Jean-Claude Vuemba parle d’un piège tendu à l’opposition !
Gouvernement
inclusif
Jean-Claude Vuemba parle d’un piège tendu à l’opposition
!
Kinshasa,
le 02/04/2012
*Défenseur acharné de la cause du
peuple Congolais, l’Honorable Député de la circonscription électorale de
Kasangulu, Jean-Claude Vuemba s’est fait signaler, au seuil de la nouvelle
législature, alors qu’il n’a pas encore siégé à l’Hémicycle du Palais du
peuple, par la dénonciation du sucre avarié gardé dans les entrepôts de la
Société Socimex. Ce qui lui a valu d’être porté à la tête de la mission parlementaire
d’enquête de 5 jours à Matadi et Boma. C’est ce qu’il a indiqué à La
Prospérité, dans une interview à bâtons rompus. D’un point à l’autre, le Député
réélu affirme que sa participation aux plénières de l’Assemblée Nationale tient
à la sauvegarde de la vie de ses concitoyens. Méticuleux par rapport au rôle de
l’opposition face à la majorité écrasante, JC Vuemba reste confiant. « La
dynamique de la salle produit toujours des effets ». Sage Ne Kongo, JC Vuemba
lance un avertissement aux 380 Députés de la majorité qui voudront bien subir
le sort de 440 élus de 2006 que le peuple Congolais a remerciés. S’agissant du
Gouvernement inclusif prôné par la classe politique, l’élu de Kasangulu est
resté tranchant. « C’est un piège tendu par Joseph Kabila à l’opposition »,
a-t-il fait savoir. Et d’ajouter que c’est la raison pour laquelle d’autres
membres de l’opposition se présentaient chez Charles Mwando Nsimba,
l’Informateur, muni de leur demande d’emploi et autres Curriculum Vitae. Par
ailleurs, ne pouvant admettre que les membres du Bureau de la CENI, après avoir
commis beaucoup de bévues, n’arrivent à jeter l’éponge par la démission, JC
Vuemba promet de faire usage des mécanismes parlementaires, en les poussant à
la sortie, par une motion incidentielle. Découvrez plutôt son argumentaire.
La Prospérité : Honorable, qu’en est-il de la
mission d’enquête diligentée par le Bureau provisoire de l’Assemblée Nationale,
à la suite de la dénonciation du sucre avarié à Matadi, Chef-lieu de la
Province du Bas-Congo ?
JC Vuemba : Au fait, c’est après avoir dénoncé
que j’ai reçu plus de 750 coups de fil et sms en provenance de Matadi où les
agents de l’OCC et de l’Ex-Onatra, des journaliers du Port et des simples
clients pour m’informer et me renseigner d’une quantité assez importante du
sucre avarié, interdit à la consommation humaine et qui était en déchargement à
Matadi, après avoir laissé 907 tonnes dans le Port de Boma, soit 14.000 sacs
gardés dans les entrepôts de la Société Socimex. Voilà que 12 jours après, j’ai
reçu l’appel du Bureau provisoire de l’Assemblée Nationale, parce qu’il ne
pouvait pas accepter, malgré les limites de leur assignation en tant que Bureau
provisoire, de mettre en danger la population congolaise. N’ayant pas encore
siégé à l’Assemblée Nationale, mais pour la sauvegarde de la vie des Congolais,
j’ai accepté la présidence de cette mission d’information et de contrôle de 5
jours à Matadi et Boma.
La Pros : Est-ce là une façon de confirmer votre
retour à l’Hémicycle ?
JCV. : Il convient ici de dire que
l’urgence de sauvegarder et d’épargner la vie de mes concitoyens passe
au-dessus de tout intérêt égoïste et de ma carrière politique. Le leadership
que je conduis n’a pas d’espace préétabli que je sois un commun des mortels
Congolais ou Député National réélu. Si le peuple de Kasangulu a pu m’offrir
plus de 87 % de son suffrage, c’est simplement parce Tata Vuemba a toujours été
avec eux et restera toujours avec eux.
La Pros : Après la mission, pensez-vous
marquer une pause à vos activités à l’Assemblée Nationale ?
JCV. : La mission parlementaire sur le
sucre avarié de la Société Socimex n’est que le concours des combats qui me
sont assignés par le peuple Congolais. Le plus important n’est pas d’aller
essuyer les fauteuils de l’Assemblée Nationale, mais réellement, de travailler
et servir le peuple Congolais. En effet, nous étions 500 lors de la législature
2006-2011. Hélas ! Nous sommes revenus à 60 et plus de 440 Députés ont été
remerciés par le peuple Congolais, pour n’avoir exercé que les applaudimètres,
qui sont pour et cela sans débat de fond.
La Pros : Que pensez-vous de l’adoption de
l’article 22 du Règlement Intérieur de la Chambre basse selon la suggestion de
la CSJ ?
JCV. : Rarement, j’ai applaudi la Cour
Suprême de Justice à travers ses arrêts. Là au moins, je suis d’accord avec
elle. Car, il ne revient pas au législateur de fouler au pied la Constitution.
La précipitation de la confection de la Constitution de 2006 nous a fait
oublier les préceptes même de la vie démocratique au sein du Parlement, alors
que dans tous les pays en progression démocratique, le Bureau de l’Assemblée
Nationale est constitué de deux blocs, la majorité et l’opposition. Eu égard à
cela, l’article 22 ne pouvait pas avoir lieu. Mieux inspirés, ils auraient pu
avoir des concertations politiques au sein de la Commission du Règlement
Intérieur afin de signer un avenant par rapport au partage des responsabilités
à l’Assemblée Nationale. Que voulez-vous ? La politique au Congo met la charrue
avant le bœuf.
La Pros : Quel rôle devra jouer l’opposition
face à une majorité écrasante ?
JCV. : En 2007-2011, nous avions commencé
la législature à 160 pour terminer à 80 Députés de l’opposition, parce que les
80 autres avaient traversé la rue. Ce faisant, le peuple Congolais avait été
épargné de beaucoup d’aléas qui auraient dû conduire ce pays vers l’abîme.
Souvenez-vous de cet affrontement physique et frontal pour la révision de la
Constitution, où les Députés se sont battus. La majorité mécanique, « goodiot
», selon l’expression du Général De Gaulle, a des limites. Et, il ne faudrait
jamais oublier la dynamique de la salle, chaque fois que les plénières sont
retransmises sur les antennes de la RTNC à travers le Congo. D’où, si je peux
me permettre de dire aux 380 Députés de la majorité, c’est que le peuple
Congolais n’a pas d’état d’âme. S’il faut suivre le chemin de 440 de 2006, ils
vont subir le même sort que les autres. C’est l’avertissement d’un sage Ne
Kongo.
La Pros : Que pensez-vous du Gouvernement
inclusif prôné par la classe politique ?
JCV : Voilà le piège tendu par Joseph
Kabila à l’opposition dite gouvernementale. J’étais la première personnalité de
l’opposition à récuser Mwando Nsimba lors ce rendez-vous avec la classe
politique congolaise. Comment peut-on fixer rendez-vous aux leaders politiques
sans les avertir et trouver des arrangements afin d’arrêter une date précise
pour le rendez-vous ? C’est pourquoi, le MPCR a décliné cet appât de M. Kabila.
Nous avons vu pratiquement, à l’exception de quelques 5 partis de la véritable
opposition refuser le rendez-vous de Charles Mwando Nsimba. Quel était le rôle
assigné à l’Informateur de Kabila ? C’est d’identifier la majorité
parlementaire. Or, eux-mêmes se reconnaissent et se sont choisis à 380 Députés
qui, d’ailleurs, pour corroborer ce que j’avais humé dans l’affaire Mwando, a
été concrétisé le dimanche à Kingakati, quand Kabila s’est retrouvé avec sa
majorité. Et, le dernier passage en force, le mardi dernier, à l’Hôtel Venus,
quand Mwando Nsimba a répondu aux leaders de l’opposition qui sont partis lui
faire leur « salemalek (courbettes), en cachant sous leurs vestes, leurs
demandes d’emploi et CV, comme candidats Premier Ministre, Vice-Premier
Ministre, Ministre ou Vice-Ministre. Et, selon certaines indiscrétions du cabinet
Mulunda, il y avait des candidats administrateurs de l’ANR et DGM… Pourtant, au
sortir de leur demande d’emploi chez Mwando, on ne lisait sur leur réaction que
le retour à la légalité, à la résorption de la grande crise et que pour les
uns, le candidat naturel devait sortir de l’UDPS. Or, c’est depuis 35 ans qu’Etienne
Tshisekedi contourne ce genre de miroir des magiciens noirs et blancs.
La Pros : votre réaction face à la CENI et à
l’UE ?
JCV : Avec le dernier rapport de l’Union
européenne sur le discrédit des élections au Congo, quand bien même cette
institution vient de confirmer ce que la véritable opposition congolaise disait
au lendemain des élections, eux qui ont soutenu à bras-le-corps le Bureau de la
CENI se retrouvent, gros comme gens, par ce dernier rapport. C’est la goutte
d’eau qui fait déborder le vase. Que les 7 membres de la CENI puissent donner
leur démission et qu’ils soient poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat,
au risque grave de la sécession de notre pays. C’est non sans raison. Nous
avons vu les membres de la CENI violer la loi électorale, en allant se faire
des caporaux en chef dans le CLCR à la Fikin. Mais, comme ils n’ont pas le sens
élevé de la démission, une motion incidentielle de l’Assemblée Nationale mettra
fin à leur turpitude.
La Pros : Quid des élections provinciales ?
JCV : Il faut dire que les autorités
congolaises doivent cesser de violer en permanence la Constitution et la loi
électorale. Dès lors que les Gouverneurs, élus Députés nationaux, ont préféré
démissionner, la loi électorale prévoit l’organisation des élections endéans 45
jours. Nous croyons qu’après le Bandundu, ce sera le tour des autres provinces
de la République d’emboîter les pas. Surtout avec la mise en œuvre de 26
provinces de la République, les élections provinciales doivent revêtir cette
nouvelle donne à travers ces 26 provinces. Propos recueillis par Ghislain
Lubula
La Pros.
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