L’opposition rendue plus puissante par le pouvoir
Congo Nouveau n°149 du lundi 10 Janvier 2011,
Quid des bavures du Grand Hôtel de Kinshasa
L’opposition rendue plus
puissante par le pouvoir
Après le rendez-vous manqué du complexe commercial GB de Kintambo, l’opposition n’a quand même pas réussi à se réunir le dimanche 9 Janvier dernier au salon Congo du grand Hôtel de Kinshasa. Où une marée humaine attendait de pied ferme la déclaration politique qui devrait être prononcée en cette période combien tumultueuse sur le plan politique. La non-tenue de ce rendez-vous est à attribuer aux injonctions venues du sommet de l’Etat Joseph Kabila Kabange, a indiqué le Mlc François Mwamba.
Incident majeurs
Prévue pour 12 heures, le comité d’organisation avait en bonne et due forme loué le salon Congo au coût de 4.950 dollars Us pour une période allant de 12heures à 19heures et que l’autorisation de s’y réunir était bel et bien obtenue à l’Hôtel de Ville de Kinshasa.
Aux alentours de 11heures il a été observé que les portes du salon Congo restaient fermées. C’est vers 13heures 30 que va intervenir la coupure du courant au Grand Hôtel Kinshasa. Lequel courant ne sera jamais rétabli jusqu’après la dispersion de la marée humaine qui avait pris l’assaut ce site touristique de portée internationale.
C’est vers 14 heures que le leader maximo de l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi wa Mulumba fera sa descente sur les lieux pour constater l’impossibilité manifeste de tenir la réunion dans cette chaleur ardente qui régnait dans la salle. D’emblée, la foule qui était à l’extérieur va s’empresser à prendre place dans la salle. Du coup, à la suite de quelques obstacles dont on n’a pas vraiment pu définir l’origine, l’entrée à la réception sera obstruée jusqu’à provoquer la cassure des vitres ayant occasionné des blessures de bien des personnes dans la foule. C’est alors que le comité d’organisation va décider du report de la rencontre.
Dans les rangs des acteurs de l’opposition, la non-tenue de cette rencontre serait l’œuvre de la sommité de la République qui aurait donné injonctions au gérant de ce site touristique de concert aux responsables de la SNEL de tout faire pour empêcher stratégiquement cette réunion.
Des propos recueillis Alexis Mutanda : « Il faut fédérer tous les Congolais »,
Pour le Secrétaire Général de l’UDPS, le chef de l’Etat, Président de la République est une personne qui doit représenter la grande majorité de la population. Un Président de la République qui est élu avec 10,15 ou 20% n’est pas celui qui peut diriger. Je ne vois pas les 80 millions de personnes dans notre pays accepter une telle possibilité.
François Mwamba (Sg/Mlc) : En violation de l’article 26 de la Constitution, la dérive dictatoriale s’est implantée.
Nous sommes à l’extérieur et non pas à l’intérieur de l’Hôtel. Nous avons payé 4.950 dollars Us à cet Hôtel pour pouvoir disposer entre midi et 19heures de la salle. Sur décision du Président de la République, Joseph Kabila, l’Hôtel a fermé cette salle à l’accès de l’opposition. Pour justifier cela, ils ont commencé par nous dire que « vous n’êtes pas en règle ». Nous avons dû produire des preuves de paiement des 4.950 dollars dont je parlais. Nous avons prouvé également que non seulement que nous avions écrit à l’Hôtel de ville, qu’il nous a répondu. Le Gouverneur de la Ville Kimbuta azali muana mboka. Parce que dans cette affaire, ce n’est pas lui. Il a reconnu, prenant acte que cette manifestation là, dans un milieu fermé ne pouvait pas être interdite. Nous sommes à l’extérieur par la volonté du Chef de l’Etat qui ne veut pas que l’opposition puisse s’exprimer. Ceci est extrêmement grave et ça renforce notre position à toute tentative de la modification de la Constitution. Quand vous regardez notre Constitution en son article 26, les manifestations sont garanties à chaque citoyen et à chaque groupe des citoyens dans ce pays. Il y a là, une violation manifeste de l’article 26 et vous voyez bien que si nous ne luttons pas, si nous ne résistons pas comme nous le faisons ici à l’extérieur sous le soleil, ce n’est pas d’une dérive dictatoriale dont le Congo va souffrir. Il va falloir constater comme nous le constatons que cette dictature est déjà là. Maintenant, avec l’aide de vous tous, avec l’aide du peuple congolais, « Noël prochain, mbonguana ezala. Bango babimi biso to koti » (NDLR : A la Noël prochaine, eux vont sortir pendant que nous, nous allons prendre le pouvoir).
Moïse Nyarugabo (Rcd) : « Non à la dérive »
Je ne sais pas s’il faut parler en termes d’alliances. Mais tous ceux qui sont normaux, tous ceux qui se soucient encore de l’avenir de ce pays, tous ceux qui se préoccupent de notre peuple par rapport à la marche de la démocratie, ne peuvent que se retrouver pour dire non à cette dérive. Je pense que c’est un instinct de survie. C’est parce que tous, nous comprenons. Il n’y a pas de doute qu’il y a une manœuvre qui se prépare. C’est une manœuvre qui malheureusement est cousue au fil blanc. Il n’y a pas de secret. Même un tout petit enfant sait qu’il y a une fausse manœuvre. C’est la peur qui a changé de camp. Ceux qui se targuaient gagner les élections au premier tour ne savent plus tenir leurs propres engagements et ils essaient de trouver une formule. Tout le monde sait que là où on nous emmène il y a un trou et tout le monde se dit qu’il faut faire quelque chose pour ne pas tomber dans le gouffre. C’est seulement ça.
