Les résultats de la CENI ne sont pas conformes à la vérité ni à la justice
Cardinal Laurent MOSENGWO PASINYA
Le Phare n°4223 du mardi 13 Décembre 2011
Le Cardinal Monsengwo reste catégorique sur la présidentielle
du 28 novembre 2011
Les résultats
de la CENI ne sont pas conformes à la vérité ni à la justice
“A l’analyse des
résultats rendus publics par la CENI ce vendredi 09 décembre 2011, il y a lieu
réellement de conclure que ces résultats ne sont pas conformes à la vérité ni à
la justice “. Cette affirmation est de l’Archevêque métropolitain de Kinshasa,
Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya. En effet, hier lundi 12 décembre 2011, à l’Archevêché
de Kinshasa dans la commune de Limete, Il a fait une déclaration sur les
élections présidentielles qui se sont tenues le 28 novembre dernier sur
l’ensemble du territoire national de la RDC. A cette occasion, il a accueilli
les journalistes et d’autres invités dans une des salles de l’Archevêché,
attenante à ses appartements. Vêtu d’une soutane blanche bordée d’un ruban
rouge vermeil, il est sorti par la porte du fond de la salle et s’est
immédiatement mis sur la table lui réservée. Il a pris la parole, après une ou
deux minutes de méditation, pour présenter a déclaration.
Cette déclaration, il l’a présentée comme une suite logique
de l’appel lancé, le 04 décembre 2011, par la Conférence épiscopale nationale
du Congo (CENCO) et lui-même lors d’une conférence de presse à l’Eglise Sainte
Anne pour que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclame
impérativement des résultats conformes à la vérité des urnes. Aussi bien dans
sa déclaration reproduite ici que lors du débat qui s’en est suivi, le Prélat
catholique a dit avoir des difficultés à comprendre les graves erreurs que la
CENI a commises dans son travail et dans la publication des résultats
provisoires transmis à la Cour Suprême de Justice.
Il a d’ailleurs rappelé que l’Ambassade de la RDC à Bruxelles s’était permise
d’affirmer sur son site que la CENCO était d’accord avec les résultats publiés
par la CENI. Cela est faux et le Cardinal L. Monsengwo a souligné que la CENCO
a contredit cette affirmation.
Appel aux contestataires à interjeter
appel
Pour appuyer ses propos, il a donné un exemple frappant :
comment comprendre que le 06 décembre, Monsieur Tshisekedi qui avait 5.927.728
voix sur 17.329.137 suffrages exprimés, ait le 9 décembre 5.863.745 voix sur
18.144.154 suffrages ? Il perd par conséquent 64.000 voix alors qu’on venait
d’ajouter 34.000 bureaux. De tels cas, précise le Cardinal L. Monsengwo,
exigent d’être corrigés. Pour lui, rien n’est encore perdu car ces résultats
sont provisoires ils ne seront confirmés – après vérification et correction
éventuelles – que par la Cour Suprême de Justice. Pour permettre une telle
correction, il a lancé un appel aux contestataires pour interjeter appel afin
de recourir aux voies de droit et de ne pas se livrer à la violence. Il a estimé
que c’était trop le nombre de dix-huit morts congolais, enregistrés pour ces
élections.
Conscient de son rôle de pasteur qui doit essayer de favoriser, même à contre
courant, la paix et la justice, Cardinal Laurent Monsengwo P. a dit avoir tenté
de converser avec le Président de la République, Joseph Kabila par téléphone.
Il lui a posé la question de savoir s’il se sentait à l’aise avec ces
résultats. En réponse, une personne qui se trouvait à côté du Président et qui
transmettait ses répliques, a répondu par une autre question - de la part du
Président Joseph Kabila - en demandant au Cardinal L. Monsengwo s’il était à
l’aise avec Etienne Tshisekedi qui s’autoproclame président et qui ne respecte
pas les institutions de la République. Et Cardinal L. Monsengwo de répondre
qu’il n’était pas d’accord avec le point de vue de Monsieur Tshisekedi tout en
faisant remarquer à son interlocuteur qu’il n’avait toujours pas répondu à sa
question. Malheureusement, ce dialogue des sourds s’est arrêté là.
Article 64 de la Constitution : faire échec à la prise du
pouvoir par la force
Pour le rétablissement de la vérité, l’interjection est nécessaire sinon –
relève encore le Cardinal congolais toutes les démarches par voie légale seront
bloquées. A la question d’un journaliste qui lui a demandé la possibilité
d’appeler les Congolais à appliquer l’article 64 de la Constitution de notre
pays qui stipule: “Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou
groupe d’individu qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en
violation des dispositions de la présente Constitution “, le Cardinal L.
Monsengwo a d’abord souligné que lui-même, était parmi les géniteurs de cette
disposition datant de la Constitution de la CNS (Conférence Nationale
Souveraine). Toutefois, il a tenu à insister sur le fait qu’en sa qualité de
pasteur, il ne peut souffrir de voir d’autres Congolais tués à cause de la
violence ce qui arrive malheureusement lorsqu’on organise des manifestations de
protestations même pacifiques. Il a une fois de plus rappelé les 18 Congolais
tués dans ce processus électoral, ce qu’il’ n’accepte pas. Il dit privilégier
les négociations entre parties avec l’aide d’une médiation qui serait déjà à
l’oeuvre.
SAKAZ