JEAN CLAUDE VUEMBA : « Nous n’accepterons pas de perdre un seul millimètre de notre territoire »


JEAN CLAUDE VUEMBA : « Nous n'accepterons pas de perdre un seul millimètre de notre territoire »



L'Honorable Jean Claude VUEMBA et L'Honorable Président de l'Assemblée Nationale Vital KAMERHE

"Photo Gabin MUKE RT KAVKA"


Journal L'OBJECTIF N° 12 DU 12 MARS 2009

Président du MPCR, Jean Claude VUEMBA ne garde pas sa langue en poche lorsqu'il doit parler des sujets brûlants de l'actualité.

Dans un style direct et tranchant, l'élu de Kasangulu qui s'est confié à notre rédaction, s'est prononcé sur l'affaire Kamerhe. Mobutiste devant l'Eternel, l'ancien dirigeant du MPR France ne cautionne pas la démarche des membres de l'Alliance pour la Majorité Présidentielle. Sans être défaitiste, il admet tout de même que Kamerhe rende le tablier, question de se conformer à la position de sa famille politique. Mais, cela doit se faire devant la plénière, soutient le Ne Kongo qui ne pardonne pas le laxisme du gouvernement face à la question de l'occupation de deux territoires Congolais par l'armée angolaise.

L'OBJECTIF : l'Assemblée nationale vit la démission des membres du bureau. Comment analysez-vous cette situation ?

Jean Claude VUEMBA : c'est une crise majeure qui surgit depuis que nous sommes à l'assemblée nationale. J'imagine que certaines personnes veulent nous ramener à la quatrième république française. La république des partis. C'est grave. J'estime que quand on a été élu député national, on n'appartient plus à son parti. Dans le cas d'espèce, l'AMP par truchement de Koyagialo a fait savoir aux membres de l'AMP faisant partie du bureau qu'ils ne bénéficient plus de la confiance de leur base. Vous avez certainement pris connaissance de l'UDEMO de Nzanga Mobutu. Il a refusé cette manière abrupte de conduire le groupe AMP. Donc, il y a deux ou trois personnes de l'AMP qui décident sur le sort de sept honorables députés que nous avons élus. Je crois que c'est un précédent fâcheux. Plus grave encore, certains membres ont même envoyé les copies de leurs lettres de démission au Président de la République en ignorant le principe de la séparation des pouvoirs. Nous sommes effectivement au début du processus de la démocratie qui sera long et difficile. Mais, nous finirons par atterrir. Je pense logiquement que le Président Kamerhe va emboîter les pas aux autres membres du bureau.

Confirmez-vous la démission de Vital Kamerhe ?

C'est un secret de polichinelle. Le concerné l'a déjà annoncé à plusieurs députés qui l'ont vu. Il va démissionner le 15 mars parce qu'il n'a plus la confiance de son parti politique. Je crois que par élégance et par respect vis-à-vis des 500 députés que nous sommes, il va le faire à la plénière à l'ouverture de la session ordinaire.

Pourtant, l'AMP voudrait qu'il dépose avant l'ouverture de la session de mars…

Est-ce que Koyagialo est un élu du peuple ? C'est un député national ? Je souhaite que les gens qui se cachent derrière Koyagialo montrent leur nez et qu'ils disent réellement ce qu'ils veulent. Ils doivent savoir que Kamerhe n'a pas été élu que par l'AMP. L'opposition aussi a voté pour Kamerhe. Je crois que Kamerhe en tant qu'homme politique, sait qu'il n'a plus la confiance de son parti. Qu'on le laisse venir démissionner devant la plénière de l'assemblée nationale.

Pensez-vous qu'au cas où il démissionnait, demeurera-t-il député PPRD ou basculera-t-il dans l'Opposition ?

Je connais bien Vital Kamerhe. C'est un Kabiliste pur et dur. Il ne basculera jamais dans le camp de l'opposition. Kamerhe est un des plus proches de Joseph Kabila. Ils peuvent avoir des discordances par rapport à X ou Y. Mais, ce sont deux grands amis. Kamerhe restera toujours député et continuera à défendre l'honneur du PPRD et de l'AMP. Il ne passera jamais à l'opposition. Jamais…

Quels sont les scenarii qui pourraient se présenter au cas où la démission de Vital Kamerhe devenait effective ?

Je crois que le Président de la République prendra acte. Quand quelqu'un démissionne, il n'y a pas d'autre solution que de se plier à sa volonté quel que soit la position de son regroupement politique.

Qu'est-ce qui va arriver face à ce casus au regard du Règlement d'ordre intérieur de l'Assemblée nationale ?

Il s'agit ici d'une immixtion dans la marche d'une autre institution. Cela ne pouvait être prévu. C'est pour cela que Kamerhe a le droit et le devoir de venir présenter sa démission devant ses électeurs à l'assemblée nationale.

Et si la plénière s'opposait à son départ ?

