La Majorité entre dans l’Histoire

Le Soft International n°1096 du vendredi 01 Avril 2011

La Majorité entre dans l'Histoire

UN MOMENT HISTORIQUE

C'est dans ce décor que se tient en principe ce week-end la dernière séance des débats du Comité Politique de l'Alliance de la Majorité Présidentielle. Ouverte au tout début du mois, le 9 Mars dans le village de Kingakati dans la banlieue Est de la Capitale où le Président de la République expérimente des espèces vivrières, l'importante réunion de l'organe dirigeant de l'Amp s'est transformée en conclave. Trois semaines auront été nécessaires à la trentaine de Cardinaux – comme aime à les appeler affectueusement Louis Koyagialo Ngbase Te Gerengbo qui fait office de secrétaire exécutif de l'Alliance – pour tester dans l'opinion le nouveau joujou. Des échanges francs ont eu lieu depuis au sein et en dehors de la famille politique du Chef de l'Etat. Des interrogations voire des inquiétudes se sont exprimées. Tel a estimé publiquement devoir se référer à ses instances nationales avant d'aviser ! Tel autre voyant venir l'inéluctable boulet a prudemment choisi de se mettre hors  du tsunami. L'Alliance de la Majorité Présidentielle a pris acte en décidant d'arrêter les frais d'un couple sans issue et contre nature.

C'est précisément l'ambition du nouveau joujou, la Majorité Présidentielle en abrégé MP : régler les fondamentaux de ce projet d'aujourd'hui et de demain, garantir la nécessaire cohésion en assurant l'originalité et la diversité de chacun des membres, reconnaissant Joseph Kabila Kabange comme l'élément central et fédérateur grâce à qui l'Alliance défunte a survécu end épit des soubresauts qui étaient légion. En clair : fixer les objectifs partagés qui sont autant de valeurs à promouvoir : patriotisme, unité nationale, intégrité du territoire national, promotion et défense des droits de l'homme, bonne gouvernance, lutte contre la pauvreté, justice distributive, méritocratie, consolidation de la démocratie. Ainsi, la MP peut naître.

En clair, si on ne eut être d'accord sur tout dans un pays qui compte 400 tribus qui sont autant de cultures à préserver fortement et qui sont jalouses chacune de son historicité et de sa grandeur, au moins que l'on puisse s'accorder sur des points qui constituent l'essentiel afin de pouvoir poursuivre ensemble le chemin. Voici le plus beau moment pour la Majorité Présidentielle. Le moment d'Histoire en Capitales. Lors de la révision constitutionnelle de Janvier 2011, la famille politique du Chef de l'Etat s'est présentée une et unie, soudée. Le projet est de consolider l'architecture pour que la majorité reste la majorité, qu'elle aille aux joutes électorales annoncées dopée, donc sûre de gagner dans la plus grande clarté et sans la moindre contestation de qui que ce soit… La MP doit recevoir mission de mettre toutes les chances de son côté en redonnant aux troupes le moral d'acier qui a parfois fait défaut.

Mais, dans un monde aussi instable et instabilisé, comment savoir de quoi demain sera fait. Le retour du gendarme occidental met la Terre dans une zone de tempête où seuls le cas de la Côte d'Ivoire avec la relation sud-africaine montre les limites d'un nationalisme irrédentiste. Alors qu'on pensait Jacob Zuma aux côtés de l'ami, longtemps solide allié depuis les années de lutte de l'ANC, la visite à Paris du Président sud-africain a scellé le sort du camp pro-Gbagbo. Que dire de Moubarak – le Grand Pharaon – lâché très vite et sans ménagement par l'Occident auquel il était si attaché, quand l'heure a sonné !

Au fond, désormais, l'Occident agit moins par affrontement que par encerclement et étouffement. Il vous retire tout appui diplomatique, puis financier. Il vous gèle vos avoirs. Il noyaute vos proches en les faisant passer dans son camp. Il vous étrangle dans votre petit paradis. Il vous reste à expirer.

LAISSER FAIRE, LAISSER DIRE.

