Enjeux de l’heure: L’Abbé MPUNDU en appelle à la libération totale des Congolais
Le Tempête des Tropiques n°4300 du lundi 12 Décembre 2011
Enjeux de l’heure
L’Abbé MPUNDU en appelle à la libération totale des Congolais
La Curé de la Paroisse Saint Alphonse de Matete, l’une des communes de la ville(province de Kinshasa a invité les Congolais à se libérer totalement pour s’attendre à un bonheur en RdCongo.
C’est au cours de la messe de français d’hier dimanche 11 Décembre qui a été dite à partir de 11h30’ qua l’Abbé José Mpundu est intervenu à la fin pour livrer ce message. Il a tenu à s’exprimer dans ce sens au regard de nombreuses questions qui lui sont posées après son texte interpellant la hiérarchie de l’Eglise catholique sur le déroulement chaotique des élections dont les résultats proclamés depuis le 09 Décembre ont plongé le pays dans une situation trop compliquée. Les esprits avertis voient déjà le danger.
M. l’Abbé José Mpundu qui compte parmi les personnes averties invite les Congolais à s’investir pour une libération totale.
Une façon de dire que les habitants du grand Congo ne sont pas encore au bout de leurs peines en dépit d’une certaine victoire de la démocratie claironnée par une certaine classe politique prompte à n’importe quelle besogne pour ses intérêts.
C’est ainsi que le Curé de la paroisse Saint Alphonse insiste sur la libération des Congolais. Celle-ci doit se dérouler en trois dimensions. Il s’agit de la libération mentale ou idéologique, de la libération économique et de la libération politique.
Concrètement, l’Abbé José Mpundu demande aux Congolais de bien réfléchir pour son avenir après les résultats de Ngoy Mulunda en se débarrassant en premier lieu de toutes les idées contraires à l’épanouissement de la RdCongo et de ses habitants. Ce prêtre catholique veut voir ses compatriotes tenir à mille lieues l’esprit de division et de destruction. Pour lui, les Congolais sont très forts en étant unis et capables de prouesse pour l’intérêt de la RdCongo.
Concernant la libération économique, elle est d’une importance capitale pour l’indépendance et la gestion responsable du pays.
De cette manière, il y a lieu de tourner le dos au système financier ordurier généralement de douteuse utilité pour le développement. L’exemple de l’Amérique latine avec ses banques hors du circuit de la Banque Mondiale et du FMI a été cité en modèle de libération économique. A-t-il soutenu, amenant l’assistance à l’applaudir.
Après les deux étapes que l’Abbé José Mpundu considère cruciales comme aussi la libération politique devant aboutir au choix des dirigeants intègres et très préoccupés par les intérêts des Congolais. Il est loin de question pour le Curé de Saint Alphonse de s’intéresser aux chefs qui bazardent le pétrole, l’exploitation énergétique du pays et d’autres richesses naturelles.
Voilà l’essentiel de ce que l’Abbé José Mpundu a tenu à partager avec ses paroissiens hier dimanche. Ces derniers ne manquent pas de compter parmi ceux qui voulaient en savoir plus sur son message du 3 Décembre adressé aux Evêques catholiques que nous reproduisons in extenso.
Ce que le Curé de St Alphonse de Matete avait prédit
La plupart des rapports que nous entendons sur les élections du 28 Novembre 2011 en RDC, qu’ils viennent des missions d’observations tant internationales que nationales, disent pratiquement la même chose : En résumé, ils disent ceci : « Les élections, d’une manière générale, se sont bien déroulées selon les normes universelles, hormis quelques irrégularités observées par ci par là et des cas de violence avec mort d’hommes, irrégularités qui ne peuvent pas influencer les résultats des urnes « Ces irrégularités, expliquent les uns et les autres, sont à mettre dans le compte d’une mauvaise préparation ou d’une négligence ou encore d’un manque de professionnalisme de la part des agents de la CENI. Presque tous terminent par inviter les candidats et le peuple à accepter le verdict des urnes qui sera connu le 6 Décembre à l’occasion de la proclamation des résultats provisoires par le Président de la CENI.
Ces rapports sont manifestement idéologiquement orientés. Derrière ces rapports officiels obéissant à une certaine idéologie se cache la vraie réalité de nos élections. Pour moi, cette vérité du scrutin du 28 novembre pourrait se résumer en ces termes : des élections bâclées avec une volonté délibérée de tricher dans un climat apaisé. Les cinq années de la législature qui s’achève, nous n’avons pas vu dans le budget de l’Etat une rubrique concernant la préparation des échéances électorales prévues par la constitution du pays.