Non, Je crois que l'AMP est majoritaire. Tout est mis en place pour que Kamerhe parte. Je pense d'ailleurs que lui-même est un homme respectueux.

Vous avez de l'admiration pour lui ?

Mais, il a été mon président pendant trois ans. J'ai appris à l'approcher et à le connaître. Je n'oublie pas qu'il est celui qui nous a sortis de la grande crise « Bundu dia Kongo » par rapport aux « va-t-en guerre » qui voulaient des solutions extrémistes.

Vous êtes élu du Bas-Conog. Pourriez-vous nous expliquer ce qui s'est réellement passé dans deux villages ?

L'armée angolaise a pénétré dans deux villages du Bas-Congo il y a dix jours. Il y avait deux hélicoptères de l'armée angolaise qui couvraient les troupes à terre. Ils sont entrés dans Sava Ina et à Kuzi où ils ont éparpillés plus de 1.200 personnes dans la forêt. Ils ont brûlé le drapeau congolais et ont installé celui de l'Angola.

Quelles sont leurs motivations ?

Ils soutiennent que c'est une partie de leur territoire. En 1986, les troupes de l'UNITA avaient tenté de faire la même chose, mais nous avions une armée puissante à l'époque. Les blindés du général SOMAO les avaient boutés dehors. Mais maintenant que notre armée est en phase de reconstruction, il sera difficile de les faire partir de là.

Les Angolais ont-ils des arguments à même de faire prévaloir leur thèse ?

Non, ils n'en ont pas. Mais, ils se rendent compte que le Rwanda et l'Ouganda viennent d'être servis à l'Est du pays. Eux aussi doivent montrer leurs biceps. La province du Bas-Congo ne doit pas être le dindon de la farce des armées rwandaises et ougandaises. C'est là où nous disons qu'il y a injustice à l'Ouest et la justice à l'Est. Là où des milliers des gens meurent, le gouvernement va s'excuser auprès de Nkundabatware et Bosco Ntanganda. C'est un fâcheux précédent.

En votre qualité de député national, qu'est-ce vous entendez faire pour décanter cette situation ?

Le Ministre des Affaires étrangères Tambwe Mwamba a pipé mot ! Le Ministre le plus prolixe Lambert Mende a pipé mot ! Quelle honte ! Le gouvernement central ne s'exprime pas sur le sujet. Une armée étrangère qui rentre dans votre pays, le gouvernement central se tait et devient muet. Où allons-nous ? IL n'y a qu'un menu fretin qui vient pour expliquer la situation en usant des mensonges. Il y a eu beaucoup des services corporels, des exactions, des viols. Devons-nous abandonner notre population parce qu'une armée angolaise avait aidé Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila à rester au pouvoir au Congo-Kinshasa ?

Et concrètement ?

Nous attendons d'abord la réaction du gouvernement congolais. Mais, je lance un appel à la population du Bas-Congo. Nous n'accepterons sous quelques prétextes de perdre un seul millimètre de notre territoire.

Ne pensez-vous pas qu'il faille finalement retracer les frontières héritées de la colonisation ?

Ce que je ne peux pas comprendre, le Congo est indépendant depuis 1960 et l'Angola depuis 1975. Les colonisateurs portugais n'avaient jamais déclaré cette zone comme appartenant à l'Angola. Il n'y a qu'en 1986 que les troupes de l'UNITA ont tenté de prendre cette partie, mais ils avaient buté face aux blindés basés à Mbanza-Ngungu. Maintenant que nous n'avons que nos yeux pour pleurer, que voulez vous que nous fassions ?

La RDC a donc perdu ces deux villages ?

Nous n'avons pas encore perdu. Nous disons tout simplement que nous avons un exécutif qui doit appendre à bien faire son travail.

Quel commentaire faites-vous après la victoire des léopards à Abidjan ?

Vous savez que lorsque les Léopards avaient gagné la coupe « Moseka » en 1974, il n'y avait que des joueurs locaux. Le véritable championnat d'Afrique, c'est celui qui vient de se dérouler à Abidjan. Je félicite Mutubile Santos et tous ses joueurs parce que ce qu'ils viennent de faire, c'est quelque chose d'extraordinaire. Toute la patrie leur sera reconnaissante. J'espère qu'on va aussi leur construire une cité comme le Maréchal Mobutu avait fait en 1974. Mais, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on ait décrété une journée chômée à cause de cette victoire. On aurait dû laisser les gens aller travailler surtout quand on sait que notre pays est parmi ceux qui travaillent le moins.

Quelle réflexion faites-vous à l'occasion de la célébration de la journée internationale de la femme ?

J'ai beaucoup pensé à ma mère et à toutes les mamans qui ont beaucoup souffert pour nous. Je veux dire merci à ma maman et je dédie la chanson « maman » de Papa Wemba à toutes les mamans du Congo.


                             Propos recueillis par Arthur Serge M.  


12/03/2009
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