Ténor institutionnel, le Député ex-MLC frais et émoulu tshisekediste Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng (Kasaï Occidental) est le premier à avoir rejoint publiquement le célèbre opposant non institutionnel, Etienne Tshisekedi. Le Député MPCR (Bas-Congo) Jean Claude Vuemba n'en a jamais été aussi loin bien qu'il s'en réclame. Son discours reste celui d'identification, de clarification, de désignation consensuelle. Sesanga veut se placer dans l'air du temps…

Cet air du temps vers qui tous convergent dans le plus total cafouillage. Ainsi en est-il de cette date soudain ressuscitée et désormais forte en symbole : le 24 Avril, date de la… libération du peuple congolais de la dictature qui serait fêtée au 20 Mai ! Depuis quand cette date fait-elle recette ? L'annonce de la démocratisation du pays par le Léopard poussé par la Perestroïka et la Glasnost serait-elle récupérée par ses opposants historiques ? Certes, la politique c'est savoir ouvrir des fenêtres d'opportunités. De ce point de vue, on ne saurait faire de reproche à quiconque, ni à Tshisekedi, ni à ses tentacules – Tshisekedi for Président, Dynamique Tshisekedi Président… Outre de sa coalition d'opposition qui suggère ses faits et gestes, le gère et le porte. Au camp présidentiel de savoir lire ces signes et comprendre le jeu et l'enjeu.

Ce stade du 20 Mai rebaptisé Tata Raphaël désormais propriété du clergé catholique en a vu tant ! C'est dans ces environs qu'à la veille de l'indépendance tout est parti. Le stade d'où sont partis le 28 septembre 2009 – à la suite d'un meeting du même type – les événements de Conakry qui auraient fait 157 morts selon des ONG, des milliers de blessés et des viols massifs de femmes. Nul n'a jamais su qui a été à la base de ces événements, ni qui a fait le premier coup de feu. Mais les dépêches des chancelleries, répercutées et amplifiées par la presse ont eu raison du capitaine Moussa Dadis Camara, le Président du Conseil National pour la démocratie et el développement, CNDD. Tous faisaient état de boucherie. On a entendu des déclarations d'opposants. Comment démêler l'écheveau ?

Comment faire la part du vrai et du faux ? Selon l'histoire le dira un jour. Comme elle s'est mise à parler sur Lumumba, en attendant qu'elle nous en dise un peu plus sur le massacre du campus universitaire de Lubumbashi… qui scella le sort du régime Mobutu.

On l'oublie parfois mais dans le monde d'aujourd'hui, on a peu besoin de ce qui existe, on a besoin de ce qui apparait. La réalité vraie, on n'en a cure. Seule compte l'image que chacun de nous renvoie. Il faut plus que jamais que le dirigeant d'aujourd'hui renvoie dans l'opinion l'image de dirigeant moderne…

C'est ce qui a tenté l'ex-Député du MLC ayant désormais coupé les amarres avec son chef JP Bemba. Quoiqu'en pense son plus cordial rival François Mwamba Tshishimbi, il s'assure, lui, que le Chairman – sauf par impossible – ne sera pas de la partie en 2011. En comparant le régime Kabila au régime Mobutu, en estimant que le premier est pire que le second, le Député promoteur de l'ONG Envol et promoteur avec l'Amp de moult lois de la Législature qui prend fin, a voulu fortement prendre date. A-t-il senti le sol se dérober sous ses pieds ? Mais à force de courir…

Il va nous falloir attendre sa présence – comme celle de nombreux autres opposants – au meeting de Tata Raphaël. Dont la police républicaine doit sans atermoiement ouvrir pleines et entières portes et fenêtres en en prenant bien soin de faire appliquer les mesures requises en pareille circonstance. En laissant faire et en laissant dire qui veut. Que bien en fasse à qui veut. C'est la démocratie.

Quand la Majorité entre dans l'histoire et dans son âge adulte, il faut tenir les lois républicaines comme guide. Il faut éviter la provoc recherchée par d'aucuns. Mais qu'aucun ne vienne ce jour-là avec quelconque objet étal.

A Conakry, nul n'a jamais su qui a tiré le premier… C'est Moussa Dadis Camara et son régime qui en ont payé le prix le plus fort.

 

Tryphon KIN-KIEY MULUMBA



02/04/2011
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