités précitées, les membres du Bureau de la Ceni auraient difficile à faire rentrer l Président National de l’Udps et sa suite sans une visite guidée du serveur central. C’est en cette occasion que l’Opposition, accompagnée d’un ou de deux super informaticiens, auraient pu poser des questions à même de programmer d’autres séances de travail d’experts.
Franchement, les choses auraient pu évoluer en faveur de l’Opposition, avec beaucoup plus d’économie de temps. C’est comme si personne n’a pu pressentir que la logique du sit-in était moins efficace, moins rassurante… dommage que les leaders de l’Opposition n’aient même pas réussi à voir ce serveur central, chose qui était pourtant facile avec une autre méthodologie !
Nous voulons saisir cette opportunité pour signifier que rien ne prouvait que les combattants de l’Udps et alliés, venus faire le sit-in devant le siège de la Ceni étaient mal intentionnés. Sauf que leur présence, naturellement, avait inquiété les responsables de la Ceni. C’est noraml ! Et n’importe quel cadre de l’Udps, par exemple, à la place de Ngoy Mulunda prendrait des dispositions sécuritaires, car il y a des éventualités. Parmi lesquelles figure la possibilité d’infiltration. Un aventurier pouvait bien se mêler dans cette foule pour commettre un forfait. Ne l’a-t-on pas évoqué pour ce qui a concerné les incidents du lundi 5 Septembre dernier survenus à la permanence du Pprd située sur l’avenue Sendwe ?
Autres logiques celles de la demande de relaxation des combattants de l’Udps, comme condition sine qua non de la signature du Code de bonne conduite, et de l’exigence pour que les mandataires publics devenus candidats députés nationaux démissionnent, de peur qu’ils se servent des deniers publics pour financer leurs actions. Une telle exigence, combien importante et géniale, n’est-ce pas qu’elle devait se faire à la place des marches populaires ? D’ailleurs, à se réaliser la pertinence d’une telle exigence, cette revendication aurait en principe pu être faite du temps précédent même la publication du calendrier électoral, de sorte que la CENI en soit déjà saisie. Dommage encore de constater avec beaucoup de regret qu’une telle revendication vienne même après celle de l’accès au serveur central.
Qu’on se mette un peu d’accord ! Qu’est-ce qui devait venir avant, entre la demande pour que les mandataires publics retenus candidats démissionnent de leurs fonctions ?
L’Opposition aurait pu se servir d’une des clauses y relatives de la Loi électorale pour s’y fonder. Cette loi est-elle silencieuse en ce cas d’espèces ? Si oui, pourquoi la Ceni n’a-t-elle pas agi avant l’Opposition ? Si non, la nation entière doit regretter un tel vide criant dans une loi aussi importante pour la paix sociale en RDC, l’organisation des élections se présentant comme un instrument combattant la crise de légitimité. Qu’on l’accepte facilement ou non, il s’agit là d’un manquement du côté de l’Opposition qui n’avait pas eu, croit-on, le temps pour une séance de travail consistant à faire un inventaire complet des revendications et savoir les répertorier en ordre d’importance. Aussi savoir les situer dans le temps, car le calendrier électoral est tel que certaines revendications pouvaient devenir moins importances, au regard des enjeux socio-politiques. Il y a donc eu certainement, à notre avis, un léger manquement, ce qui a donné l’impression d’un climat d’options brusques levées par l’Opposition.
Encore une fois, nous tenons à souligner que la demande sur la démission des mandataires publics, reconnus candidats députés nationaux en pleine campagne électorale d’ailleurs, est venue tardivement ! Tenez ! Pour que ces mandataires publics, nommés par le Chef de l’Etat J. Kabila, quittent leurs fonctions, il faut une procédure administrative que les juristes au sein de l’Opposition savent bien. Encore faut-il que l’on sache que le Chef de l’Etat, pour prendre une décision les démettant de leurs responsabilités, doit en principe consulter son cabinet pour examen des conséquences.
Nous voulons ainsi finir avec e chapitre de la guéguerre au sein de l’Opposition sur cette affaire de sémantique. Il a été regrettablement constaté que, dans un pays comme la RDC où près de 70% de la population n’a pas des amitiés avec le dictionnaire Larousse, des leaders de l’Opposition considèrent comme essentiel le débat sur le sens des mots unique, commun, consensuel, etc. Ma foi, ce débat ayant aussi malheureusement pris beaucoup de temps ! Pour rappel, il s’agissait du type de candidat à la tête de l’Opposition pour affronter le seul candidat déclaré indépendant J. Kabila à sa propre succession.
D’ailleurs, si les leaders de l’Opposition ne le savent pas, un chroniqueur d’une station de radio périphérique s’est moqué d’eux, il ya presque deux mois, au sujet justement de cette histoire de candidat unique compris comme différent d’un candidat unique compris comme différent d’un candidat commun, les deux étant différents d’un candidat consensuel, en cas d’une famille politique. Oui, s’était une vraie moquerie !
N’est-ce pas qu’un candidat retenu par consensus est commun ? Et l’étant commun, ce qui suppose qu’il n’y a pas un autre que lui, n’est-ce pas qu’il est unique ? Et pourquoi a-t-on perdu beaucoup de temps pour une chose si simple ? Est-ce par mauvaise foi ? A l’avantage de qui ? A qui la faute ?
La culture de l’essentiel
De ses revendications non ajustées dans le temps, l’Opposition risque de ne pas saisir l’essentiel de ce qui doit être fait. Le non ajustage dans le temps signifie, plusieurs analyses politiques l’ont d’ailleurs constaté après, que l’Opposition a donné l’impression de ne pas très bien maîtrisé les méandres du processus électoral. Au moment où les marches se faisaient. J. Kabila que certains leaders politiques de l’Opposition semblent pour rien ignorer les vraies capacités d’imagination, négociait les panneaux publicitaires. Exemple, il suffit d’aller au quartier Matadi Kibala à Kin/Mont-Ngafula pour remarquer que J. Kabila a négocié le grand panneau du marché et celui situé à l’endroit appelé Triangle. Tout celui qui vient du Bas-Congo est accueilli par l’effigie du Chef de l’Etat, candidat n°3.
Qui veut aller loin ménage sa monture, on le sait, mais on ne s’assume pas. L’Opposition congolaise doit avoir déjà risqué de ne pas saisir l’essentiel. Cet essentiel consiste en la conviction, pour un discours contraire, que J. Kabila n’est pas mieux qualifié pour garder l’élan de reconstruction nationale qu’il a déclenché. Ce qui n’est pas facile ! Cet élan est à garder, tous les Congolais le veulent bien !
En ces quelques jours restants avant les élections, les Opposants feraient mieux d’éviter des manifestations populaires qui pourraient être très mal comprises par beaucoup de Congolais à même de voir en l’alternance une sorte de dureté de cœur. La réussite est tributaire de l’organisation ! Un homme averti en vaut deux, dit-on.
Demain le Congo