Bien plus, la mise en place de la CENI qui devait remplacer la CEI s’est faite tardivement et on dirait dans la précipitation et sous une certaine pression tant interne qu’externe. La loi organique portant organisation et fonctionnement de la dite CENI porte en elle les germes du débâcle électoral que nous sommes en train de vivre. En effet, comment espérer avoir une Commission Electorale Nationale Indépendante lorsque celle-ci est composée par les politiciens qui vont concourir aux élections et que la majorité au pouvoir soit aussi majoritaire dans le bureau de cette institution ? Comment avoir confiance en une institution qui n’a d’indépendance que le nom ?
Le calendrier établi et annoncé par la Commission Electorale Nationale Indépendante n’a pas été respecté. En effet, à part la date du 28 Novembre qui a été maintenue à tout prix, les autres opérations ont toutes connues un grand retard qui normalement devait amener à repousser la date de la tenue du scrutin. Par conséquence, les élections se sont tenues malgré le fait que le matériel électoral n’ait pas été déployé dans tous les centres de vote.
Tout s’est passé dans un climat de précipitation comme si les élections étaient un but en soi et qu’il fallait les tenir même dans le désordre.
Volonté délibérée de tricher
Cette volonté de tricher ou de manipuler le processus électoral en faveur d’un candidat a commencé avec la révision cavalière de la constitution en réduisant le nombre de tour du scrutin à un seul tour. Une révision constitutionnelle qui n’a pas fait l’objet d’un référendum populaire et qui a été réalisée dans un climat de corruption avérée.
La révision du fichier électoral a été aussi réalisée dans le même climat de laisser-aller. On a parlé des doublons, des omissions, de la remise des cartes d’électeurs à des enfants, à des policiers et militaires ainsi qu’à des étrangers. La résistance opposée par la CENI à la demande d’un audit du fichier électoral s’inscrit dans le même cadre d’une volonté de tricher.
Durant le déroulement du scrutin, la présence des bulletins de vote déjà cochés en faveur d’un candidat est une preuve de cette volonté de tricher. On ne peut pas parler ici d’une simple irrégularité. Comment ces bulletins se sont-ils retrouvés entre les mains de ces particuliers ? Qui les leur a donnés ?
L’exclusion ou la mise à l’écart de certains témoins des bureaux de vote ainsi que l’enlèvement de certaines urnes par les éléments armés pour des destinations inconnues sont aussi autant des preuves de fraude électorale.
Elections dans un climat de violence organisée
Déjà dans la période préélectorale, avant même la campagne électorale, nous avons observé des scènes de violence de la part de deux camps : la majorité et l’opposition. Nous noterons par exemple la destruction méchante voire l’incendie des sièges des partis ou des chaines de télévision… des morts d’homme… pendant la campagne et surtout le dernier jour de la campagne à Kinshasa, nous avons assisté à des scènes de grande violence.
Le jour même de la tenue du scrutin, on a enregistré des morts d’hommes dans différents coins de la capitale et du pays. Et cela de la part des éléments armés sous contrôle du pouvoir.
Tous ces éléments que nous venons d’évoquer montrent clairement, nous n’avons pas eu de vraies élections. Comme en 2006, nous nous sommes retrouvés dans une mascarade d’élections n’ayant pour seul objectif de donner une légitimité interne à celui qui a déjà été choisi par les « faiseurs de rois » dans nos pays du Tiers du monde et particulièrement en Afrique. D’où la manipulation non seulement des résultats mais aussi de l’opinion tant nationale qu’internationale pour l’acceptation du « verdict » des urnes. Un verdict que nous savons à l’avantage truqué et trafiqué en faveur d’un candidat. Avec comme conséquence, comme en Côte d’Ivoire, la guerre civile.
Que devrait être le rôle de l’Eglise dans cette situation ?
L’Eglise qui a participé activement à ce processus en s’investissant d’abord dans un grand travail d’éducation civique et électorale et ensuite dan l’observation des opérations du scrutin en déployant 30.000 observateurs à travers tout le territoire national, a le devoir de veiller à la proclamation de vrais résultats des élections. Au regard de ce qui se prépare, nous pouvons dire qu’il n’y a que la hiérarchie de l’Eglise catholique qui peut éviter au pays un second hold-up électoral et un coup d’Etat organisé qui pourrait déboucher à un bain de sang.
Aussi, nous croyons que notre Eglise pourrait s’inspirer de ce qui s’était passé aux Philippines à l’époque du Président Marcos. En effet, après avoir triché aux élections, le Président Marcos s’est proclamé vainqueur aux élections qui l’opposait à Madame Cori Aquino. C’est le Cardinal Sin, d’heureuse mémoire, qui a pris son courage prophétique à deux mains pour proclamer, à partir de la Radio Veritas, les vrais résultats des élections. A la suite de cette proclamation, les Américains ont envoyé un hélicoptère pour prendre Marcos et l’ont amené aux USA où il est allé en exil.
Les évêques de la CENCO auront-ils ce même courage prophétique qui a animé le Cardinal Sin ? C’est le souhait et l’attente de tout le peuple congolais.
Fait à Kinshasa, le 03 Décembre 2011
Abbé José Mpundu
Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa