La classe politique sous le scanneur de Pili-Pili
Pili-Pili n°101 du mercredi 12 Janvier 2011
La classe politique sous le scanneur de Pili-Pili
1. L’Occident a colonisé l’Afrique sur des choses inhumaines. Les dieux le savent. L’Occident aussi.
2. L’Occident est responsable de la misère économique actuelle de l’Afrique noire. Les dieux le savent. L’Occident aussi.
3. L’Occident soutient le régime minoritaire et injuste des racistes Boers qui maltraitent les Noirs d’Afrique du Sud. Tout le monde le sait. Les dieux aussi.
4. L’Occident a tracé en Afrique les frontières insensées qui continuent à faire couler le sang africain. Les dieux le savent l’Occident aussi.
5. Les crimes de l’Occident en Afrique sont bien connus en Occident et dans le monde divin. Aussi l’Occident a-t-il une grosse dette vis-à-vis de l’Afrique Noire. S’il refuse de la compenser, les lois de la Justice Divine finiront un jour par agir impitoyablement. L’économie du monde occidental ne se stabilisera plus jamais, aussi longtemps que le peuple négro-africain, victime de l’Occident, continuera à pleurer sous le joug de la misère cultivée par les hommes de l’Occident en Afrique. La meilleure façon pour l’Occident de compenser ses crimes en Afrique est de soutenir ceux qui, en Afrique travaillent réellement au salut et à la renaissance d’une Afrique authentique.
6. Voilà un grand avertissement, mais il parait que la voix de la douceur n’a pas d’effet sur le cœur endurci de l’impérialisme occidental, qui n’entend que la voix de la violence et de la douleur. Alors qui vivra verra ».
Devenu le chef spirituel en 1986, Ne Muanda fait connaitre ce mouvement mystico-pourritique à Kinshasa et dans le Bas-Congo. Il définit le Bundu dia Kongo (BDK) comme une école spirituelle, une académie des sciences et un centre de formation morale et spirituelle des futurs dirigeants pourritiques de l’Afrique et du monde, fondé sur une vision globale, holistique du Congo, de l’Afrique et du Monde ; son but est de susciter/provoquer en Afrique d’abord une profonde renaissance scientifique (haute technologie) et une renaissance politique éclairée, basée sur la reconnaissance des plus hautes lois de l’univers, sur la justice divine et œuvrant pour le plus grand nombre). Si le mouvement s’assigne une mission mondiale, Ne Muanda affirme pourtant qu’avant de se lancer à l’extérieur, il veut contribuer à remettre en ordre le Kongo Central (Bas Congo), le « Kongo dianene » (le grand Congo), l’Afrique centrale, puis toute l’Afrique. Aussi reclame-t-il d’abord la (ré) création d’un Etat Kongo, dont il est le messie, et la restauration de l’ancien royaume du Kongo.
Le mouvement provoque ; chaque fois qu’il se manifeste, avec ses maigres troupes et de pauvres armes, une dure répression : déjà en 1998 à Kinshasa, en juillet 2002 dans plusieurs villes du Bas-Congo, puis en janvier 2005. Le 30 Juin 2006, Ne Muanda a été élu député national « indépendant » dans le territoire de Luozi. Début février 2007, après son échec au vice-gouverne-aux rats du Bas-Congo, il y eut de violents affrontements : 134 tués selon la mONUC. Ne Muanda a vu dans la planification des élections un « plan diabolique » concocté par la troïka occidentale « Etats-Unis, France, Belgique), une « vaste tricherie » visant à maintenir au pouvoir « certaines personnes douteuses » (de « nationalité douteuse » doit-on sans doute comprendre). Mais Bundu dia Kongo a des préoccupations qui débordent largement la question des élections. Kanda Madingu Batona, un adepte du mouvement, explique dans un texte que Bdk n’est pas un parti mais un « groupe de travail, de recherche et de réflexion politique » qui se donne pour finalités une « remise en ordre de l’espace géopolitique africain désorganisé par les Occidentaux » et la conquête par les Africains d’une « indépendance spirituelle » en même temps que politique et économique. Le mouvement, précise cet adepte, n’a rien à avoir avec l’affaire « de triste mémoire » du « Royaume Kongo » qu’un certain Mizele, à la tête d’une maigre troupe, avait entrepris de restaurer en 1998. Il reste que Bundu dia Kongo, qui prône dans le cadre d’une confédération congolaise la création d’une vaste province du Kongo-Central, est comme l’était le mouvement de mizele – une manifestation du nationalisme Kongo et du sentiment de marginalisation politique qu’éprouvent bon nombre de Bakongo (de « ne kongo »). On ne peut juger de l’implantation du mouvement, mais, victime d’une répression d’autant plus disproportionnée qu’il parait être demeuré pacifique, il a bénéficié de la sympathie des personnalités politiques du Bas-Congo. Encore à la fin de 2007 et au premier semestre 2008, il semble essaimer dans les territoires de Luozi et de Seke Banza, imposant ses règles dans les écoles, les églises locales et autres lieux publics. A la fin février et début mars 2008, le gouvernement a décidé le retrait de l’agrément accordé par le ministère des Affaires Sociales à l’Asbl BDK, et interdit ainsi officiellement à ce mouvement politico-religieux d’exercer en RDC. Mais un député originaire du Bas-Congo, J-C. Vuemba, a prévenu le Parlement : « Tout Ne Kongo s’identifie au BDK à travers les frustrations dont est victimes cette province, (…) et une religion n’est jamais aussi forte que quand elle est dans la clandestinité ».
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