Cette action a la chance. La preuve c’est que, une salle payée avec nos cotisations dans les partis, vous voyez ce que l’on a fait. On coupe intentionnellement du courant pendant que dans tout le quartier il y a du courant. Ils ne sont pas surs de ce qu’ils font. Ils ne sont pas convaincus. Je le dirais toujours, même à la majorité on n’est pas convaincu. Députés et Sénateurs ne sont pas convaincus, ils n’ont pas été consultés. C’est pour cela qu’on doit les pousser avec de l’argent. Si la majorité était convaincue, ça ne devrait se faire normalement. Ca irait de soi. D’abord, ça aurait été conçu normalement dans le temps non suspect. On déposerait la proposition dans les délais normaux et ça suivrait la procédure normale. A Kingakati, ils n’ont jamais décidé de cela. Nous avons des amis dans la majorité. Ils se sont réunis à Boboto où ils se sont séparés en queue de poisson. Après qu’ils se soient séparés, l’ordre est venu de je ne sais d’où pour dire « allez forcez la chose et donnez de l’argent » ceux qui ont touché cet argent, je crois qu’ils ont du mépris. Car je crois qu’on pouvait les consulter. Ils pouvaient se réunir vite pour discuter de la voie qu’il faut suivre et en ce moment là donc, ils suivraient la procédure. Mais pourquoi ils doivent utiliser toutes ces manœuvres jusqu’à nous empêcher de parler. C’est parce qu’ils ne sont pas convaincus. Même les députés et sénateurs de la majorité ne sont pas du tout d’accord. Ils n’ont pas le courage de dire ça ouvertement. Si le vote était secret, ce projet ne pouvait pas passer. Nous allons utiliser tous les moyens, tous les arguments pour empêcher que cela ne passe pas. Toutefois, s’ils veulent utiliser d’autres moyens dont le forcing, ils assumeront toutes les responsabilités. Et devant l’opinion, nous devons prévenir que la majorité assumera la responsabilité de ce genre de mauvaise décision qu’ils veulent prendre. Parce qu’il y a deux semaines que la majorité a déposé une proposition de révision à l’Assemblée Nationale. Et dans laquelle on devrait réviser l’article faisant état de deux tours. La durée proposée entre les deux tours est portée de 15 jours à deux mois. On veut nous faire avaler qu’il n’y a pas d’argent pour organiser le deuxième tour. Et cet argent qu’on utilise pour corrompre les gens, on devrait le mettre dans la caisse des élections.
Jean Claude VUEMBA (MPCR) : l’opposition est unie pour 2011
Nous pouvons tout simplement dire ceci : « l’opposition sera unie pour 2011. Au pouvoir, nous disons que l’opposition est unie. Il y aura un programme commun d’alternance pour 2011. Après cela, le leadership sortira de lui-même. Et pour l’instant, celui qui n’est pas avec nous serait contre nous.
Justin Bitakwiri : Nous allons occasionner une mort subite à ceux qui soutiennent un seul tour
On est bloqué physiquement. Mais moralement, nous sommes débloqués. On comprend que ce pays revient 20 ans en arrière. C’est que le vent fait peur, on doit s’éclipser quelque part. Mais moi j’ai un seul avis à émettre : il faut que les Congolais sachent qu’ils n’ont pas un autre pays à part celui-ci. Autant nous avons une mère, autant nous avons une seule patrie. Et que personne ne prétende s’arroger qu’il est né entre ses mains avec un certificat d’enregistrement de ce pays. Et que nous sommes devenus des locataires, il va retirer le contrat quand il voudra et peut nous envoyer à Brazzaville, au Rwanda, au Burundi quand il voudra jusqu’à nous empêcher de pouvoir nous exprimer, de cette façon, on comprend bien le visage du pouvoir. Il est quadrillé l’ancien pouvoir. Les mêmes têtes, les mêmes ténors et les mêmes voix. C’est tout à fait normal qu’on recourt aux mêmes méthodes et aux mêmes stratégies. Etant du Parti congolais pour la bonne gouvernance à l’Assemblée Nationale. Mon parti a milité et nous sommes des alliés surs de l’UNC et le moment venu, nous annonceront nos vraies couleurs. Il n’y a pas de réserve. Il faut d’abord qu’on vous enlève la peur qui vous a habité pendant des années. Et d’ailleurs, nous pensons qu’une fois unis, nous allons leur occasionner une mort subite.
Hubert Efole (Rcd) : On ne peut fabriquer un Président sur base d’ethnie ni de tribu
C’est quand même ahurissant de voir pareilles choses. Aujourd’hui si l’on fait une élection à un tour. C'est-à-dire, comme le microcosme politique de notre pays se présente, on voudrait réduire les candidats à avoir qui son ethnie, qui sa tribu pour voir quelle est la tribu qui une plus importante démographie pour avoir un président élu à 12% de la population congolaise. Faisant semblant d’ignorer que cela pourrait engendrer plus de troubles que si les élections sont à deux tours. C'est-à-dire que s’il y a nécessairement des coalitions en termes des partis politiques et même en termes de tribu. Que ce soit ici ou ailleurs, l’on pense que ce message passera et on ne le dira jamais assez et l’on doit dire que cette voie là n’est pas celle que le Congo doit suivre, car ça sera vraiment faire marche arrière.
Daudet Luzayamo et Guylain Makusu