Likinga Mangenza conduit à sa dernière demeure

L’Observateur n°4182 du mercredi 28 Août 2013

Au milieu d’une foule en pleurs

Likinga Mangenza conduit à sa dernière demeure

La messe a été dite. Depuis hier mardi, Jean Likinga Mangenza, Redo pour les intimes, repose désormais pour l'éternité au cimetière Nécropole entre terre et ciel, situé dans la commune de la N'sele. Likinga a eu droit à des funérailles dignes de lui. Car tous les témoignages ont concordé sur un point au moins : sa simplicité. Un calme princier a régné durant ses obsèques, malgré la forte affluence.

Plusieurs personnalités du monde politique, comme de celui des affaires, ainsi que beaucoup d'artistes, tous domaines confondus, se sont donné rendez-vous à l'espace Assanef, dans la commune de Lingwala, afin de rendre un dernier hommage à l'illustre disparu.
On a ainsi pu voir de grandes personnalités déposer des gerbes de fleur dans la chapelle ardente pour le compte des organisations qu'ils ont représentées, comme André Kimbuta pour le Gouvernement provincial de Kinshasa, Jacques Mondonga de la SOCODA, Emongo Luambo pour la Fondation Luambo Makiadi, Albert Moleka pour l'UDPS, Verckys Kiamuangana pour l'UMUCO et bien d'autres encore.

Dans son oraison funèbre, le pasteur Ngalasi a salué les qualités intrinsèques de Jean Likinga qui a reçu le Seigneur Jésus-Christ grâce à son jeune frère qui l'avait conduit, il y a quelques années, à l'Eglise La louange à Paris. Et dès ce jour, il est resté pieux jusqu'à la fin de sa vie.
Plusieurs témoignages ont succédé au pasteur. Le représentant des natifs de Barumbu a été le premier à témoigner et a salué l'artiste qu'il a vu naître et accompagné dans sa carrière.
Dilu Dilumona a brossé, dans un témoignage succinct mais ô combien éloquent, la carrière de Likinga qu'il accueillit dans Empire Bakuba en 1972 avec Pépé Kallé et Matolu Dode. " Amené par Doris Ebuya avec qui il avait joué dans " Malu Bonganga ", son premier orchestre et dans " Sensationnel ", Redo mit immédiatement tout le monde d'accord lorsqu'on lui demanda d'interpréter une chanson d'Empire Bakuba qu'il connaissait. Nous avions alors dès cet instant l'équipe que nous souhaitions. Quelques temps plus tard, il sortit sa première chanson, Montese. Il est resté correct avec nous, toujours poli et gentil. " C'est très dur pour moi, mais que voulez-vous ? Dieu a donné et il a repris ".

JC Vuemba raconte les péripéties de l'entrée de Likinga dans Zaïko

Fidèle à lui-même, Jean-Claude Vuemba, député national et très proche du clan Zaïko, a ensuite pris le micro et a émerveillé l'assistance en racontant les péripéties de l'entrée de Likinga dans Zaïko. De ses qualités d'homme, l'élu de Kasangulu a révélé les démarches personnelles et en silence, de Redo pour supplier Mbuta Mashakado de rester dans Zaïko lorsqu'il voulait rejoindre les autres dans Yoka Lokolé. " Il n'obtint pas gain de cause, mais je sais combien il s'était époumoné pour cela. Cette abnégation mérite d'être saluée ".

M. Edouard Kiaku Mbuta, ministre provincial du Bas-Congo en charge de la Jeunesse, Sport, Culture et Arts, qui est resté très proche de Likinga qu'il a connu depuis sa jeunesse dans la commune de Barumbu, a ensuite fait son riche témoignage.

Prenant la parole à son tour, le n°1 de Zaïko Langa Langa, Jossart Nyoka Longo, a commencé par rappeler les qualités d'homme Likinga, comme l'ont fait les Vuemba et autres Edo Mbuta avant lui, avant de parler du passage de Likinga dans Zaïko. Il révélera ainsi qu' " après le départ massif des amis, nous étions à la recherche d'une voix ténor pouvant bien suppléer au vide créé. Comme nous le connaissions déjà dans l'Empire Bakuba, Kiaku Mbuta, en tant qu'habitant de Barumbu et le fondateur DV Moanda furent chargés de cette opération. Mais ce fut une tâche ardue. Finalement, bien que tenant à lui, l'ami Pépé Kallé consentit quand même à nous le céder. C'était juste quelques jours avant notre maquis de N'sele. Malgré cela, Likinga s'adapta parfaitement et très rapidement à notre rythme. Et après quatre mois de maquis, nous sommes sortis, ayant refait l'orchestre, comme vous le voyez encore avec les images que diffuse souvent la télévision. C'était un artiste. "

Le souvenir le plus frappant que Nyoka Longo Mvula garde de lui reste le soutien qu'il lui avait apporté, mais également le rôle qu'il avait joué lorsqu'on avait ravi à Zaïko ses instruments. " Alors que j'étais à l'aéroport, me rendant à Bruxelles afin de préparer le voyage de l'orchestre, Likinga a pris son ami Lengi Lenga et, sans prévenir les responsables de l'orchestre, ils sont allés à la télévision pour demander à tous ceux qui aimaient Zaïko d'intervenir afin de lui trouver des instruments. Ils m'ont ensuite appelé pour me dire que quelqu'un me demandait de lui ramener une facture pro-forma".

Les deux principaux ensembles dans lesquels a joué Likinga ont ensuite agrémenté la cérémonie. Si Empire Bakuba a bénéficié du renfort des anciens comme Djouna Mumbafu et Dilu, Bozi Boziana a chanté aux côtés de Nyoka Longo et des jeunes de Zaïko. 

Quelques minutes avant la levée du corps, alors que Zaïko était en pleine exhibition, le président Nyoka Longo a repris la parole pour remercier et saluer la bravoure et l'altruisme dont ont fait montre les musiciens congolais vivant en France, à travers tout ce qu'ils ont fait en l'honneur du disparu. " Ils ont organisé des messes et des veillées en sa mémoire. C'est une interpellation pour nous, artistes musiciens qui sommes au pays. Nous devons nous mettre ensemble afin de monter une vraie structure devant s'occuper de nos droits, celles qui existent ayant d'autres motivations ". Enfin, Jossart Nyoka a remercié l'ambassadeur de la RDC en France qui, en écho à son appel téléphonique, a daigné s'occuper personnellement du rapatriement de la dépouille mortelle de Likinga au pays.

Après avoir été chantre à la paroisse Saint Paul de Barumbu, Likinga a successivement joué dans Malu Bonganga, Sensationnel, Empire Bakuba et Zaïko Langa Langa. Originaire de la Province de l'Equateur, précisément de Busudjanoa, il a vu le jour le 15 mars 1954 à Kinshasa. Après ses études primaires à Barumbu, il a entrepris des humanités commerciales et administratives, avant d'achever son cycle secondaire à l'ex EPOM, dans la commune de N'djili.
Ces obsèques ont frappé toute l'assistance par leur organisation impeccable, sous la modération de Dieudonné Yangumba. Coup de chapeau au comité d'organisation dirigé par Edo Kiaku Mbuta.

Repose en paix, Redo.

Jean-Claude Ntuala

 



28/08/2013
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